Fyctia
Certains points de vue opposés
(Clarisse Sillon de Picodon)
Lorsque je déballe mon nouveau vélo ainsi que sa remorque, je m’empresse de les tester en emmenant mes fifilles. Je constate d’ores et déjà que toutes deux ont assez de place pour être bien installées. Et grâce à cette toile qui ferme l’ensemble, elles peuvent profiter du paysage tandis que je pédale.
Même si cela me demande un peu plus d’efforts à fournir pour avancer, je n’en n’apprécie que davantage la qualité de ces pneus sur les chemins caillouteux. Franchement, c’est un vrai plaisir et je vais désormais pouvoir emmener mes chiennes presque partout où elles seront admises.
En plus, je dois reconnaître que cet exercice a le don de me calmer radicalement. Tant et si bien que je me décide, sur le chemin du retour, à rejoindre Mallaury pour aplanir les tensions avec elle. Mais alors que je stationne mon équipement devant la laverie, je ne m’attendais absolument pas à ce que j’allais voir.
En effet, à peine la porte entrouverte, je distingue très clairement un couple en train de s’envoyer en l’air entre le grand lave-linge et la sécheuse. Si la femme dénudée qui halète à quatre pattes est clairement Mallaury, en revanche, l'homme à genoux en train de la pénétrer, je ne le connais pas. Il me faut toutefois quelques secondes pour reprendre mes esprits et repartir silencieusement comme je suis arrivée.
Ce serait mentir si je disais que ce à quoi je viens d’assister ne m’a rien fait. Cela m’a écœurée… j’ai trouvé ça très sale et dépravant. Je sais que beaucoup me considèrent comme anormale et que je serais tout juste bonne à entrer au couvent. Depuis quelques années j’avais pris conscience d’être philophobe, cette peur d’aimer quelqu’un puis d’être rejetée. Mais je n’avais pas conscience de ce dégoût pour la sexualité.
Il faut dire que de par ma phobie, je me suis toujours éloignée de toute approche physique. A la limite, je peux comprendre que deux êtres qui s’aiment à la folie aient envie de se toucher, se caresser, se donner du plaisir… Mais cette sexualité gratuite entre deux parfaits inconnus, pour moi ce n’est pas mieux que tous ces animaux guidés par leurs instincts. Et eux encore, c’est pour faire des petits qui contribueront à la survie de l’espèce. Dans notre monde, on est loin de tout ça. Une fois j’avais lu sur un magasine people que le sport en chambre comme ils l’appellent, procuraient une bonne dose d’endorphines qui aideraient à être plus zen. Mais cela ne s’arrêtait pas là et l’auteur de cet article annonçait que cela rendait plus intelligent. Plus fou encore, il allait même jusqu’à affirmer que cela augmentait l’espérance de vie. Je n’y ai clairement pas cru : il encourageait clairement les hommes à avoir un orgasme tous les soirs mais ne précisait pas si ce serait avec la même femme ! Quant à ces dernières, plus de prétexte d’avoir des règles douloureuses puisque la jouissance aurait également l’effet d’être un antidouleur. Vlan, t’as mal au bide, prends un coup de queue ! J’avais clairement été choquée que l’on puisse chercher à faire croire à de telles conneries !
Moi, déjà, si j’avais pu, je me serais faite enlever ces ovaires de merde qui ne me servent à rien sinon qu’à me gâcher mes fins de mois. Mais bon, quand je serais majeure et que j’aurais des pépettes, je pourrais enfin aller voir un spécialiste dans ce sens. De toute façon je ne veux pas d’enfants… ainsi je ne pourrais pas être une mauvaise mère ou craindre pour ma progéniture. Et j’évite au moins un cancer !
Je n’ose pas imaginer si cela avait été son frère qui soit rentré à ma place dans la laverie. Pas certaine qu’il n’ait pas étranglé sur place ce gros chaud de la queue ! J’aimais bien Mallaury mais ce côté chaudasse… Elle l’avait clairement annoncé quand on avait fait connaissance mais j’avais cru que comme moi, elle se voulait provocante. C’était une grossière erreur. Mais maintenant que dois-je faire de cette information ? Ne courre-t-elle pas plus de danger de passer d’un mec à un autre de la sorte que moi et mon alcoolisme ? Les hommes qui semblent les plus sympas sont parfois les pires pervers. Etrangement, je me sens quelque peu inquiète pour ma nouvelle copine. Et quelque part, cette attitude ne lui ressemble pas. Je ne suis pas psy mais je me doute que cela a un rapport avec ses complexes.
Dois-je garder ça pour moi ou en parler à quelqu’un ? Mais à qui ? Sûrement pas le frangin, il ne comprendrait pas et la braquerait encore plus. La coach ? Etrangement, je la trouve un peu vieille pour savoir trouver les bons mots. Jadeline ? C’est une femme, elle est un peu plus âgée que nous et je suppose qu’elle doit savoir garder un secret.
Pfff qu’est-ce que je regrette d’être allée à la laverie. Maintenant je n’aspire plus qu’à une chose, c’est de m’enlever cette vision que je garde en tête. Qu’est-ce que je boirais bien un petit remontant !
Une fois de retour au camping-car, je suis tellement mal dans ma peau que j’essaie de me concentrer sur mes chiennes tout en les faisant jouer. Mais rien n’y fait. Et quand je vois revenir Mallaury avec un petit sourire en coin, elle m’énerve davantage encore. Je lui tourne alors volontairement le dos car je n’ai franchement pas envie de discuter avec elle. Je lui en veux d’être aussi bête !
Tiens voilà justement son frère et Jadeline qui reviennent à leur tour. Bon allez, ça suffit. Je décide de me retirer dans mon lit. Mes chiennes qui ont bien couru, viennent s’allonger contre mon ventre. Je ferme les yeux et fais semblant de dormir quand Mallaury nous rejoint.
Le pire c’est qu’à force de garder les yeux fermés je rejoins Morphée… ou Cyril Jiguin !
Il est là, tout près de moi et me sourit. Face à son regard si… craquant, je suis toute chose. J’ai les mains moites, la gorge serrée, tandis que mon estomac se crispe. Il est si mignon torse nu avec tout ces muscles qui démontrent qu’il passe beaucoup de temps à faire du sport. Je tends alors ma main pour le caresser mais je ne sais pas, sa peau est glacée. Quoi ? Se pourrait-il qu’il soit mort ? Mais non puisqu’il est là, toujours plus près de moi. Sa main entreprend de se poser sur l’un de mes seins et je suis toute chose… Non, non c’est mal ! Que veut-il vraiment ? Me faire du bien ou du mal ? Il n’en n’a rien à faire de moi. Veut-il juste m’ajouter à sa collection de conquête ? Je ne suis pas comme ça et je veux lui réchapper…
– Clarisse, doucement….
Je ne veut pas entendre quand il m’appelle. J’entreprend de courir et tout à coup, je sens un grand coup sec sur ma tête tandis que le reste de mon corps est endolori.
Quand j’ouvre un œil c’est pour me rendre compte que… Oh My God ! Ce n’était qu’un cauchemar mais j’ai dû trop m’agiter et me suis écroulée par terre.
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