La Plume d'Ellen Jeu de piste ou jeu de cœur ? L'union fait la force

L'union fait la force

(Clarisse Sillon de Picodon)



-Journal intime-


« Bravo Papé, tu as voulu nous en mettre plein la vue avec cette soirée et tu as réussi au-delà de toutes tes espérances. Peut-être même un peu trop ! C’est la première fois que je ne vois pas une telle soirée comme une punition mais plutôt comme le moyen de m’amuser. Et je dois reconnaître que l’attitude de ton ancien bras droit ne m’a pas déplu. Je ne l’avais jamais vu me regarder de la sorte, sans doute comme un homme regarde une femme.


Au début, je voulais juste l’impressionner mais quelque chose tout au fond de moi en a voulu plus… Pour la première fois de ma vie, j’ai eu le sentiment que mon existence dépendait de ce baiser… Mon cœur s’est subitement mis à taper à mille à l’heure, comme si mon propre organe avait décidé de prendre son envol… Je comprends qu’il ait pu paniquer ! Il ne faudrait surtout pas que je tombe amoureuse si ce sentiment existe vraiment. Mais ces battements d’ailes se sont fait sentir jusqu’à mon bas ventre… Là encore, si mon cœur décollait, il aurait été suivi par des milliers de papillons… Bah qu’est-ce que je raconte ? Qu’y avait-il dans ces burgers isérois pour que je délire sans même avoir bu une goutte d’alcool ?


Simonella avait peut-être raison quand elle m’a dit que je pouvais être une sérieuse rivale à cette conne de Rose-Marie… Mais d’abord en ai-je vraiment envie ? A quoi tout cela rimerait-il ? D’ailleurs en parlant de Simonella, elle m’a entendu quand j’ai pris conscience que personne ne gardait mes chiennes ! Les pompiers venaient de repartir avec la maman et son fiston ainsi que Justin qui les accompagnait. Pour ma part, je n’avais aucune envie de demeurer dans ce lieu, me sachant loin de mes fifilles. Aussi, quand j’ai vu ma pseudo coach se diriger vers l’entrée de la propriété, je l’ai rattrapée alors qu’elle montait dans un taxi. Sans même lui demander son avis, je me suis incrustée. Heureusement le chauffeur n’a pas mis longtemps avant d’arriver à destination car je trouvais qu’il régnait une de ces chaleurs dans cet habitacle…


Heureusement, quand nous avons réintégré le camping-car, j’ai pu constater que Mojita et Jilda étaient demeurées sages. Le temps pour moi de rapidement me changer avant de les sortir cinq minutes afin qu’elles se défoulent puis je leur ai donné leur pitance. Après avoir dit ma façon de penser à Simonella, je suis partie m’enfermer dans ma chambre. J’avais besoin de me confier sur cette journée de dingue. Non mais tu te rends compte ? Mallaury a accouché ! Comment est-ce possible ?


Décidément, bravo pour les apparences ! Il y a encore une semaine, je la prenais pour une sainte nitouche, une jeunette qui ne connaissait rien à l’amour et en quelques jours, il s’avère que c’est une chaudasse qui passe d’un mec à un autre sans même se protéger ? Mais qu’avait-elle en tête ? C’est Justin qui doit en avoir gros sur le cœur ! Je n’ai moi-même pas eu l’occasion de voir ce petit bout de chou mais Jadeline qui l’a aidé à naître m’a semblée traumatisée. Quand on y pense… comment les femmes peuvent-elles avoir la force de souffrir autant pour sortir de leurs entrailles un bébé de cette taille ?


De toute façon, je ne veux ni chéri, ni enfant… Rien, je suis une tigresse solitaire qui choisira seule comment elle veut vivre ou mourir… Tiens, la cloche du village vient de sonner trois heures. Déjà ? Il vaudrait mieux que j’arrête là et que je dorme quelques heures. Je sens que cette prochaine journée va être mouvementée. »






Deux jours se sont écoulés depuis la naissance du petit Gabin, Georges, Guillaume Talonye ! Quand j’ai appris que Mallaury avait donné en deuxième prénom, celui de mon Papé, cela m’a touché. Une fois nous être tous retrouvés, avec l’accord de Cyril, nous nous sommes déplacés jusqu’à la commune de Bourgoin Jallieu où ont été pris en charge la mère et l’enfant. Ainsi nous pouvons à tour de rôle aller les voir. Pour ma part, c’est prévu cet après-midi. Je suis à la fois contente et apeurée… Non pas que ce soit de me retrouver dans une maternité pleine de mamans et leurs nourrissons… quoi que… Non, je ne sais pas ce sera le premier bébé que j’approcherais.


Oui, je sais ce que vous devez penser mais moi je suis fille unique et les rares amis que j’avais quand j’étais enfant, l’étaient aussi. Comme je ne connais personne de ma famille à avoir été engrossé… Bref, la tigresse va se retrouver face à un agneau… Non, non, elle ne cherchera pas à lui sauter à la gorge mais ça va l’effrayer et elle ne demandera qu’à fuir au plus vite.



En tout cas, c’est ce que je croyais, jusqu’à ce que je pénètre dans cette chambre d’hôpital.




Je suis contente de trouver Mallaury plus en forme physiquement car le soir de son accouchement, je l’avais trouvée pâle et ne craignais qu’elle couve un microbe… Je ne sais pas si je peux considérer Gabin comme un microbe ! Par contre, je remarque de suite la tristesse qui l’habite.


– Ca ne va pas ?


– Je ne sais pas. J’ai l’impression que tout le monde me juge … et puis tu te rends compte… être mère à seulement dix-huit ans….


– Et alors ? Ce n’est que toi que cela regarde ! Et puis dans la génération de nos grands-parents, toutes les femmes avaient des enfants entre 18 et 20 ans. C’était tout à fait normal ! Au moins, toi, quand tu auras 40 ans, ton fils aura déjà pris son envol ! C’est mieux que ces enfants que les mamans ont eu juste avant la ménopause. Les pauvres, combien de temps auront-ils la chance de garder leurs parents ? Une vingtaine d’années ? Non, non, franchement que tu ai un enfant à cet âge ne me choque pas !


Oups, c’est moi qui me suis faite l’avocate du diable ? Merde alors je ne m’en serais pas crue capable !


– Par contre, ce qui m’a le plus surprise c’est que toi-même tu n’ai jamais su que tu étais enceinte.


– C’est vrai, je te le jure ! La preuve, j’avais encore mes règles il y a quinze jours…


– Et quand tu avais des rapports, tu ne sentais rien d’anormal non plus ?


– Ah c’est donc bien toi qui nous a surpris à la laverie ! Et bien non, tu vois. Je sais que ce jour-là, tu m’as mal jugée.


– Chacun fait ce qu’il veut. Tu vas me trouver une mentalité de vieille aigrie, mais le sexe ne m’intéresse pas. Et je ne comprends pas que tout le monde ne cherche qu’à prendre du plaisir physique. Ca ne fait pas tout. Pour moi, le plus important serait l’amitié. J’aurais aimé vivre à une époque où seuls les sentiments comptaient ! Comme le dit une chanson « s’aimer, c’est ce qu’il y a de plus beau au monde… »


– Roméo et Juliette ! s’écrit alors Mallaury.


Et nous rions toutes les deux. Finalement je crois que cette discussion nous aura permises de nous rapprocher à nouveau l’une de l’autre.



En même temps que je me penche sur le berceau de cet être si pur et innocent, je suis frappée par ses toutes petites menottes… Trop mignon ! Oh mon Dieu… je ne vais pas craquer pour ce futur gosse qui sera aussi braillard que les autres ! Et dès qu’il le pourra, il dira merde à sa mère !


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