Fyctia
Des présentations officielles
(Jadeline Micassan)
Trop contente d’être parvenue à convaincre la révoltée, je choisis de demander à notre notaire s’il serait possible, avant le départ, d’organiser une réunion afin de nous permettre de faire plus ample connaissance. Si l’idée semble le surprendre, au regard de Clarisse, je constate qu’elle, je la rassure un peu plus. Evidemment si cela n’avait tenu que de nous, il n’y en aurait pas eu besoin. Mais je me mets à sa place : partir avec trois inconnus pour si longtemps, cela a de quoi ficher la trouille surtout si l’on est quelqu’un de solitaire. Je n’ai pas fait psy mais je sais reconnaître, derrière les plus excentriques, des individus très seuls et mal dans leur peau. Tous les originaux ne le sont pas, mais je suis certaine que Clarisse en fait partie et dans un sens, moi aussi j’ai envie de mieux la connaître.
Maître Jiguin nous apprend alors qu’il avait prévu de nous proposer une ultime réunion afin de faire un point technique sur le camping-car, mais aussi sur les bagages que nous devrons prendre, etc. Il nous propose alors de faire nos auto présentations juste avant. Le nouveau rendez-vous est planifié pour la fin de la semaine prochaine. En attendant, à nous de commencer à organiser notre nouvelle vie de bohème tandis que Justin sera en stage intensif. Je n’ose pas demander quelle serait la solution de prévue pour le cas où mon ex meilleur ami échouerait.
19 septembre 2016
Une fois n’est pas coutume, cette fois nous ne retrouvons pas Cyril dans son cabinet notarial mais bel et bien dans un vieil hangar un peu à la sortie de la ville. Celui-ci nous avait envoyé par sms l’adresse du rendez-vous, deux jours avant. Comme d’habitude, je suis la dernière à arriver… enfin presque puisque si les autres sont déjà là, il manque également celui qui nous a donné cette adresse. Quelques minutes après, c’est lui qui nous ouvre de l’intérieur et nous invite à le suivre dans une petite pièce. Celle-ci ressemble d’avantage à un cagibi ou une cabane de jardin qu’à un bureau. D’ailleurs, seules quelques vieilles chaises en fer trônent dans ce lieu tandis qu’une grosse caisse en bois sert de table. Décidément, il veut vraiment nous habituer avant l’heure, à vivre dans le rustique. Je prends conscience que celle qui va le plus en souffrir sera Clarisse car j’imagine que ses parents doivent avoir une superbe propriété avec des pièces plus vastes que mon propre appartement.
– Je vous laisse une petite heure pour apprendre à vous connaître. Ne vous préoccupez pas de moi. Je reprendrais la parole quand le temps sera écoulé. Nous annonce Maître Jiguin.
C’est donc tout naturellement moi qui commence.
– Bonjour, je m’appelle Jadeline, j’ai 28 ans et comme tu as pu le constater, j’ai tendance à ne pas être ponctuelle. Cela ne dépasse jamais la demi-heure mais je conçois que cela peut parfois être agaçant pour les autres. Mon métissage, je le dois à mon père breton à qui j’ai pris les yeux bleus et ma mère, martiniquaise. Je suis née à Privas et y ai vécu jusqu’à ces quelques dernières années. Je connais Justin depuis la maternelle. On peut dire que nous avons été les meilleurs amis du monde jusqu’à la fin du collège. Puis nous nous sommes perdus de vu car nous sommes tous deux allés dans des directions opposées. J’ai connu ton grand-père quand j’ai débuté comme aide-ménagère.
Instinctivement j’ai tutoyé Clarisse mais elle ne m’a pas reprise. C’est plutôt bon signe. Je reprends donc ma présentation :
– C’était pour moi, mon tout premier sénior. Il s’est montré charmant et très gentil. Tout de suite, le contact est bien passé. Au début, il travaillait encore, donc je n’y venais qu’une fois par semaine et puis à la retraite, mes heures chez lui ont augmenté. Il aimait bien parler et me racontait des tas de souvenirs de sa jeunesse. Il regrettait ne plus voir sa petite fille mais ne t’en voulais pas du tout car il savait que le problème venait de ta mère. Malheureusement, il n’a pas pu beaucoup profiter de sa retraite car très vite, il a débuté des soins.
Au visage fermé de mon interlocutrice, je sens que je marche sur des œufs. Je fais attention à chaque mot que j’utilise car je sais que si elle se fâche… Je constate également que le notaire fait semblant d’étudier un dossier mais surveille attentivement ce qui se passe. Je ne sais pas ce qu’avait pu lui raconter le Papé, mais nul doute qu’il sait que c’est d’elle que dépend ce fichu testament.
– C’est le problème quand on prend de l’âge, la santé ne suit plus. Parfois plus vite que pour d’autres. Il a toutefois eu un peu de répit et croyais ses problèmes derrière lui. C’est pour cela qu’il a choisit de s’installer dans une résidence pour séniors à Carpentras. Si l’on avait cessé de se voir, je l’appelais de temps à autre. Hélas pas aussi souvent que je l’aurais voulu… et maintenant c’est trop tard. Mais je te jure que je n’ai jamais cru qu’un jour je figurerais sur son testament.
Si clarisse ne dit rien, elle hoche toutefois la tête comme si elle comprenait ce que je ressens. C’est maintenant au tour de Mallaury de s’exprimer.
– Moi je vais être plus rapide : Je m’appelle Mallaury et je suis la sœur de Justin. Je n’ai jamais connu ton Papé mais je suppose que si je suis ici, c’est parce qu’il a eu pitié de moi. J’ai 23 ans et suis orpheline depuis mes 14 ans. Certains pourraient te dire que je suis une grosse tête, moi je t’affirme juste avoir aimé faire des études. Je suis passionnée par l’histoire et plus précisément l’archéologie. Je viens d’achever mon master et j’attendrais donc pour enchaîner sur le doctorat. Entièrement hétéro, je cherche le prince charmant. Mais pour cela j’ai déjà pécho un max de crapauds.
Si je sens Justin se retenir de prononcer quelque chose, en revanche, Clarisse semble sensible à l’humour de Mallaury. Comme elles sont les deux plus jeunes du groupe, ça serait bien qu’elles puissent vraiment être amies. Quand Justin prend la parole, j’appréhende davantage.
– Hello. Moi, comme tu l’as compris, je m’appelle Justin, je serais l’unique homme du groupe, je suis le frère de l’une et l’ancien meilleur ami de l’autre. Je n’ai jamais aimé l’école et dès que j’ai pu, hop j’ai tout arrêté. J’ai monté ma propre petite entreprise d’espaces verts. Très tôt… je dirais même trop tôt, j’ai rencontré une nana. J’ai cru être amoureux mais en réalité, je l’ai su bien plus tard, elle m’a manipulé et a beaucoup joué avec mes sentiments. Moi aussi j’ai travaillé pour ton Papé et au début j’étais encore avec ma… euh compagne. Toutefois comme cela n’allait pas bien ton grand-père m’a servi de confident et m’a même donné des conseils. Je dois avouer que cela nous a rapprochés. Je pense être un homme facile à vivre mais les femmes n’ont qu’à bien se tenir, je n’ai pas l’intention de me laisser à nouveau séduire. Georges savait qu’avec ma sœur nous étions seuls, je suppose que c’est pour cela qu’il a pensé à nous. Voilà, je pense avoir fait le tour de ce que j’avais à dire.
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Jess Swann
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ceppi
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