Fyctia
Chapitre 18 : Le Voyeur
1462,
A mesure que le temps s'écoulait, les regards que les hommes portaient sur Elvira changeaient. Elle était devenue une belle jeune femme aux formes généreuses. Son caractère aussi avait évolué avec les années, indépendante, toujours plus éprise de liberté et de nature, et pour qui les épousailles ne présentaient toujours aucun intérêt.
Fort heureusement, ses parents respectaient ses choix et ses envies. Ce qui était très rare, elle leur en était d’autant plus reconnaissante. Quelques prétendants avaient tout de même demandé la main d’Elvira à son père, qui avait gentiment, mais fermement éconduit les jeunes hommes.
Il aimait sa fille et souhaitait son bonheur avant tout, il voulait que ce soit elle qui décide et choisisse l’homme qu’elle épouserait. Il espérait tout de même qu’un homme arriverait à faire battre le cœur de sa fille. Car pour l’instant elle était plus préoccupée à passer du temps dans les bois ou au bord de l’océan qu’à chercher l’amour d’un garçon.
Lorsque que le ciel était dégagé et que la voute céleste illuminait la nuit, Elvira s’allongeait dans l’herbe pour observer les étoiles. Elle se demandait comment cela pouvait bien être, d’aimer une personne de tout son cœur. Elle aimait ses parents bien sûr, sa grand-mère et Aketus, mais elle voulait savoir comment cela faisait à l’intérieur d’aimer d’amour comme elle s’amusait à le dire. Pour l’instant aucun jeune homme n’avait attiré son attention, aucun n’était suffisamment intéressant à ses yeux. Elle voulait quelqu’un avec qui elle pourrait partager des moments dans la nature, peut-être même ses secrets et qui ne penserait pas qu’à se battre ou aller à la taverne.
Elle détestait que des hommes plus âgés, viennent voir son père. Ceux-là même qui avaient de l’argent, et qui lui inspiraient la plupart du temps du dégoût !
Car elle savait bien ce qu’ils attendaient d’elle ! Heureusement, son père les éconduisait systématiquement.
Depuis quelques temps, elle avait une sensation étrange, parfois, quand elle se promenait dans la forêt, elle se sentait épiée…
Pourtant Aketus ne grognait pas, lui qui possédait un flaire hors pair, ne semblait pas inquiété.
Alors, elle chassa donc cette impression de son esprit, afin de profiter de ces instants uniques de liberté dans la Nature.
Dès le printemps, avec l’arrivée de la douceur, Elvira reprenait ses bains dans l’eau fraiche de la rivière. Se sentant pleinement vivante, ressourçant ainsi chacune des cellules de son corps. Elle s’allongeait ensuite sur un tapis d’herbes et de mousses afin de laisser le soleil la réchauffer et le vent la bercer par sa douce brise, c’était son rituel…
Elvira entrait alors en symbiose avec cette vie merveilleuse qui foisonnait autour d'elle… Le moindre chant d'oiseau, le moindre bruissement d'insectes ou l'ondulation des feuilles des arbres de la forêt la rendait rayonnante.
Il se montrait très prudent, il ne souhaitait surtout pas qu’elle devine sa présence et encore moins que son bâtard qui la suivait partout, détecte son odeur.
C’en serait alors fini de ces moments dont il se délectait à la suivre et à l'admirer. On disait au village que son chien avait un loup comme géniteur, hors de question de tomber entre ses crocs. C’est pourquoi, il utilisait son savoir pour masquer son odeur et grâce à quelques plantes savamment choisies, dont il s'enduisait le visage, les mains ainsi que les vêtements, il avait jusqu'alors pu passer inaperçu.
Il l’avait aperçu la première fois alors qu’il récoltait une plante indispensable à la réalisation de sa décoction. Elle était passée non loin de lui en chantonnant; elle ne l’avait pas vu, mais lui avait été séduit par sa voix et par l’ondulation de son corps.
Par chance le vent lui était favorable, car il avait empêché son odeur de parvenir aux museaux du gros chien qui la suivait.
Cela le mettait dans une colère quasi permanente, pris entre l’envie d’aller l’épier et le dégoût de ses propres pulsions de désirs envers cette fille. Personne ne devait découvrir qu'il l'épiait, si quelqu’un du village l’apprenait; il en serait fini de sa réputation.
Dans les jours et les semaines qui suivirent, il n’avait pu s’empêcher de penser à elle, il rêvait même d’elle la nuit, il rêvait de son corps !
Plus le temps passait et plus, lui brulait de désir pour elle.
Chacune de ses cellules semblaient se consumer de l’intérieur, la colère et même la haine l’envahissaient et c’était elle, la responsable !
Cette garce l’avait envouté ! Elle le détournait de son but, il ne pouvait pourtant se permettre d’avoir l’esprit ailleurs, il avait une œuvre à accomplir. Il se disait pourtant que si lui ne pouvait pas la posséder, alors personne d’autre que lui ne le pourrait.
A présent, il connaissait beaucoup de monde. Il était bien intégré dans la vie du duché et apprécié par la population, il pourrait bientôt commencer ce qu’il avait prévu.
Il se devait d’être patient, ne rien précipiter. Il allait bientôt faire appel à ses connaissances et à ses compétences. Tout ce savoir acquis au cours de ces dernières années, allait enfin se placer au service de ce grand projet !
Sa stratégie allait payer, même si cela lui coutait parfois. Etre dans la complaisance était à l’encontre de sa nature, et devoir faire comme s’il aimait les gens lui était devenu insupportable ! Et même si le temps était venu pour lui de commencer à mettre en place son plan à exécution, pour la grande réussite. Il lui faudrait encore jouer les âmes charitables un bon moment.
Pour ne pas se laisser envahir par la colère et la frustration, il pensait alors au but à atteindre et ce qu’ils allaient accomplir.
Apprécié du duc Enguerrand de Louvec, il pouvait arpenter le château librement. Il avait préparé le breuvage la veille, il entra dans la cuisine prétextant venir saluer le personnel et il en profita pour verser deux gouttes de son élixir dans le repas du duc. Il faudrait un peu de temps pour que les premiers effets se fassent ressentir, mais ils seraient irréversibles !
Il se devait d’être régulier pour que son plan fonctionne.
Il jubilait en son for intérieur, enfin, après toutes ces années de frustration et d’obéissance, il connaitrait le pouvoir. Il alla rejoindre le duc pour le saluer, comme il le faisait régulièrement depuis quelques semaines. Il avait mis en place certaines habitudes afin que sa présence et ses déplacements paraissent habituels aux yeux des habitants du château.
Satisfait, il regagna son logis et pu ainsi consacrer le reste de la journée à ces occupations habituelles.
Il ne fallait éveiller aucun soupçon, il était poli et courtois, un peu trop mielleux, et en l’observant bien on aurait pu déceler une certaine hypocrisie et noirceur dans son regard, parfois fuyant.
4 commentaires
Ana_K_Anderson
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Il y a 2 ans
Eva Conscience et états d'âme
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Il y a 2 ans
Rose Foxx
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Il y a 2 ans
Eva Conscience et états d'âme
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Il y a 2 ans