Fyctia
Le mystère est à son comble !
(Jadeline Micassan)
29 Août 2016
– Merde, crotte, zut ! C’est pas vrai ça ! Plus les voitures sont grosses, plus les stationnements sont étroits. Certes, je ne suis pas une pro du créneau mais quand même ! Et puis si les autres se garaient mieux aussi ! Là-bas, il y aurait eu la place pour deux bagnoles, mais non, il faut que cette mini voiture avec un A se soit positionnée sur les deux à la fois. Grrr, il y en a que je te choperais par le colbac…
Vous me trouvez énervée ? Euh… D’habitude je ne suis pas comme ça mais là, j’ai une grosse émotion qui m’empêche d’être moi-même. Il faut dire que la semaine passée, j’ai reçu un surprenant courrier. Celui-ci m’a laissé sans voix. Cela provenait d’un cabinet notarial qui me conviait à l’ouverture du testament de Georges Mulonier, décédé il y a un peu plus de six mois. Merde alors, si je m’attendais à cela ! D’abord, je n’ai jamais été sur le testament de quelqu’un et secundo, même si j’aimais beaucoup ce Papé, cela faisait quelques temps que je ne l’avais plus revu.
En effet, ce vieil homme veuf depuis longtemps a été le premier à m’ouvrir sa porte et à me faire confiance quand j’ai débuté en tant qu’aide-ménagère. Au début, quand il travaillait encore, ce n’était qu’une fois par semaine puis petit à petit, il avait perdu en autonomie et ne semblait plus autant en forme donc il avait augmenté mes heures. Quand il a pris sa retraite, nous nous sommes davantage vus puisque je venais cinq jours par semaine. C’était quelqu’un de charmant et gentil… pas comme certains qui me traitaient comme de la merde. Parfois les séniors sont durs ! Pas lui. Je voyais qu’il souffrait mais ne se plaignait jamais. D’ailleurs quand il a décidé de déménager pour s’installer dans une résidence pour Séniors à une centaine de kilomètre d’où il habitait, je l’ai beaucoup regretté. Et puis finalement, j’ai choisi de retourner sur Lyon, à proximité de mes parents. Là, j’ai trouvé un emploi de vendeuse dans le prêt à porter. Bien sûr nous sommes restés en contact et nous nous appelions de temps en temps. Hélas les jours passent tellement vite… Cela faisait justement quelques semaines que je me disais qu’il allait falloir que je l’appelle pour prendre de ses nouvelles quand ce fichu courrier est arrivé.
Je n’ai jamais su qu’il était malade mais sur le courrier c’était indiqué qu’il avait succombé à sa longue maladie. Donc je n’ai pas eu besoin d’un dessin… Le cancer a encore frappé ! Le pauvre ! Ca me touche profondément car c’était une belle personne. Pour ce qu’il en est de sa richesse, je ne savais pas qu’il avait assez d’argent pour avoir fait un testament et encore moins qu’il ait eu une pensée pour moi. Que peut-il m’avoir laissé ? Une petite somme d’argent ? Un meuble ? Enfin bref, si je ne rentre pas, je ne le saurais jamais. C’est en regardant ma montre tandis que j’avance maintenant sur le trottoir que je me rends compte de mon retard. Merde, dix minutes ! Ouf, ça y est c’est là ! J’appuie rapidement sur l’interphone et me présente quand j’entends une voix me questionner. Dès que la porte s’ouvre, je file dans le couloir puis grimpe à la hâte les escaliers. L’assistante m’introduit alors dans le bureau du fameux notaire. Merde, ils sont déjà tous là et semblaient m’attendre. Tous ces visages braqués sur moi me rendent mal à l’aise.
Maître Jiguin m’indique alors une chaise demeurée libre. Mais au moment de m'asseoir, je découvre quelqu’un que je connais déjà. Merde… un ancien copain de classe. On s’était perdu de vue avant de se retrouver tout à fait par hasard, justement chez le défunt. Car pendant que je venais faire le ménage, lui s’occupait de l’extérieur. Il avait monté sa propre entreprise d’espaces verts.
Mais déjà, le notaire prend la parole :
- Si vous êtes aujourd'hui tous réunis, c'est que Monsieur Georges Mulonier, inhumé il y a un peu plus de six mois, vous a notifié sur son testament. Mais tout d'abord,...
Cela peut paraitre étrange mais je ne parviens pas du tout à me concentrer sur les rappels juridiques concernant les dispositions testamentaires. Tout ce que je retiens c’est que les intéressés pourront refuser leur part ou révoquer les écrits qui vont suivre.
Il m’a fallu deux minutes avant que je ne me rappelle de son nom… Oui c’est bien ça : Justin Talonye !
De la maternelle jusqu’au collège, on avait été inséparables puis la vie nous a totalement séparés. C’est quand on s’est retrouvé que j’ai appris qu’il avait 19 ans quand sa mère est décédée d’une leucémie. Comme ils n’avaient jamais connus leur père, c’est le jeune homme qui avait dû s’occuper de sa jeune sœur. D’ailleurs je constate qu’elle aussi est présente. Même si cela fait quelques années que je ne l’avais pas revue, certes elle a grandi mais n’a pas vraiment changé. Elle est juste devenue plus femme. Je constate d’ailleurs au passage, qu’elle est très belle. Son frère doit avoir du mal à supporter que les mecs lui tournent autour. Un peu plus loin, un couple guindé se tient bien droit. Comme l’aurait dit Mr Mulonier : "Ca sent fort le snobinard ici !" Hi, hi, hi j’adorais ses petites expressions. Mais effectivement, Madame avec son tailleur sans doute de grande marque et son petit foulard toise tout le monde. Que croit-elle ? Que parce qu’elle a un sac à main Hermès et une coupe de cheveux très chic, elle vaut mieux que nous ? Monsieur, quant à lui, avec son costume Hugo Boss, ses petites lunettes et son air pincé… Berk. Je ne sais pas quel lien de parenté ils avaient avec le défunt mais je n’aurais pas voulu avoir à faire le ménage chez eux. Je sens qu’ils m’auraient bien fait remarquer que nous n’étions pas du même monde. A leur côté, je remarque une adolescente un brin provocante. Si elle semble complètement se foutre de ce qui est en train de se dire, celle-ci mastique volontairement fort un chewing-gum. Je ressens son envie de se faire remarquer et d’ailleurs elle y parvient très bien. Surtout quand une énorme bulle éclate bruyamment, lui tapissant presque tout le visage.
Cette fois, le notaire s’interrompt un instant et la mitraille du regard. Mais l’effrontée enlève tranquillement les résidus de cette pâte à mâcher tout en le regardant narquoisement.
J’admire vraiment la patience de ce trentenaire. D’ailleurs, même s’il n’est pas à mon goût, c’est quelqu’un de très mignon dans son petit costume. Pas de doute, il doit avoir un succès fou avec la gente féminine.
Tiens donc, quand Maître Jiguin annonce qu’il va nous lire un courrier de feu Georges Mulonier, les snobinards s’agitent sur leurs chaises tandis que la provocatrice demeure comme figée. Intéressant tout ça.
21 commentaires
ceppi
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Il y a un mois
Jess Swann
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Il y a 2 mois
La Plume d'Ellen
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Il y a 2 mois
Keni
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Il y a 2 mois
La Plume d'Ellen
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Il y a 2 mois