Fyctia

À l’intérieur, il me montre du doigt un panneau affiché à trois mètres de haut avec inscrit dessus « Chambre » en grandes lettres grasse. Un rire amer m'échappe. 

C’est une blague ? 

Une abrutie, voilà ce que je suis. Non, mais à ce niveau-là, c’est être aveugle ! Comment ai-je pu manquer ça ? Déjà que je n’ai aucune orientation, si en plus je suis malvoyante, je vais vite mourir dans les prochaines épreuves.

- Viens, je vais te montrer comment retrouver ta chambre, me dit-il subitement en m’attrapant la main.

Pas si timide tout compte fait !

Eh moi, je me laisse traîner dans ce labyrinthe vivant. Du moins pas forcément parce que mon premier réflexe reste de retirer la main qu'il a saisie sans mon accort, cela s'avère impossible. Son contact me brule la paume, je dois retirer ma main et vite ! Mon sang ne fait qu’un tour, je vais perdre le contrôle si je ne m’éloigne pas. Les garçons ont un gros problème avec le respect de mon espace vital. 

Étrangement, je n’arrive toujours pas à me défaire de son emprise. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer, mon corps n’écoute plus mon cerveau.

Il fait combien dans cette pièce ? J’ai chaud. Mes mains deviennent moites. De la sueur humidifie l'intérieur de mes seins ainsi que l'endroit situé entre mes cuisses. C’est étrange, j’ai une soudaine envie d’explorer son corps. De le toucher. D’embrasser ces lèv…

- Nora, entendé-je crier de loin. 

Qui m’appelle ? Ce n’est pas grave, cette personne peut bien attendre, je suis occupée. Rien ne peut m’empêcher d’avoir une relation sexuelle. 

 Sortie de nulle part, quelqu’un sépare ma main de celle de mon compagnon, le charme se rompt instantanément. 

Attends, je rêve où j’avais envie de coucher avec cet inconnu ? Les sueurs chaudes ressenties jusque-là deviennent froides. Ce garçon m’a envoutée ? Non, mais je rêve. Après, on se demande pourquoi je déteste les contacts physiques. 

- Que comptais-tu lui faire ? Dit Stavros en le poussant fort contre le mur. Laisse-moi deviner, tu voulais abuser de la fille la plus canon de l’amphithéâtre pour te vanter devant tes potes.

Pourquoi est-il si énervé ? Ok, ce mec avait des idées pas très claires, mais me protéger est-il nécessaire ?

Si j’avais inconsciemment couché avec lui, je l’aurais tué au réveil. Problème réglé. Au moins mon intimité aurait été humide pendant l'acte, vu les sensations que je commençais à ressentir, et donc je n'aurais pas souffert d'une pénétration à sec, devrais-je dire.

J’ai connu bien pire qu’un viol de ce genre par le passé. Être forcée à coucher avec une personne alors que l’on est sèche comme le désert, que l’on ne comprend pas la situation dans laquelle nous sommes à la vue de notre âge à ce moment-là. De plus, pour couronner le tout, j’étais vierge. C'était terrible, ce souvenir est horrible.

C’était une première fois mémorable.

- Je ne possède pas de pote ici et je n'avais aucune intention de coucher avec elle, lui réplique-t-il agacer de son irruption.

Les nerfs à flots, Stavros perd patience et serre les poings, prêt à le frapper. Sa respiration se fait lourde. L'autre gars le voyant bouillonné reprend la parole.

- Je t'assure que je ne maitrise pas totalement mon don et quand une fille me plait, il se manifeste sans que je ne le veuille, il se tourne ensuite vers moi. Navré, je n'avais aucune mauvaise intention, bonne soirée à toi, finit-il par me dire avant de filer rapidement.

Le froussard.

- C'est ça, dégage, dit Stavros en fixant son dos.

Stavros se tourne vers moi et attrape la main que l'autre garçon avait prise. Il se met à l'examiner. Cette fois, je le laisse faire, épuiser de repousser les mains des gens.

- Regarde l'intérieur de ta paume, ainsi que ton poignet, me dit-il.

Un liquide vert fluo se diffuse dans mes veines, il ne m'a quand même pas refilé une maladie. Un virus herpes transmissibles par contact peau à peau ?

- Non, c'est son pouvoir encore actif chez toi, c'est un lointain descendant de la déesse de l'amour Aphrodite, d'où la visibilité du liquide. Un descendant direct comme toi ou moi n'aurait pas laissé de preuve et le liquide n'aurait pas été aperçu, m'explique-t-il.

J'examine son visage dont aucune imperfection n'est visible, je dois être toujours sous l'effet de ce liquide puisque je fixe ces lèvres et les sensations de tantôt me reviennent de plein fouet.