Fyctia

(Jadeline Micassan)

Si l’ambiance est quelque peu étrange depuis que nous sommes rentrés avec Justin, l’arrivée par mail de la vidéo suivante nous occupe un peu l’esprit. Il faut dire que nous ne sommes pas tous d’accord sur le fait d’ouvrir dès ce soir la nouvelle mission ou d’attendre le lendemain.

Mallaury a même été clairement la plus motivée d’entre nous pour rester :

- On pourrait demeurer quelques jours de plus. On est bien ici et puis je suis certaine qu’il y a plein d’autres choses à découvrir.

- Des découvertes, avec le Papé, je suis certaine que nous n’en manquerons pas. A alors surenchérit Clarisse.

- Alors que fait-on ? a insisté Justin.

Je n’aime pas quand il y a un désaccord dans le groupe. Je ne sais pas pourquoi les filles sont à nouveau individualistes mais il ne faudrait pas que cela dure trop longtemps sinon toute l’ambiance du camping-car est menacée. Pour ma part, je pense qu’il serait plus sage de poursuivre notre aventure car on ne sait pas si toutes les énigmes seront aussi faciles que celles que nous venons d’avoir. C’est ce que je m’efforce de leur expliquer.

C’est ainsi que le Papé, apparait bientôt à l’écran de la tablette, tout sourire, avec une rose à la main.

"Aujourd’hui, votre mission se corse un petit peu, mais vous verrez, vous n’allez pas le regretter. Car à la date que vous aurez convenu avec Cyril, je vous veux dans le fief du seigneur Giloti di Cornuti. Vous y êtes invités pour un bon repas. Puis, ensuite, pour une nuit, vous ne dormirez pas dans votre camping-car mais dans un lieu que vous n’êtes pas près d’oublier. Mais nous en reparlerons en temps et heure. Je vous souhaite donc une bonne virée en Isère."

- Je ne suis pas sûre que ce soit de bon augure s’il a eu besoin de nous préciser le département. Cogite alors sa petite fille.

- Ah moins qu’il ne nous prenne pour des nuls. Se marre Justin.

- Oui c’est peut-être ça !

C’est moi qui m’attelle aux recherches mais très vite je leur annonce avoir trouvé quelque chose.

- Ça y est ! Nous allons au château Chapeau Cornu à Vignieu ! Regardez, ce que je lis. Cela correspond tout à fait à ce dont nous a parlé le Papé : "C’est au XII et XIIIe siècle que Giloti di Cornuti construisit cet édifice. La famille Cornuti conserva son fief jusqu'en 1364 et lui donna le nom de Cornu, diminutif de son nom de famille. Ancienne Maison Forte, ce n'est qu'en l'an 1601 que Chapeau Cornu obtint la qualification véritablement de château et prit le nom de Château de Chapeau Cornu."

Les autres approuvent ce que je viens de leur lire. Par contre, Mallaury semble avoir retrouvé un peu d’enthousiasme pour cette nouvelle mission.

- Vous avez vu les photos de ce château ? Waouh, si un jour je me mariais, cela ne me déplairais pas de le faire ici. J’aurais vraiment l’impression d’avoir mon Prince Charmant.

– Non, moi celle que je verrais bien là-bas, ce serait Clarisse dans une tenue de princesse toute rose, elle ferait sensation. On pourrait même lui créer un rôle sur mesure… Voyons… Lady Kalisse, héritière de ce château mais vouée à demeurer seule jusqu’à ce qu’un Lord arrive dans sa Duster et la délivre.

Sensible à l’allusion, nous rions tous… enfin presque tous puisque la principale intéressée se rembrunit tout en faisant comme si elle n’avait rien entendu. Je remarque que je ne suis pas la seule à avoir remarquée son attention toute particulière pour le notaire. Mais bon, cela m’étonnerait que tout ça aille bien loin car après tout, il est maqué !

Evidemment, nous consultons Google Maps histoire de nous rendre compte du parcours que nous aurons une nouvelle fois à parcourir.

Après que Clarisse ait une dernière fois sorti ses chiennes… et sans doute fumé une clope car quand elle rentre, elle sent le tabac froid, nous passons à table. Mais ce soir nous avons le plaisir de profiter des spécialités locales grâce à Simonella. C’est elle qui a fait ses achats et nous a préparé le repas.

Je dois reconnaître que si cela nous a quelque peu changé de nos habitudes, miam, c’était délicieux. Nous avons d’abord eu droit à une caillette servie froide sur son lit de salade verte. Bon si on s’est régalé, moi je connaissais déjà car en Ardèche, il y en a aussi. J’ai d’ailleurs remarqué que dans de plus en plus de régions, on la proclame sa spécialité. Perso, je m’en fous, du moment où c’est cuisiné de manière artisanale et qu’ils ne nous en font pas un produit totalement industriel.

– Je vous l’aurais bien préparé en aumônière, cachée dans de la pâte feuilletée que j’aurais passer au four. Mais vous comprendrez qu’avec votre équipement, je me suis contenté de quelque chose de plus simple ! nous précise notre cuisinière du moment.

– Ne t’en fais pas, je me régale. Et s’il y a des restes, je me propose pour faire la poubelle de table ! s’exclame un Justin sensiblement affamé.

Nous enchainons ensuite avec bien entendu des ravioles. Là encore, je m’en suis déjà acheté en grande surface, mais là, ces petits carrés de pâte fourrés au fromage et au persils, bien gratinés… un délice ! D’ailleurs nous les dégustons sans mots dire… sauf peut-être de la part de Jilda qui quémande bruyamment à sa maitresse. Ah décidément, je sens que celle-ci après avoir passé des mois à la SPA va vivre au Paradis car évidemment, Clarisse ne peut s’empêcher de lui céder quelques morceaux.

Simonella est ensuite fière de nous présenter le Picodon. Là, en revanche, nous sommes moins réceptifs car hormis Clarisse qui semble aimer tous les fromages, nous passons tous notre tour à l’aspect et l’odeur de ce petit fromage de chèvre.

– Clairement vous me décevez, les jeunes ! Regardez comme le Picodon cache un cœur tendre et des saveurs subtiles ! Nous dit-elle, en s’en découpant un morceau. Mais peu importe, nous restons sur nos réserves.

En revanche, pour la Pogne, cette traditionnelle brioche de la ville de Romans, on a tous encore un peu de place. Surtout que j’adore ce petit parfum de fleur d’oranger qui l’accompagne.

Tandis que je prépare les cafés, Simonella, toujours en forme, nous propose un petit jeu. Bien sûr, elle ne nous sent pas motivés, alors elle nous assure que ce ne sera pas long mais que c’est juste pour encore mieux nous connaître. Dans ce cas, nous acceptons, évidemment.

Ce sont donc nos tasses en main, que chacun notre tour, nous devons donner le titre d’un film qui nous a le plus marqué d’une manière ou d’une autre… Parce que nous l’avons aimé, il représente quelque chose de particulier dans la vie… ou autre. C’est vrai que cela peut être intéressant ! Voyons ce qu’a en tête Clarisse puisqu’elle est la plus prompt à lever la main pour répondre.