Fyctia
La tension monte
(Mallaury Talonye)
De retour au camping, nous sommes à la fois enthousiastes par ce que nous venons de découvrir et un peu inquiètes pour les chiennes. Bien sûr nous savions que Simonella était demeurée sur place mais comme l’avait dit Cyril, le reste du temps, la sexagénaire devient transparente et c’est à nous de gérer. Evidemment, puisqu’à la base, elle ne fait pas vraiment partie de l’équipe et qu’elle laisse sa caravane au seul mec de la bande. Mais à notre arrivée… oups, l’odeur nous prend à la gorge. Ça pue la merde à plein nez et ça ne provient pas de notre bac à vidanger. Non, non, quand on entre dans la chambre, nous découvrons que la pauvre Mojita a eu la diarrhée et en a badigeonné toute la pièce.
Inutile de préciser l’humeur dans laquelle nous sommes quand les chiennes toutes fofolles de nous retrouver se jettent dans les jambes de Clarisse. Sur ce coup-là, je suis prompte à me défausser. En effet, je me propose de sortir ses quatre pattes de la pièce et les faire se défouler un peu dehors pendant qu’elle-même nettoiera la chambre. Je ne lui laisse pas le temps de me répondre et hop, nous voilà parties.
Je n’ai pas trop de remord car après tout Jilda et Mojita sont à elle, donc c’est normal que ce soit elle qui nettoie. Encore bien beau que je ne rouspète pas car quand elle aura fini de nettoyer, je pense que nous aurons tout intérêt à emmener les draps à la laverie du camping. En effet, les fifilles étaient couchées sur nos lits quand on est arrivé.
Une fois dehors, ma curiosité est très vite attirée par d’impressionnants cartons déposés entre le camping-car et la caravane. Surprise, j‘appelle Simonella qui daigne descendre de la mezzanine.
– Tiens me dit-elle, en me montrant le plus gros carton, ce sera pour tes entrainements.
Aïe, je n’aime pas trop ça. Mais je commence à couper les cartons sous l’œil amusé des chiennes qui s’amusent même avec des débris. Je m’empresse de les ramasser car il ne manquerait plus que l’une d’elle ne s’étouffe avec. On va dire que je vais de surprise en surprise car une fois déballé, je me trouve face à un… tricycle !
– Cette chose est pour moi ? Non mais tu plaisantes ? De quoi vais-je avoir l’air avec cette chose ?
– Prends ça comme un équipement de sport. Et après tout tu t’en fous du regard des autres. Tu ne les connais pas, ils ne te connaissent pas. Alors ce qu’ils peuvent bien penser de te voir dessus, ça n’a aucune importance ! Je t’ai vu hier sur ton vélo. Excuse-moi mais le nombre de fois où j’ai cru que tu allais tomber. Tu t’es à chaque fois récupérée par je ne sais quel miracle. L’intérêt de faire du vélo c’est de te muscler les cuisses et les jambes pas de te retrouver sous une voiture. J’ai donc demandé l’autorisation à votre notaire et il m’a donné sa bénédiction. Comme tu l’as vu, c’est entièrement pliable et ne tiendra donc pas plus de place que les vélos. Mais d’ailleurs où est Clarisse ? Elle a reçu sa commande.
C’est à ce moment-là que notre amie débarque, hyper énervée.
– Je croyais que tu étais sortie faire défouler MES chiennes !
– Ben oui pourquoi ?
Et alors que je tourne la tête à la recherche des quatre pattes, je me rends compte qu’il manque la plus petite. Putain de merde ! Mais je n’ai pas le temps de davantage la chercher car déjà je l’aperçois derrière sa maitresse.
– Tu t’en es tellement bien occupée qu’elle a préféré me rejoindre dans la chambre !
– Oups, désolée !
– Maintenant que tout est propre, là-bas, puis-je te demander d’aller t’occuper de la laverie ? Tu peux même y aller avec ton nouveau tricycle, me balance-t-elle narquoisement.
Putain elles me font toutes chier ! Mais je ne dis rien et très en colère, je pars défaire les lits puis j’embarque mon barda jusqu’à la laverie.
Au moins ici, je suis tranquille pour réfléchir et décompresser. Décidément cette aventure me gonfle sérieusement. Non seulement je n’ai pas de plan cul mais en plus, je dois supporter les chiennes et cette fichue coach qui se croit intelligente à m’imposer un truc de vieux. Non mais franchement je commence à me poser des questions sur ses capacités à gérer mon obésité.
Etrangement, plus je passe de bons moments comme tout à l’heure au palais, et plus après, je ne me sens pas bien. Est-ce que cela viendrait du fait que mon subconscient essaierait d’associer ce groupe d’aventure à une famille et que du coup, je ressens davantage le décès de nos parents ?
Tiens, voilà un mec qui rentre dans la mini laverie. Je constate qu’il ne doit pas être beaucoup plus âgé que moi. Toutefois son comportement dégage une certaine assurance. S’il semble surpris par ma présence, son regard se fait curieux. Bientôt il me sourit et engage la conversation.
– Hello, tu es en vacances ?
– Plus ou moins.
– C’est-à-dire ?
– Je ne suis ici que pour deux ou trois nuits.
– Ah tu fais partie du groupe du camping-car là-bas ?
Tiens donc, nous aurait-il déjà remarqué ?
Comme il a compris qu’il a attisé ma curiosité, il s’explique :
– Je suis le fils des propriétaires de ce camping.
– Ah ok, je comprends mieux.
– L’été, je participe au travail que demande un tel lieu et en cette saison, je poursuis mes études.
Notre conversation se poursuit encore un petit moment et rend mon temps d’attente moins pénible. Quand enfin j’enfourne le linge dans la sécheuse, nous en sommes venus à nous tutoyer et à bien rigoler ensemble. Comme je ne suis pas insensible à son charme, je ne tarde pas à le lui faire comprendre et bientôt, l’ambiance dans la pièce se charge tandis que son regard s’intensifie. C’est toujours le moment que je préfère : celui où un homme se sent virile et prêt à passer à l’action pour me séduire. Ses hormones sont dans tous leurs états et il ne fait guère attention à mon physique… du moins il est sous le charme de mes seins et de mes fesses. Peu à peu il se rapproche de moi, toujours assise sur le banc et vient volontairement le partager.
Tandis que je lui souris, en un léger défi, je m’amuse à lui répondre d’un ton plus doux, presqu’en chuchotant.
– Es-tu bien sûr d’avoir envie de davantage me découvrir ? Je te rappelle que je ne suis pas là pour longtemps.
Il se penche un peu plus près, son regard maintenant fixé sur mes lèvres
– Je crois que c’est ce qui rend les choses intéressantes. Nous ne nous connaissons pas vraiment et pourtant nos corps s’attirent. J’ai terriblement envie de d’embrasser. Qu’en penses-tu ?
J’aime qu’il s’adresse de la sorte et pour ne pas avoir à lui répondre, je dépose mes lèvres sur les siennes. Si ce premier contact est léger, avec une infinie douceur j’intensifie le baiser, pressant mes lèvres un peu plus fermement contre les siennes. Mes yeux se ferment tandis que mes mains glissent sur sa nuque. L’instant est doux mais la chaleur entre nous commence à grandir. Ses lèvres se mouvent avec une certaine confiance. Dans un échange silencieux, ce premier baiser se fait à la fois tendre et plein de désir.
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