Fyctia
Sage décision
(Jadeline Micassan)
8 septembre 2016
Alors que notre temps de réflexion est achevé, nous revoilà tous ensemble face au notaire. Enfin quand je dis tous ensemble, je devrais dire les quatre qui nous destinons à faire le tour de France. Car les parents de la fameuse Clarisse, eux, attendent dans une autre pièce. Ainsi, ils ne pourront influencer personne ni dans un sens ni dans l’autre mais seront les premiers à savoir s’ils vont toucher quelque chose ou rien.
Pour ce qu’il en est de Justin et sa sœur, on en a parlé au café et nous étions tombé d’accord que nous n’aurions pas une seconde chance de nous offrir un tel voyage. Comme je le leur ai dit, moi cela fait des lustres que je n’ai pas pris de vacances et franchement l’intérim dans le prêt à porter… Berk ! Finalement si nous partons bien, à notre retour j’effectuerais une nouvelle réorientation professionnelle. Et ma foi, si le camping-car me plait, pourquoi ne pas entreprendre quelque chose dans ce domaine ?
Une fois que nous sommes tous assis, Maître Jiguin prend la parole :
- J'espère qu'avant de me donner votre réponse, vous avez longuement réfléchi à quoi votre choix pouvait vous entraîner ! Nous allons commencer par Justin ; Qu'en est-il pour vous ?
- Et bien, en ce qui me concerne je pense que je n'ai pas tellement le choix. Si Monsieur Mulonier a décidé de nous faire entreprendre ce tour de l'hexagone et m'a choisi pour la conduite du camping-car, je ne peux qu'accepter. Il est indéniable que cette coquette somme d'argent promise si l'on parvient à finir ce challenge, est également un atout considérable. J'accepte donc.
- Mallaury ?
- Vous me voyez refuser et ainsi priver mon frère d’une telle aventure ? Je reprendrais mes études à notre retour. Ok pour moi aussi !
- Vous, Jadeline ?
- Il n'y aurait pas d'argent à la clé, je serais tout de même partante. Car je suis infiniment reconnaissante envers Monsieur Mulonier de nous offrir un si beau voyage. Qu'importe que nous trouvions les énigmes ! Notre trésor sera d'avoir pu découvrir ces belles régions ! J'accepte donc avec plaisir.
- Clarisse ?
Cette dernière, se lève alors afin que tout le monde puisse bien la voir. Tout de noir vêtue, elle fait sensation. Mastiquant à nouveau bruyamment un chewing-gum, elle se tourne tour à tour vers nous. Elle semble nous jauger et vouloir nous montrer que notre destin ne tient qu'à son unique bon vouloir. Je suis certaine qu’elle est consciente de notre agacement.
Avec un sourire ironique, elle répond :
- Je refuse mon héritage !!!
A cet instant, la porte du bureau de Justin s’ouvre d’un bond tandis que Mme Sillon de Picodon fait une entrée théâtrale.
- Tu ne peux pas faire cela Clarisse, pense à ton grand-père ! Mais dîtes quelques choses vous autres !
- Madame Sillon, reprenez-vous je vous prie ! Votre fille est tout à fait en droit de refuser. L’informe le notaire.
Décidément, elle n’a pas honte d’avoir écouter aux portes. Mais quand je regarde l’air victorieux de Clarisse, je comprends que c’est pour punir sa mère de quelque chose qu’elle n’hésite pas à se punir elle-même.
Alors tandis que Maître Jiguin raccompagne Mme Sillon de Picodon jusqu’à la pièce où elle aurait dû demeurer, je m’adresse doucement à Clarisse.
- Peux-tu m'accorder cinq minutes dans le couloir, j'aimerais te parler.
- Eh ! On n'a pas élevé les cochons ensemble, hein ! Alors vouvoyez-moi !
Redressant la tête de façon hautaine, elle semble vouloir se donner un air méprisant mais ne m’impressionne en aucun cas. Aussi je réitère ma demande :
- Mademoiselle Sillon de Picodon, pourrions-nous, nous entretenir seule à seule dans le couloir ?
Si la jeune provocante s'attendait à me voir en colère, elle est très étonnée de ma réaction. C'est peut-être ça qui la décide à s’isoler avec moi. Mais finalement nous nous enfermons dans les WC pour le cas où sa mère trainerait encore ça et là.
Je commence donc ma négociation :
- Pouvez-vous me dire, si ce n'est pas trop indiscret pourquoi vous refusez ce challenge ? J'ai bien compris que vous tentiez de provoquer, voire de punir votre mère. Cependant est-ce une raison pour vous priver de l'héritage de votre grand-père et de participer à une aventure extraordinaire. Et puis, nous ne sommes pas sûrs de gagner !
- Alors vous pensez qu'on peut perdre !?! Dans ce cas, remerciez-moi de vous avoir épargné une telle perte de temps ! s’exclame-t-elle.
- Pas du tout ! Je suis simplement surprise de constater à quel point votre mère peut vous empêcher de profiter pleinement de la vie.
Et devant le regard interrogatif de l'adolescente, je poursuis :
- Ne vous voilez pas la face ! Entre votre grand-père et vous, il y avait quelque chose de fort et contrairement à vos parents, il vous apportait de l'amour ! Beaucoup d'amour ! Réfléchissez un peu : Pourquoi a-t-il passé des mois à préparer un tel voyage ? Il a organisé tout cela pour que vous passiez une année loin de vos parents et de ces jeunes qui vous entraînent malgré vous, du mauvais côté. Il vous offre, au travers de cette année de vacances improvisées, un souvenir inoubliable. Rien ne vous empêche de profiter de ce voyage puis si réellement vous souhaitez vous venger de votre mère, il suffira de perdre à la fin car je vous rappelle que si nous perdons, eux aussi !
- Pendant un an, je devrais supportée trois cons au lieu de deux !
Cette petite phrase à vocation rebelle, a néanmoins pris une intonation plus douce. Toutefois, je comprends qu’ayant remarqué que nous nous connaissons, elle doit se sentir bien seule.
- Je ne veux pas vous forcer la main, faîtes comme vous voulez. Mais prenez encore cinq minutes de réflexion. Et puis si le cœur vous en dit, avant même que vous ne vous décidiez, nous pouvons nous organiser une réunion que je qualifierais de présentation officielle. De sorte, que vous ne partiez pas avec trois inconnus mais trois nouveaux amis.
Sans attendre de réponse, je l’abandonne, espérant m’être montrée convaincante.
Je ne suis nullement certaine d’être parvenue à la convaincre mais je l’espère. Enfin, il n’y a plus qu’à attendre. Je mets donc au courant Maître Jiguin que Clarisse a besoin d’un peu plus de temps. Toutefois, je ne croyais pas que cela durerait aussi longtemps.
Quand mademoiselle entre enfin dans la pièce, il s’est écoulé un bon quart d’heure. Mais étrangement, elle ne se dirige pas vers nous mais vers une peinture accrochée au mur et à laquelle je n’avais pas apporté d’attention.
– Je veux bien tenter cette expérience, à une seule condition. Ce tableau devra être dans le camping-car. Il est normal que Papé soit avec nous.
Merde, je n’avais même pas vu cette toile. Comme quoi, on est photogénique ou on ne l’est pas.
28 commentaires
ceppi
-
Il y a un mois
Jess Swann
-
Il y a un mois
La Plume d'Ellen
-
Il y a un mois