Fyctia
L'étape du facteur
(Jadeline Micassan)
Jeudi 6 octobre 2016
Ce matin, j’ai accompagné avec plaisir Clarisse et Simonella dans la ville de Romans. Si celles-ci avaient soit-disant des achats à faire, moi je suis surtout venue pour découvrir la commune.
Franchement, j’ai rapidement compris l’absence de Mallaury à cette petite sortie. Si je n’ai guère pu profiter des paysages ou monuments historiques, en revanche, on a largement trainé dans les magasins. D’abord vestimentaires car Clarisse avait besoin de nouvelles fringues plus chaudes mais toujours aussi roses.
Ensuite elles m’ont entrainées dans un grand magasin spécialisé dans les deux roues. Là, Simonella a investi dans…un tricycle ! Toujours aussi surprenante la mamie ! Mais Clarisse m’a également surprise en se choisissant vélo cross pour femme tout aussi rose. Je peux comprendre son investissement car ceux qui sont à notre disposition sont de simples vélos de ville donc selon où l’on va… En plus, avec le panier sur le guidon j’ai trouvé ça pratique.
Par contre, mademoiselle voulait également une remorque XL pour chiens. Si elle en a trouvé une bien, hélas celle-ci n’était pas de sa couleur. Redevenue capricieuse, elle a parlementé un long moment avec un vendeur, avant finalement d’en prendre une de couleur grise. Toutefois, elle aurait bien mérité que je la prenne en photo avec la tête qu’elle faisait. Un instant je me suis demandée comment on allait ramener tout ça, mais elles ont pu se faire livrer. Ouf !
En attendant je n’aurais pas cru que leur sortie demanderait autant d’efforts en vélo. Il faut croire que depuis que Clarisse ne boit plus, il lui faut un max de défoulement. Quant à Simonella, elle aura tout l’après-midi pour se reposer. Pas nous car une mission nous attend.
Lorsque nous pénétrons dans le site du palais facteur Cheval, nous restons tous bouche-bée devant cette réalisation sortie de l’imaginaire d’un seul homme.
- C’est totalement incroyable ce qu’il est parvenu à réaliser tout seul ! s’exclame Mallaury.
- C’est un véritable chef d’œuvre ! Quelle ingéniosité pour quelqu’un qui n’était absolument pas architecte ! ne puis-je pas m’empêcher d’ajouter.
- Regardez là-bas, ces géants qu’il a représentés. Mais comment il a fait ça ? s’interroge Justin à voix haute.
Tout en longeant ce monument si spécial dans lequel sont gravées des centaines d’illustrations de tous genres, nous donnons régulièrement nos avis. Même Clarisse semble sous le charme de ce lieu.
- Moi je trouve cette œuvre bouleversante ! Je n’ai jamais rien vu de pareil !
- Non mais vous vous rendez-compte que chaque jour, il faisait 30 km à pied avec une brouette pleine de cailloux dont il se servait après sa tournée de facteur pour faire son palais à lui ! Il devait avoir du rêve plein la tête ! Rajoute Mallaury avec une brochure entre les mains.
Nous longeons maintenant une façade irrégulière où ça et là, apparaissent des têtes d’animaux, des inscriptions, ici, une silhouette de femme, là un guerrier avec sur la tête inscrit Vercingétorix.
- C’est fou ce travail accompli ! J’admire sa créativité. Ils ont bien fait de prendre soin de ce chef d’œuvre !
Mais Clarisse s’engouffre bientôt dans une faille où des escaliers semblent l’inviter à pénétrer dans les méandres de ce palais.
- Oulala, il ne faut pas être trop épais ici, on passe tout juste ! s’exclama Mallaury en suivant son amie.
De mon côté, je ne peux pas m’empêcher de prendre une multitude de photos comme bon nombre de touristes présents en ce lieu. Je veux tout immortaliser. Justin me regarde et semble amusé de ma réaction. Cela faisait un moment que je ne l’avais plus vu sourire de la sorte. Plus loin, nous prenons tous les deux un escalier en colimaçon qui nous amène à un étage supérieur et à ma plus grande joie tant d’autres détails nous y attendent.
- Je trouve que ce lieu invite à rêver, ici, je me sens zen ! C’est une vraie leçon de vie que nous donne ce Ferdinand Cheval.
– Justin, s’il te plait, mets-toi là, que je te prenne en photos, tu vas voir, tu vas être super !
- Euh t’es sûr que ce sera moi qui serait super où le décor ? me répond-t-il en riant tandis que je le mitraille de photos.
Mais soudain il me prend dans ses bras afin que nous nous fassions un selfie. Bien sûr c’est purement amical de sa part mais c’est comme si ce geste traduisait une connexion plus profonde… Cela a quelque chose de déroutant pour moi. Je ne comprends pas bien ce qui se passe mais je décide de faire comme si de rien n’était.
Un peu plus tard, afin de nous frayer un chemin dans un étroit passage où une foule de visiteurs se pressent également, je me retrouve serrée contre Justin. A nouveau, ce mélange de chaleur et de sécurité me fait perdre un peu mes repères. Le monde autour de nous semble s’évanouir. C’est avec soulagement que nous parvenons à nous extraire de ce recoin.
Après deux bonnes heures à avoir tourné, admiré les moindres détails, nous nous dirigeons vers la boutique souvenirs car Mallaury et Jadeline veulent acheter un livre sur le sujet. De mon côté je choisis quelques cartes postales pour ma nouvelle collection. Une fois sortis de ce site très pittoresque, nous nous arrêtons dans un café qui se trouve à proximité. Mais alors que nous nous désaltérons avec un soda, Justin choisit cet instant pour m’offrir un petit cadeau.
C’est particulièrement ému, que je découvre une gravure du fameux palais idéal. Touchée par ce geste, je le remercie chaleureusement. Mais bientôt, il nous faut repartir. En effet, Clarisse a peur que ses chiennes se soient un peu trop impatientée et en aient profité pour faire des bêtises, vu qu’elles sont seules dans le camping-car.
Tandis que les miss rejoignent Simonella, Justin me propose alors une dernière balade pour achever cette étape : il s’agit d’une virée au cimetière pour immortaliser la tombe de ce facteur totalement hors du commun. Pour le cas où j’aurais eu le moindre doute, en guise de balade romantique, on repassera !
Toutefois il ne nous faut pas longtemps pour repérer d’un seul coup d’œil le fameux tombeau du silence et du repos sans fin.
- On dirait une chapelle qui aurait appartenu au palais.
- Oui, tu as raison, c’est vraiment dans la même architecture. Impressionnant !
- J’aimerais bien avoir une tombe comme ça, quand je serais morte !
- Ah et bien dis donc, on dirait que tu as des goûts morbides de luxe ! Pas possible, c’est Clarisse qui te déteint dessus ?
Tout en riant, après avoir pris un cliché de ce lieu, nous retournons au camping où règne une drôle d’ambiance. On dirait que les filles sont fâchées… entre elles ou contre Simonella ?
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