La Plume d'Ellen Jeu de piste ou jeu de cœur ? Les décisions sont prises

Les décisions sont prises

(Cyril Jiguin)


Lundi 10 octobre 2016



Cela fait déjà trois jours que l’équipe est coincée dans ce coin d’Isère et il est temps qu’ils redémarrent. Aussi une fois n’est pas coutume, je les ai tous réunis dans leur camping-car, avec Mallaury en visiophone… Oui, oui, je sais, j’ai dû lui rendre son propre téléphone l’espace de quelques jours car j’estimais normal qu’elle prévienne ses amis et sa famille de la naissance de ce petit. Pour le père biologique, cela semble plus compliqué.


Quand j’entre, dans leur logis sur roues, je suis accueilli par Jilda et Mojita qui me sautent dessus en attente de caresses. Si je cherche des yeux leur maîtresse, celle-ci ne me regarde pas et semble même m’ignorer. Comme ils sont déjà tous installés autour de la table, je les rejoints donc.


– Bon, je ne vais pas tourner autour du pot. Comment voyez-vous la suite de cette aventure ?... Je veux bien sûr parler de Mallaury ?


Puis sans attendre leur réponse, j’appelle cette dernière via WhatsApp et bientôt tout le monde l’aperçoit sur le petit écran.


– Salut ! Ça va, vous deux ? On t’a dit quand vous devez sortir ?


– Bonjour à tous. Effectivement, on sort demain.


– Tout d’abord, on a une question primordiale à te poser : si tu avais le choix, souhaiterais-tu poursuivre cette aventure ou l’interrompre ?


– Euh… perso, je voudrais bien la poursuivre mais maintenant que j’ai Gabin… cela me parait compliqué !


– Déjà, comme toutes les mamans qui travaillent, tu bénéficieras de 16 semaines de congés maternité. Cela me semble évident. Tu ne reprendras donc pas avant mi-janvier 2017… Enfin si tu souhaites reprendre. Ton petit aura trois mois et ce sera déjà plus facile pour lui. Ensuite, comme vous l’a annoncé Georges Mulonier, pour Noël vous devriez avoir une surprise… Je ne vous en dis pas plus mais là encore, sans le savoir, il a résolu un problème d’hébergement !


Bien sûr, je suis conscient d’avoir attisé leur curiosité mais je n’en sauront pas davantage. En revanche, les frangins sont assez secrets en ce qui concerne leur famille. Pourtant il faut que l’on fasse le point s’ils ont quelqu’un qui pourrait héberger Mallaury et son petit pendant un trimestre.


– Côté famille, je sais que vous n’avez plus vos parents et il me semble qu’il n’y aient ni tantes, ni oncles… Plus éloignés, avez-vous des cousins ?


C’est Justin qui me répond par la négative. Ce dernier doit avoir pensé à la même chose que moi car il prend à nouveau la parole.


– Je pense que je vais moi aussi devoir arrêter cette aventure car ma pauvre frangine, elle ne peut pas demeurer toute seule avec mon neveu.


– Si je suis d’accord avec toi pour la fin de ta phrase, je pense que ce n’est pas la bonne solution que tu arrêtes toi aussi. Encore plus si Mallaury projette de revenir…


– J’en ai discuté avec ma mère, nous interrompt alors Jadeline. C’est elle-même qui, nous sachant occupés par notre tour de France, m’a proposé de les héberger tous les deux et d’en prendre soin jusqu’à ce que la mère et le fils nous rejoignent ou que nous abandonnions.


– Je ne veux pas embêter tes parents… d’autant que je ne les connais pas… cela serait étrange… vous ne trouvez pas ?


Devant son embarras, j’enchaîne aussitôt :

– Non, au contraire, je trouve ça bien. Je vais appeler Madame Micassan et voir avec elle. Ainsi, quand toi et ton petit serez plus en forme, si nous venons à passer à proximité, vous pourriez venir nous faire un petit coucou.


– Je remarque une chose, c’est que tous les prétextes sont bons pour ne pas faire du vélo. Tente Clarisse dans un trait d’humour.


Mallaury ayant retrouvé le sourire, va plus loin.

– Et quand je reviendrais avec vous, moi aussi, il me faudra une cariole derrière mon vélo pour transporter mon pti Gabin.


– Oui, c’est ça. Avoue que tu étais jalouse !


Voir les deux amies s’amuser de la situation a le don de détendre l’atmosphère. Tant mieux. Une fois raccroché, j’enchaine avec la mère de Jadeline qui se montre vraiment très gentille et accueillera avec joie ce duo. Je la soupçonne de vouloir jouer à la mamie de manière précoce.




Mais quand je sors du camping-car, je remarque aussitôt, la belle grosse voiture qui se gare à côté de la mienne. Honorine Sillon de Picodon en sort en furie, son mari à sa suite.


– Allez-vous nous expliquer ce qui se passe à la fin ? Après cette soirée désolante, nous apprenons que vous n’avez encore pas annulé cet horrible héritage ? Qu’attendez-vous ?


– Je suis au regret de vous annoncer que Mallaury reprendra du service dans seize semaines comme le lui permet le droit du travail. Quant aux autres, ils repartent dès demain. Maintenant dois-je vous rappeler que vous ne devez approcher votre fille que lorsque vous recevez une invitation ?


– Je ne comprends pas bien ce qui se passe en ce lieu clôt, ni comment une fille si jeune peut avoir eu un bébé. Enchaine d’un ton méprisant la daronne.


– Je vous signale qu’avant de se retrouver dans ce camping-car, chacun a eu une vie avant. C’est donc tout ce que j’ai à vous dire.


– Cela ne va pas se passer comme ça. Faîtes-moi confiance, je vais parvenir à annuler ce testament ! s’entête Madame Sillon de Picodon.


– Faîtes donc !


Puis feignant de l’ignorer je monte dans ma Duster. Toutefois, j’attends que cette dernière soit reparti pour vraiment partir à mon tour.




Décidément si j’avais su toutes les complications que ce petit jeu entrainerait, je me serais bien gardé d’accepter ma mission.


Mais quand j’entre dans la chambre de la maternité, je retrouve ce calme absolu à la vue du petit Gabin. Comme s’il cherchait à me charmer, car lorsque je me penche pour le regarder, il me sourit avec ses beaux yeux bleus. Ils dégagent tellement de tendresse et d’innocence. Mon Dieu que ce petit est craquant ! C’est un vrai rayon de soleil ! Mallaury a de la chance car en plus, il ne pleure pas beaucoup. J’en viens à me demander comment aurait été ma vie, si Rose-Marie était tombée enceinte par accident… Pourquoi une telle pensée ? C’est évident qu’elle aurait avorté sans même m’en parler.


Une fois de plus, Mallaury parvient toutefois à me prendre au dépourvu :


– Maître Jiguin, j’aurais quelque chose à te demander…


– Oui je t’écoute. Tu me parais subitement bien officiel !


– Accepterais-tu d’être le parrain de Gabin, Georges, Guillaume ? Je voudrais le faire baptiser le plus rapidement possible.


Oulala, tout se bouscule dans ma tête… pourquoi une telle précipitation de sa part ? Et que puis-je dire sinon oui ? Je l’aime déjà trop ce petit être sans défense.


– Oui bien sûr, je veux bien être son parrain mais tu y penses déjà ?


– J’aurais voulu le faire baptiser ici même. Hélas, ils ne le font que lorsque l’enfant ne va pas survivre. Sauf que s’il m’arrivait un jour malheur, je veux qu'il soit bien entouré. Il a déjà son oncle mais si en plus il a un parrain et une marraine sur lequel il peut compter, alors cela me rassurerait beaucoup.


Qu’a-t-elle en tête ? Serait-elle malade ? Subitement la jeune maman m’inquiète.


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