Fyctia
Ch.3 : La tête dans les nuages
Dès le lendemain, une fois les vérifications d’usage réalisées, Martin eut l’autorisation d’une petite promenade dans le parc de l’hôpital.
Celui-ci était plutôt plaisant : quelques grands arbres, chênes, tilleuls et platanes offraient d’agréables coins ombragés. Des bancs avaient été installés et des parterres de fleurs apportaient de jolies touches de couleurs.
Le soleil de septembre était encore chaud, même si une légère brise rafraîchissait l’air. Martin portait une veste, avec la fatigue il avait froid. Il marchait lentement, ce qui n’était pas dans ses habitudes, mais il savait que son corps n’était pas en mesure de lui permettre un rythme plus soutenu.
Il s’assit sur un banc, le ciel était bleu, malgré quelques gros nuages blancs. A peine installé, il entendit la petite voix fluette lui demander :
- Tu vois quoi, toi dans les nuages ?
Martin ne comprit pas la question, pourtant elle enchaina : Moi, celui de droite, me fait penser à un cheval !
C’était Lily qui l’avait rejoint ou suivi. Encore cette gamine ! Et qu’est-ce qu’il en savait de ce qu’il y avait à voir dans ces foutus nuages ! Pourquoi cette gosse était-elle toujours collée à ses basques. Il allait lui demander qu’elle lui fiche la paix, mais il se ravisa, se rappelant que la petite était malade, ce n’était pas un homme sensible, mais il n’était pour autant sans cœur.
- Je parie que tu n’as jamais pris le temps de regarder les nuages passer dans le ciel. Encore moins t’imaginer à deviner les formes qu’ils représentent. Et sinon, tu connais le nom des oiseaux qui boivent l’eau de la fontaine ? Voyant sa tête, elle poursuivit :
- C’est des mésanges, t’es franchement pas très doué ! T’as pas l’air d’y connaître grand-chose aux animaux. Et puis, je te trouve tout blanchâtre, tu dois pas souvent mettre le nez dehors ! T’es pire que les geeks qui passent leur temps sur leur ordi. Tu ne dois pas avoir une vie très cool. Tu fais que bosser en fait !
Cette gamine était sacrément agaçante, avec ses remarques déconcertantes de perspicacité !
- En effet, je travaille beaucoup et je n’ai pas de temps à perdre à « observer » la nature comme tu dis. Je n’en ai nullement besoin et encore moins envie !
- Mais ce n’est pas perdre du temps ! C’est hyper important, pour pouvoir la protéger au mieux, nous devons connaître la nature ! Tu sais, moi du temps, je n’en ai plus beaucoup ! Et pourtant je m’émerveille chaque jour grâce à elle !
Il mit quelques instants avant de réaliser l’importance des mots de Lily, qui lui firent l’effet d’une gifle en pleine figure. Comment une gamine pouvait-elle parler ainsi ? Oser se confier à un parfait inconnu, avec une telle maturité.
Le téléphone de Lily émit, un petit bip.
- Mince, j’avais pas vu l’heure, faut que je file. Je veux voir le concert de M.P en live, je l’adore !! Il est trooooop bien, j’voudrais tellement aller à un d’ses concerts. Allez, salut !
Elle partit comme elle était arrivée !
Dans les minutes qui suivirent son départ, Martin se sentit un peu seul. Cette gamine apportait avec elle, quelque chose qu’il ne savait pas expliquer. Pourtant, il ressentait à présent de la frustration et de la colère ! Etre là, à l’hôpital, alors que le marché devait s’agiter, il savait que tout cela continuait qu’il soit là-bas ou pas.
Évidemment que le monde n’allait pas s’arrêter de tourner, parce que Mr Martin Beaumont était hospitalisé!
Évidemment que les autres, « ses collègues » avaient autre chose à faire que de prendre de ses nouvelles ! Car oui, en son absence, les parts de marché, les bénéfices, le fric étaient pour eux. Amer de ce constat, il comprenait que dans ce milieu de requin, où le succès est éphémère, personne n’était d’irremplaçable, pas même lui.
Il rongeait son frein assis sur ce banc. Quelle poisse ! Je ne vais pas croupir ici, longtemps ! Foutaise ces trucs de gamine, je perds mon temps ! Il allait partir en râlant, quand les paroles de Lily lui revinrent à l’esprit. Alors il leva la tête et pour la première fois, il observa les nuages. Ils étaient cotonneux pareil à une immense Barbe à papa. Lui rappelant celles qu’il dévorait à la fête foraine et qu’il adorait manger, en tirant de gros morceaux avec ses doigts. Laissant les filaments de sucre collés à ses vêtements !
Pris dans sa rêverie, il crut voir un ours apparaitre dans le ciel.
Finalement, il retourna dans sa chambre d’un pas un peu plus léger qu’à son arrivée.
9 commentaires
Shaddie.M Lynss
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Il y a 2 ans
Eva Conscience et états d'âme
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Il y a 2 ans
Margo H
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Il y a 2 ans
Eva Conscience et états d'âme
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Il y a 2 ans