Fyctia
Chapitre 10 : L'alchimiste
En 1462,
Le soir venu, il aimait écrire à la plume, laisser ses idées et de ses pensées noircir le papier. A la lueur des bougies, les mots prenaient vie. Thibalt espérait marquer les esprits et l’histoire en devenant le plus jeune à découvrir la pierre philosophale et mériter ainsi le noble titre d’alchimiste.
Il était doué, persévérant et maitrisait depuis longtemps la fabrication de la poudre à canon. Son instruction serait encore longue, mais il travaillait dur, son maître l’encourageait et lui disait
« Une idée est toujours un cadeau, peu importe si elle est bonne ou non. Ce qui compte, c’est de l’écouter et d’en tirer l’apprentissage qu’il se doit ».
Il s’inspirait de ce qu’il voyait au dehors, dans la nature, pour créer l’accord parfait des éléments. Celui qui lui permettrait de transmuter le plomb en or. Son travail de recherche se fondait sur la symbolique et le lien entre les quatre éléments : Eau, Terre, Feu, Air, mais aussi sur les trois règnes vivants : Minéral, Végétal et Animal comme la représentation des trois grands principes alchimiques, Sel, Soufre et Mercure.
Thibalt était un utopiste qui rêvait d’un monde meilleur. Il espérait que cette période de guerre et de violence dans laquelle il vivait, pourrait changer grâce au savoir et à la connaissance. Avant même de savoir lire Thibalt avait aimé les livres. Les mots courant sur les lignes, s'assemblant pour former des phrases étaient pour lui une source d'émerveillement. Il avait commencé par décrypter les textes en s’aidant des enluminures.
Son intelligence, sa détermination et son obstination lui avaient permis d'apprendre à lire sans l'aide de quiconque.
Il était l’unique enfant d’un couple de paysans. Sa venue au monde fut très difficile pour Mathilde, sa mère , suite à cette couche, elle ne put avoir d’autre enfant. Ainsi toute l'attention de ses parents s'était concentrée sur lui. Son père Gauvin était un robuste travailleur qui prenait soin de sa famille. Il voyait bien que son fils était très différent de lui. Thibalt n’en avait que faire des épées et des histoires de chevaliers.
Il voulait savoir ce qu’étaient les étoiles qui brillaient la nuit dans le ciel. Pourquoi il y avait différentes saisons ? Comprendre, comment les fruits poussaient sur les arbres.
Ses parents essayaient de lui répondre dans la mesure de leurs capacités et de leurs connaissances. En grandissant son questionnement étant devenu trop poussé, bien au-delà de leur savoir, alors ils envoyèrent Thibalt voir l’échevin du village. Homme de grand savoir, il était le seul en mesure d'apporter l’éducation qui correspondait aux capacités de Thibalt. Celui-ci n’ayant pas d’enfant, avait pris le jeune garçon sous son aile et avait réussi à lui procurer quelques livres de théologie et d’alchimie.
Mathilde était très fière de son fils, comme il avait appris à lire, il aidait les gens de son village, les services rendus lui rapportaient parfois quelques piécettes. Il apportait ainsi sa contribution aux dépenses de la famille sans avoir à travailler durement dans les champs comme son père. De ce fait, il disposait de plus de temps à consacrer aux livres. Et même s’il passait des heures entières à lire et à s’instruire, il n’en restait pas moins un jeune homme sociable et chaleureux apprécié par toute la communauté.
En s’intéressant aux livres dès son plus jeune âge, il n’avait donc pas emprunter la voie de la chevalerie, comme certains du village. Alors qu’ils devenaient pages, Thibalt lui avait choisi de partir dans la grande ville en tant qu'apprenti chez un alchimiste. Il avait réussi à économiser quelques pièces de ci de là, ce qui lui permettait de sortir de sa condition sociale et ainsi d’accéder à un niveau d’éducation réservé normalement aux fils de seigneurs.
Mais pour se faire, la condition sine qua non, était d'aller chercher sa matière première. Cette fameuse matière première était traditionnellement de l'antimoine qui se ramassait sur les plages du cap Finistère en Espagnes, à quelques encablures de Saint-Jacques-de-Compostelle. Le point de chute du fameux chemin de pèlerinage, considéré comme la fin des terres, bout du monde, là où le soleil se couche.
Il partit durant presque deux ans, marchant sur les routes en quête du métal précieux, et aussi à la quête de lui-même.
En effet l'alchimie est aussi et tout d'abord une transformation de soi. Parfois il dormait à la belle étoile au bord du chemin blotti dans sa pèlerine en drap de laine, et à d'autre moment il trouvait le gite chez l'habitant.
Il revient de ce voyage, transformé, prêt à se mettre au travail.
2 commentaires
Mia Demo
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Il y a 2 ans
Eva Conscience et états d'âme
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Il y a 2 ans