Fyctia
Chapitre 1
Il avançait vite aujourd’hui, la pose du parquet était bientôt terminée. Cela faisait presque six mois qu’il s’était lancé dans la restauration de cette longère . Il avait fini par apprécier la solitude et l’isolement. Ils lui étaient même devenus salutaires.
Il avait appris à bricoler avec son grand-père paternel, lorsqu’il passait ses étés à la ferme, étant enfant. Mais parvenu à l’adolescence, le calme de la campagne, n’avait pas pu rivaliser avec l’effervescence de la vie parisienne.
A présent, ses journées étaient rythmées par l’avancement des travaux. Le gros œuvre avait été réalisé par des artisans du coin et il avait pris le relais pour rénover l’intérieur. Il avait besoin de s’occuper, cela lui évitait de réfléchir à ce qu’il pourrait faire de sa vie.
A tous justes trente-huit ans, Martin ne se voyait pas sans but ! Sous prétexte de travaux, il repoussait sans cesse l’échéance de cette introspection. La propriété qu’il possédait, était composée d’une longère d’une belle superficie de plus de deux cent mètre carrés, de deux dépendances, le tout bâti sur une propriété de plusieurs hectares traversée par une rivière.
Il avait eu un coup de cœur quelques mois plutôt, en voyant l’annonce dans une agence immobilière, alors qu’il flânait dans les rues de Brest. Tandis qu’il se recoiffait, son regard s’était posé par hasard sur la vitrine. Il était revenu le lendemain pour demander à visiter la propriété, alors que son séjour en Bretagne touchait à sa fin.
L’extérieur était en bon état, mais l’intérieur de la bâtisse était entièrement à refaire. La cheminée monumentale, en granit était superbe. Séduit d’emblée par cette maison chargée d'histoire, il fit donc une proposition à l’agent immobilier. Habitué à vendre des résidences secondaires aux hommes d’affaires, celui-ci fut donc surpris d’apprendre qu’il s’agissait là de l’achat d’une habitation principale. Il se demanda ce qui motivait un homme de son style, à venir s'installer dans ce coin reculé.
De retour dans son loft parisien, Martin se demanda ce qui lui était passé par la tête. Les médicaments avaient dû altérer son jugement. Il choisit d’écrire à l’agent immobilier Mr Thomassin, pour lui faire part de sa décision, de se rétracter. L’offre datant de moins de quarante-huit heures, il pouvait légalement se dédire. En ouvrant sa boîte mail, il constata que Mr Thomassin lui avait écrit « Cela tombe très bien, je vais lui dire que finalement, je ne vais pas acheter dans ce trou perdu ! » Le message contenait de nombreuses photos, ainsi qu’une vidéo de la maison et du terrain. Quand Martin eut regardé plusieurs fois les clichés et la vidéo, il revint à nouveau sur sa décision ! Sans savoir pourquoi, il se voyait déjà vivre dans cette maison en pierre au charme ancien. Et puis, après tout ! Qu’as-tu à perdre ? Il ne savait pas quoi faire de son temps et il avait largement les moyens de s’offrir cette folie. La restauration de cette maison lui donnerait un but, au moins pour quelques mois, et ainsi l’occasion de prendre un nouveau départ.
Il avait supervisé les gros travaux depuis Paris. Se rendant régulièrement sur place pour échanger en direct avec les artisans, étonnés par les connaissances de Martin. Pour la rénovation, il exigea uniquement des matériaux locaux et de qualités ! Il avait les moyens d’assouvir ses envies et cela se percevait au travers de ses choix. Bien que le terrain ait été entretenu, il fit appel à un paysagiste pour réaménager les abords de la maison, afin d’y créer une terrasse sur la partie exposé au sud. Des massifs et des arbres avaient été plantés.
Ce nouveau venu commençait à faire parler au village, les gens se demandaient qui était ce bobo parisien qui dépensait des milliers d’euros pour rénover l’ancienne ferme du père Lecornic.
Le temps était venu pour lui de quitter la capitale et de mettre enfin un point final à son ancienne vie ! Il s’était tellement dévoué corps et âme à son job durant les dix dernières années, qu’il n’avait plus d’amis. Les seules personnes qu’il côtoyait étaient « les collègues » de bureau. Dans le milieu de requins dans lequel il avait évolué, connaissances de bureau était un terme bien plus approprié.
Pourtant, il sortait régulièrement avec eux le soir, pour aller se détendre après une dure journée: pubs, boîtes branchées, bars à vin, bars à streap tease, bref tous les endroits fournissant alcool, drogue et filles étaient leurs principales destinations. Lui ne consommait que de l’alcool mais certains de ses collègues snifaient, pour “tenir le coup”, comme ils aimaient à dire. Ainsi pour supporter la pression, ils se remplissaient le nez de poudre à longueur d’année…. Lui tenait à grands coup de cafés et de boissons énergisantes. Le métier de trader rapportait un paquet de fric ! Encore fallait-il tenir dans cet univers impitoyable !
Après la validation d’un master en gestion des opérations de marché, il fut embauché par la banque Crédit Européen. Il obtient très vite d’excellents résultats. Il apprenait vite, était réactif et intuitif, il «ressentait» le marché et faisait des opérations d’achats/ reventes de plus en plus spectaculaire. Il pouvait faire gagner à la banque plusieurs millions en une seule journée. Forçant ainsi le respect de ses supérieurs, mais suscitant la jalousie chez ses collègues. En quelques années seulement, il était devenu le meilleur, lui permettant ainsi de gérer les plus gros portefeuilles. Bourreau de travail, il ne prenait presque jamais de congés.
La banque ne fut pas la seule à gagner de l’argent. Avec ses commissions et ses primes, il amassa un paquet de pognon. Il investit dans divers fonds monétaires qui lui rapportaient beaucoup. Il diversifia aussi son épargne en achetant des appartements. Grâce aux relations chez les notaires ou les agents immobiliers qu'il avait crées, il eut accès aux infos en avant-première, lui permettant ainsi de réaliser les meilleures affaires ! S’il y avait une bonne plus-value à la clé, il revendait aussitôt. Il travaillait sans relâche ! Pour être le meilleur, pour être celui qui ferait les gros titres dans les journaux spécialisés. Le Frenchie dont on parlerait même à Wall Street. Martin était riche ! Et pourtant cela ne le rendait même pas heureux ! Il n’avait pas le temps de se poser de questions. Alors pour compenser, il offrait à ses parents une vie de rêve ! Maison, objets connectés dernier cri, tout ce qu’ils auraient pu imaginer et bien plus encore.
Un après-midi du mois de septembre, alors que le CAC40 battait son plein, en effet le marché avait pris 12% en trois jours, un record, l’ambiance était électrique, tout le monde tournait à fond. Martin venait de réaliser un très gros coup, vendant juste avant la clôture du marché à Taiwan, une cargaison de composants électroniques. Il s’était senti mal, en sueur, pris de vertiges, n’ayant pas eu le temps de s'asseoir. Il s’était évanoui au milieu du plateau financier, dans le bruit assourdissant des sonneries de téléphones.
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Shaddie.M Lynss
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Gabrielle Dubois
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User260611
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Morgane Rigan
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Romy Bexley
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