Fyctia
Chapitre 2 : Lily
Martin ouvrit péniblement les yeux, une lumière pâlotte diffusait à travers les rideaux. Il entendait des «bips, bips» de machines, celles-ci mesuraient ses paramètres vitaux. Il se trouvait dans un lit d’hôpital ! Il lui fallut quelques minutes pour recouvrir ses esprits et se rappeler qu’il avait été pris d’un malaise.
Alors qu’un mal de tête lui vrillait le crâne, un mouvement dans le coin de la pièce attira son attention.
Il s’agissait d’une jeune fille d’une douzaine d’années qui s’était cachée derrière le fauteuil réservé au visiteur.
- Ah enfin, tu te réveilles ! T’étais carrément fatigué pour dormir autant…Salut, moi c’est Lily ! Et toi ?
Martin n’avait pas la force de protester, il voulait seulement qu’on lui fiche la paix ! Il n’eut pas le temps de prononcer le moindre mot, qu’elle enchaîna :
- Ici, c’est un peu comme chez moi, je vis à l’hôpital. Tu verras les infirmières sont cools et comme la bouffe est dégueu ! Elles m’apportent souvent des gâteaux !
Alors qu’elle semblait partie pour poursuivre son monologue, une infirmière entra dans la chambre.
- Mr Beaumont, je constate avec plaisir que vous êtes enfin réveillé. Je vais appeler le médecin pour qu’il vienne vous examiner.
Elle se tourna vers la fillette et lui dit avec douceur
- Lily, tu sais bien que tu ne peux pas te balader comme bon te semble dans l’hôpital. Et encore moins entrer dans la chambre des autres patients. Allez ouste, file d’ici !
Lily, fit un clin d’œil à Martin et sortit l’air de rien.
L’infirmière, qui se prénommait Rose, lui présenta ses excuses au nom de la jeune fille et enchaîna :
- Alors, comment vous sentez-vous ? Cela fait bientôt deux jours que vous êtes arrivé. Non, n’essayez pas de vous relever seul. Attendez, je vais mettre un oreiller derrière votre dos.
Rose joignant le geste à la parole, aida Martin à s’installer un peu plus confortablement.
- Elle a quoi cette gamine ? Lily, c’est ça ?
Martin avait remarqué que Lily n’avait plus de cheveux sous le foulard à fleur qu’elle portait sur la tête.
- On verra cela plus tard. Pour l’instant occupons-nous de vous.
Rose vérifia ses constantes, lui prit la tension. Malgré une baisse, seize, restait tout de même un peu élevé. Elle l’aida à boire, puis partit chercher le médecin.
A peine fut-elle sortie, que Martin vit la frimousse de Lily apparaître sur le pas de la porte. Malgré son teint pâle, la demoiselle avait un regard vif et espiègle.
- Je suppose que tu te demandes pourquoi je suis ici ? J’ai une maladie du sang très rare, et les médecins ne savent plus comment me soigner. Alors ils essayent des traitements qui viennent des States. T’imagines ! Mes médocs viennent du pays où tu peux visiter la statue de la Liberté !! Elle soupira.... Je kifferais tellement de grimper tout en haut, comme dans les films.
Malgré sa maladie, Lily semblait pleine de vie et facétieuse.
Comme si, elle avait senti leur venue, elle détala comme un lapin sans demander son reste, juste avant l’arrivée de Rose et du médecin. Martin n’avait pas eu le coeur de la renvoyer, alors même qu’il voulait être seul. Ce qui ne lui ressemblait pas, lui qui ne prêtait jamais attention aux autres, encore moins aux enfants.
- Bonjour, Mr Beaumont, je suis ravi de constater que vous êtes enfin réveillé. Vous avez subi une batterie de tests et d’examens pour comprendre l’origine de votre malaise. Et hormis une tension élevée, nous n’avons rien trouvé d’inhabituel. Nous allons vous garder en observation quelques jours, afin de nous assurer de l’évolution de votre état de santé.
Martin allait protester, mais il était trop las. Pour la première fois de sa vie, il n’avait pas envie de se battre, mais de dormir…..juste dormir…..
Il chassa les souvenirs de son esprit, il n’aimait pas repenser à ce jour où sa vie avait basculé. Arrête de divaguer et concentre toi sur ton parquet ! Il l’avait choisi en chêne massif dans les teintes de miel clair. Il aimait toucher la texture du bois du bout des doigts et imaginer les arbres dont les planches provenaient.
Bientôt il pourrait marcher pieds nus sur ce sol. Désireux de rendre à la nature ce qu’il lui avait pris, plus d’une vingtaine d’arbres d’essences différentes avait été plantés dans la propriété. Le sol de la cuisine était celui d’origine, en tomettes, qu’il avait fallu récurer une à une ! Un vrai travail de titan ! Mais cela leurs avait rendu leur éclat d’antan et avait été un véritable exutoire à sa colère et à sa frustration !
Il prenait le temps de faire les choses lui-même et de travailler avec ses mains, un luxe qu’il appréciait, même si cela était nouveau pour lui. En effet, il avait toujours été dans l’action, la rentabilité et l’efficacité.
Durant les travaux, il logeait dans un petit gîte, situé à quelques kilomètres de sa longère, il pouvait ainsi dormir dans un endroit confortable, chauffé et sans poussière. La propriétaire lui préparait à dîner deux à trois fois par semaine, ce qui lui permettait de rester tard sur son chantier.
Et puis, il avait redécouvert ce que signifiait le mot sommeil, entre le travail physique, l’absence de pression et une consommation de café devenue raisonnable, il dormait enfin normalement. Le soir il s’endormait comme un loir et le matin au réveil, il était en forme et prêt pour démarrer une nouvelle journée.
Ce nouveau mode de vie, plus simple, lui plaisait finalement, il ne l’aurait jamais choisi spontanément, mais le destin en avait décidé autrement. C’était un changement tellement radical : à peine un an plus tôt, il lui arrivait de brasser des millions en une seule journée, aujourd’hui il brassait des dizaines de planches de bois.
Cette image l’amusait presque, avec l’achat de cette maison, n’avait-il pas eu la preuve qu’après la pluie arrive toujours le beau temps ?
Il était peut-être temps pour lui, de se laisser enfin porter par la vie.
4 commentaires
Shaddie.M Lynss
-
Il y a 2 ans
Eva Conscience et états d'âme
-
Il y a 2 ans
Margo H
-
Il y a 2 ans
Eva Conscience et états d'âme
-
Il y a 2 ans