Fyctia

Tout allait bien jusqu'à ce que tout parte en vrille.

Je savais que Noël allait être bizarre. Mais je pensais que ce serait le genre de bizarre gérable. Genre « mon frère part en voyage avec ses coéquipiers et mes parents fêter leurs vingt-cinq ans de mariage sous les cocotiers pendant que moi, je regarde des films kitsch en avalant mon poids en cookies et chocolat chaud (et chantilly). Pas le genre de bizarre où je me retrouve coincée dans une maison sans eau, sans électricité... et sans dignité.

Ils sont partis deux jours plus tôt tous les deux en me lançant « Tu verras, ça va te faire du bien de te retrouver un peu seule ! ». Spoiler : ça ne m'a pas fait du bien.

Jayden, mon frère, avait son propre plan. Un voyage de deux semaines avec ses coéquipiers de hockey, à la montagne. Traduction : huit gars dans un chalet qui puent le linge sale et la testostérone mal gérée. Autant dire que je n'avais pas du tout l'intention de m'incruster là-dedans.

La veille de son départ, la maison était invivable. Plus de lumière, plus d'eau chaude et plus de chauffage. Sachez que les hivers sans chauffage au Canada ne sont pas des plus agréables. Le frigo et le congélateur étaient fichus aussi, je n'avais donc aucune autre solution que d'accepter la proposition de Nathan. Et oui, j'ai essayé d'appeler mes parents. Une fois. Dix fois. Trente-quatre, avec une tentative de message vocal larmoyant au passage. Mais rien. Silence radio pendant vingt-quatre heures. Je les imagine très bien en train de siroter un cocktail au bord d'une piscine à Bali pendant que je prends ma douche à la Cristaline. Alors... le jour du départ quand ils sont venus chercher Jayden et que, Nathan, visiblement très à l'aise avec l'idée de faire des choix discutables m'a proposé de venir passer Noël avec eux, je n'avais pas d'autres choix que de dire oui.

Je ne sais toujours pas pourquoi j'ai dit oui à l'heure actuelle. Peut-être parce que mes orteils étaient déjà bleus. Peut-être parce que j'étais à deux doigts de parler au frigo. Mais bon. J'ai dit oui. Et maintenant ? Me voilà.

Bienvenue à Saint-Ski.