Fyctia

— Bon, a dit Peter en sortant un vieux plan griffonné du chalet. La première chambre sera pour Jayden et moi, la deuxième pour Miguel et Nathan, et la troisième, c'est une chambre triple donc Jahan, Scott et Isaac.

— Mais mon cochon t'as pété les plombs je me mets où moi ? Si tu refais tes calculs tu viens de citer sept places et on est huit. Vous m'avez déjà ignoré dans l'avion vous pouvez pas me laisser dormir dehors cette fois-ci !

— C'est parce que je t'ai laissé le canapé-lit du salon, répond Peter en souriant comme si c'était une offre de luxe. Il est juste un peu... replié sur lui même. Mais j'ai fait ça pour ton bien... Je sais que tu n'aimes pas dormir avec quelqu'un à côté de toi.

J'ai malencontreusement tourné la tête vers ledit canapé-lit qui ressemblait à une œuvre d'art contemporaine. Trois ressorts dépassaient, j'ai eu un « eyes contact » avec une tâche marron suspecte sur l'accoudoir gauche et quelqu'un avait laissé un sachet de sauce soja dessus.

— Je ne dormirais pas là-dessus, je préfère encore dormir dans la remise avec les skis plutôt que d'attraper je ne sais quelle maladie moyenâgeuse sur ce canapé.

Spoiler : il a fini dans la remise. D'après son récit post repos, il aurait fait la rencontre d'une souris qu'il aurait appelée Steve.

Les chambres étaient absolument sublimes. Ambiance catalogue de Noël : lits king-size avec des draps en flanelle crème recouverts de plaids épais couleur crème et vert sapin, des guirlandes lumineuses suspendues aux poutres, des bougies parfumées à la cannelle et à l'orange brûlaient doucement, des tapis moelleux blanc cassé parsemés le parquet et chaque chambre avait son propre petit sapin décoré, boules rouges mates, nœuds en velours, étoiles dorées.

Je ne partirais jamais d'ici.

Même l'air sentait la vanille, le bois et le sucre. On aurait dit que quelqu'un avait kidnappé l'esprit de Noël et l'avait enfermé dans ces murs. Peter a posé sa valise au pied du lit avec un petit soupir satisfait, genre « je mérite tout ça ». Jayden a regardé autour de lui, méfiant :

— C'est piégé, non ? Y'a un piège quelque part. C'est trop bien.

Dans l'autre chambre, Miguel a plongé directement dans le lit. Il a sauté dessus, bras écartés et s'est enterré dans les coussins. Nathan, lui, a inspecté toutes les décorations comme s'ils n'avaient jamais fêter Noël de sa vie. Il caressait les rideaux, les coussins et même les murs, comme si le chalet allait lui révéler un secret.

— Regardez-moi ce niveau de détail ! Même les cintres sont en bois.

Il a ouvert l'armoire, découvert un peignoir rouge à carreaux suspendu, et a glissé :

— Si vous me cherchez, je suis devenu bûcheron.

Dans la chambre triple, les lits étaient séparés par de petites étagères en bois foncé remplies de livres de Noël, de puzzles en boîte et de jeux de société vintage. Scott s'est assis sur le bord du lit, et Isaac a allumé une guirlande, l'a regardé clignoter, et a dit très sérieusement :

— Elle a la même fréquence que mes chakras, Je vais donc dormir ici.

Et c'est comme ça qu'il s'est installé par terre, sur le tapis, moelleux ceci-dit, en position du lotus. Je lui ai tout de même proposé d'aller chercher le matelas gonflables qu'on a laissé dans le van « au cas où » mais sans succès. Le tapis ou rien.

J'ai ouvert la fenêtre dont la vue donnait sur une forêt de sapins enneigés, comme un décor de carte postale. Tout était silencieux. Les paysages aux Canada sont tous plus beaux les uns que les autres mais ici sans voiture, sans lumière artificielle, sans bruit humain... on avait l'impression d'être seuls au monde. Puis on a entendu un cri venir du fond du couloir :

— Steve est dans ma chaussure ! a hurlé Liam tellement fort qu'il a certainement réveillé toute la faune et la flore environnante.

Fin de la parenthèse magique.

Pendant que les autres se battaient avec la chaussure de Liam, j'ai décidé de faire un tour du propriétaire. Le salon était immense, en dehors du fameux « canapé-lit », il y avait un autre canapé, un canapé d'angle cette fois, en velours beige. Il trônait devant une cheminée en pierre où un feu crépitait déjà. Au-dessus, une guirlande de branches de pin, de pommes de pin et de mini boules rouges encadrait une pancarte en bois gravée : « Ici, c'est toujours Noël ». Sur la table basse en bois brut, un jeu d'échecs en marbre, des livres de contes illustrés, et encore une bougie (j'espère qu'on a le droit de les prendre à la fin du séjour si elles ne sont pas fini). Odeur « forêt enchantée », on est dans le thème.

La cuisine, elle, était digne des plus grands films. Énorme îlot central, plaques en fonte, bocaux alignés par taille, une cloche à gâteau (vide pour l'instant), et des tasses de Noël accrochées à des crochets avec des prénoms au feutre doré. Aucun prénom ne correspondait aux nôtres et pourtant j’espérais quand même que je pourrais en piquer un ou deux avant de partir. Pour le souvenir quoi.... je ne suis pas cleptomane...

La salle de bain était indécente. En revanche, il n'y en avait qu'une seule pour huit... Double vasque en pierre, baignoire sur pieds, miroir doré ovale, serviettes roulées façon spa. J'ai même trouvé des peignoirs brodés « CP » (Chalet du Pin... ? Chalet Possédé ? A déterminer). J'ai ouvert le placard, par curiosité. Des savons artisanaux, emballés individuellement. A la cannelle, à l'amande et au pain d'épice. S'ils ne sont pas fini, j'espère que... enfin bon, on a compris.

Je suis revenue dans le salon et je suis tombée sur Jayden qui essayait d'enrouler Miguel dans, visiblement tous les plaids de la maison ? Est-ce qu'il essaie dans faire un burrito ?