Fyctia

Paris,

Après sa sortie de l’hôpital, Martin dut se reposer, comme lui avait expressément demandé le médecin qui avait signé son autorisation de sortie. Il était impatient de retourner sur le plateau financier. Il tournait comme un lion en cage dans son appartement !

Il était tout de même allé se promener plusieurs fois, pour prendre l’air et ne pas trop se ramollir. La salle de sport lui était interdite durant au moins un mois, il respecterait l’interdiction, car il ne souhaitait pas se donner à nouveau en spectacle ou finir entre quatre planches.

Son responsable l’avait déjà contacté deux fois, pour être certain qu’il reviendrait bien quelques jours plus tard. Il était le meilleur et la banque avait besoin de lui pour atteindre les objectifs ambitieux du trimestre, et il en avait été flatté.

Le jour J fut enfin là, il était arrivé encore plus tôt qu’à l’accoutumée, il s’était arrêté acheter prendre un grand café dans un shop spécialisé. L’ambiance commençait à s’électriser doucement, le marché était tendu ces derniers jours, dans la nuit, Wall Street avait clôturé à perte.

Quelques anciens vinrent le saluer, mitigés par son retour, arborant pour certains une moue mi-figue mi-raisin laissant par-là supposer que sa présence n'augurait rien de bon pour leurs propres transactions et l'intéressement qu’ils en retireraient

Dès que la bourse ouvrit, les hostilités commencèrent ! Martin fit quelques bons coups, les bénéfices étaient là, pourtant il ne ressentait pas l’excitation habituelle. Cette adrénaline qui coulait dans ses veines, celle qui le faisait se sentir puissant, là il était même limite agacé ! Il mit cela sur le compte de la reprise.

A la machine à café, il surprit une conversation entre ses collègues à propos d’un coup à faire concernant un gros chargement de bois d’Amazonie coupé illégalement sur le dark net . C’était à cause de mecs comme eux et donc comme lui que la terre ne tournait plus rond. Martin commença par vouloir leur faire entendre raison,

- Et les gars vous ne pouvez pas faire du fric sur ce genre de marchandise ! Il y a plein d’autres choses avec lesquels faire joujou pour vous remplir les poches.

- Tu sais très bien que là ça rapporte beaucoup plus et puis qu’est-ce que tu t’en à foutre ? Lui répondit un de ses collègues.

La voix de Lily semblait raisonner dans sa tête !

Voilà ce à quoi, il participait !

Il commença à hausser vraiment le ton, leur interdisant de faire ce genre de bénéfices.

- T’es bien placé, toi, pour venir nous faire la morale ! Mon vieux, ton séjour à l’hosto a du te taper sur le système.

Le sang de Martin ne fit qu’un tour, il sentit la colère jaillir en lui !

Il lui balança son poing en pleine figure, l’envoyant au tapis, le nez en sang. Les éclats de voix ayant ameuté les autres, ils accoururent voir ce qui se passait.

Martin était comme fou de rage !

La culpabilité se mêlant à la colère créant un mélange explosif. Ils durent intervenir, se mettant à trois pour les séparer, Martin se défoulant physiquement sur son collègue !

Personne ne comprenait ce qui c’était passé, et pourquoi Martin était dans cet état.

Il sortit prendre l’air pour se calmer, il se rendit compte à quel point il bouillait de colère surtout contre lui-même. Il avait refusé de voir la vérité en face, mais les prises de conscience qu’il avait eues à l’hôpital étaient bien là et maintenant qu’il avait ouvert les yeux, il lui était désormais impossible de faire marche arrière.

Il se tenait la tête, tellement désemparé par ce qu'il était en train de vivre.

Mais, qu'est ce qui m'arrive ?

Maxime, son responsable sortit pour comprendre ce qui se passait.

- Oh, Martin, relax… T'as du reprendre le taf trop rapidement. Rentre chez toi, prend quelques jours de vacances supplémentaires et reviens nous en pleine forme.

Les paroles de son supérieur ne firent qu’attiser sa colère! En fait il n’avait besoin ni de repos, ni de vacances, il avait simplement besoin de quitter cet endroit.

- Je me casse, Maxime ! Je n’ai plus rien à faire ici en fait.

Il retourna à son bureau prendre ses affaires et partit sans dire un mot, tout le plateau financier assistait à cette scène surréaliste, inimaginable, quelques semaines plus tôt.

Martin donna sa démission dès le lendemain et ne remit jamais les pieds à la concorde, personne ne comprit ce qui lui était arrivé.....

Dans les semaines qui suivirent, Martin eut besoin de savoir, de comprendre, ce à quoi il avait contribué, il se sentait coupable d’avoir brassé autant d’argent sans se poser aucune question.

Il s’était alors plongé à corps perdu dans des recherches, il voulait savoir quelles étaient les sociétés qu’il avait enrichies.

Il lui était impossible de continuer à nourrir un système dont finalement il avait ignoré la noirceur, un système qui l’avait certes enrichi, mais surtout un système qui détruisait la planète à petit feu.

Au début, il n’avait pas vraiment su par quoi commencer. Alors il avait regardé quelles étaient les activités des trois ou quatre dernières sociétés auxquelles il avait permis un gros profit ! La tâche s’avéra plus complexe qu’il ne le pensait, car pour deux d’entre elles, il s’agissait de sociétés écrans. Sociétés fictives qui dissimulent des transactions financières pour certaines illégales, d’autres sociétés.

Il avait passé des heures derrière son écran à la recherche de détails et d’informations.