Fyctia

Mon appartement est glacial.

Rien à voir avec la maison des Monroe, baignée de lumières dorées et de rires chaleureux. Ici, seul le bourdonnement du chauffage trop faible brise le silence.

Je referme la porte derrière moi, le souffle court. J’ai roulé sans réfléchir, les mains crispées sur le volant, le cœur battant à tout rompre. Mes pensées tournent en boucle autour d’Ezra, du passé, de tout ce que j’ai tenté d’oublier.

J’arrache mon manteau, le balance sur une chaise, puis m’effondre sur le canapé.

Pourquoi diable j’ai accepté ce foutu service ? J’aurais pu être ailleurs, rire avec Maya, boire un cocktail et ignorer jusqu’à l’existence d’Ezra Monroe.

Mais non.

Au lieu de ça, je suis là.

Dans cette ville.

Dans mon appartement vide.

Avec ce poids dans la poitrine.

Je sens ma gorge se serrer, et mon premier réflexe, c’est d’attraper mon téléphone. Je cherche son nom et, avant de pouvoir me convaincre du contraire, j’appuie sur l’écran.

Une sonnerie.

Deux.

— Babe ! Je me demandais quand t’allais appeler, lance Maya, joyeuse. Alors, cette soirée ? Ça s’est mieux passé que prévu ?

J’ouvre la bouche, mais aucun son ne sort. Et puis, comme un barrage qui cède, mes larmes débordent.

— Sienna ?

Ma respiration se bloque.

— C’était horrible, je murmure d’une voix brisée.

Le silence tombe, puis Maya parle, plus douce.

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

Je secoue la tête, même si elle ne peut pas le voir.

— Il était là, Maya. Ezra. Il m'avait promis qu'il ne serait pas là !

Elle jure doucement et J’essuie rageusement mes joues, mais ça ne sert à rien.

— Je croyais que j’étais passée à autre chose. Je croyais que ça n’avait plus d’importance. Mais être là-bas, le voir… c’était comme si tout me revenait en pleine face.

Maya ne répond pas tout de suite. Puis, calmement, elle souffle :

— Comme si tu ne l'avait jamais vraiment oublié...

Je ferme les yeux, mon cœur ratant un battement. Je ne l'avait jamais oublié

— Ouais, je murmure.

— Écoute-moi bien, babe. Ce type… il t’a fait du mal, c’est normal que ça te secoue encore. Ça veut pas dire que t’es faible ou que t’es pas passée à autre chose. Juste que certaines blessures mettent du temps à guérir.

J’essaie d’inspirer profondément, mais ma poitrine est trop serrée.

— Je voulais juste poser un foutu carton et partir. Et au final, j’ai fini coincée avec lui, avec sa famille parfaite, incapable de profiter de l'ambiance de cette fête qui arrive comme si j’étais…

Ma voix se brise.

— Comme si j’étais restée coincée dans le passé.

Maya soupire.

— T’as fait ce que t’avais à faire. T’es partie. T’es rentrée chez toi. Maintenant, respire.

Je hoche la tête même si elle ne peut pas le voir.

— Respire, répète-t-elle. Bois un truc chaud, mets-toi sous un plaid et oublie-le. Ce mec ne mérite pas tes larmes, babe.

— Je sais.

Mais pourtant, elles continuent de couler.