Céleste Savigny Je coulerai avec toi Chapitre 20

Chapitre 20

JULIETTE


Aujourd’hui


Maman,


J’ai couché avec mon meilleur ami.


Je sais, c’est mal. Je sais, c’était la pire des idées. Je sais, je risque de gâcher notre amitié. Pas besoin de me sermonner, je t’assure ! Je le fais très bien toute seule.


Je pense bien que ça ne recommencera plus. Je lui ai demandé juste une fois. Je l’ai eue.


J’ai un peu honte de le dire, mais je suis presque triste. Aucun homme ne m’a jamais fait jouir de la sorte. C’était si intense, si passionnel, si fusionnel.


Je ne sais pas ce qui nous a pris. C’est arrivé comme ça, le soir de mon anniversaire. J’ai passé un anniversaire formidable, avec des gens qui le sont tout autant. Et les cadeaux que j’ai reçu ont certainement été les plus beaux depuis des années.


J’avais bu mais quand ses lèvres se sont posées sur les miennes, il n’y avait plus aucun effet. C’est lui qui a commencé à m’enivrer. Il s’est mis à explorer chaque partie de mon corps et je ne me suis jamais sentie aussi désirée, aussi belle, que dans ses yeux.


Mais c’est mon meilleur ami. Cela ne doit pas arriver avec son meilleur ami, n’est-ce pas ? Alors pourquoi cela me manque déjà ?


Je me raisonne, rassure toi. Mais je ne peux pas lutter contre mon cerveau qui me répète que si j’ai assouvi mon envie, elle s’est désormais amplifiée.


Le problème vois-tu, c’est que j’ai peur que ça change tout entre nous. Je suis stressée à l’idée d’avoir franchi le pas de trop. J’ai peur qu’il ne me regarde plus comme avant. J’ai peur que m’être donnée à lui ai tout changé.


D’habitude, cela m’est bien égal. Mais cette fois c’est différent.


Parce qu’il est différent.


- Ta Liette

***


Pierre-Arnault.


À peine ces mots ont-ils été prononcés que mon cœur s’est arrêté de battre. Quelle était la probabilité pour que le père de Léo soit avocat ? Encore plus, comment aurait-il pu être au courant de cette affaire qui est la mienne ? Je ne cherche même pas à savoir le pourquoi du comment. Je me contente de m’écrouler.


Je me suis effondrée. Comme un château de cartes sur lequel on aurait soufflé trop fort. Je ne voulais pas que Léo l’apprenne comme ça. Je ne veux pas que ses parents me prennent en pitié. Je ne veux pas être confrontée à la réalité.


Cela peut sembler fou mais j'ai perdu énormément de souvenirs de cet événement. C'est comme si mon cerveau s'était éteint durant une durée indéterminée pour m'empêcher de penser. Les médecins parlent d'amnésie traumatique. Je me souviens de ce jour-là, j'ai tous les détails en mémoire. Cependant, les mois qui ont suivi sont très flous. J'étais là, sans être là.


C'est comme si j'étais morte intérieurement mais que mon corps fonctionnait encore, me rappelant sans cesse que j'étais bel et bien en vie tandis qu'elle ne l'était plus.


Le cerveau a cette capacité de vous faire oublier ce qui est insupportable. En quelque sorte, il vous protège. Aujourd'hui encore je me demande si c'est une bonne chose d'avoir oublié. Parce que le corps lui, n'oublie jamais.


J’ai fini par me calmer. Daphné m’a fait du thé. Léo est resté avec moi tout le long jusqu’à ce que je lui demande de me montrer où je pouvais me laver.


– Tu es sûre que tu veux être seule ? demande-t-il.

– Je vais juste me laver. Je reviens après.

– D’accord.


J’ai tellement pleuré que mon visage est gonflé. Je ne ressemble plus à rien. J’ai mal aux genoux car je suis tombée dans les graviers et leurs empreintes sont encore visibles.


Quand je suis enfin lavée, je me dirige vers la chambre de Léo. J’ai décidé que je dormirai avec lui. Je n’ai pas envie d’être seule. J’ai juste besoin de sa présence.


Je le vois qui arrive et il se pose près de moi. Il prend ma main et semble attendre que je parle ou que je m’explique. Pour autant, c’est lui qui commence à parler.


– Juliette, je ne sais pas ce qu’il s’est passé exactement, je suis désolé que cela se soit passé comme ça aujourd’hui...Je m’excuse pour mon père et...

– Non, laisse-moi parler d’abord. Je vais te dire, tout te dire.


Je prends une grande inspiration. Je sais que je vais devoir lui raconter mon histoire et j’en ai besoin. Il m’a vu m’écrouler à deux reprises et il ne sait même pas réellement pourquoi. Mais comment est-on censé trouver les mots justes pour ce genre de choses ?


Comme s’il savait ce que je m’apprêtais à lui raconter, il me prend la main et la caresse délicatement. Alors, je commence et je replonge une fois de plus dans ce cauchemar qui est le mien.


Tu as aimé ce chapitre ?

1

1 commentaire

Gottesmann Pascal

-

Il y a 2 ans

La pauvre Juliette souffre tellement. On aimerait l'aider mais, derrière notre clavier d'ordinateur, on ne peut rien faire. Elle se sent assez à l'aise aux côtés de Léo pour lui confier ce qui s'est passé.
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.