Fyctia

Un appel de Louise permit à Zoé de s'échapper de l’interrogatoire d'Ana.

- Alors, lui demanda-t-elle de but en blanc.

- Je suis dans sa ville, dans le restaurant de sa mère, avec toute sa famille.

- Ho génial, tu dois être super à l'aise alors.

- Arrête un peu de te moquer et raconte moi plutôt ta journée toi !

- On a visité Marseille aujourd'hui. On vient de finir notre petit repas en terrasse dans le vieux port et j'avais un peu envie de te rendre jalouse regarde ça, lui dit-elle en activant l'appel visio.

Le soleil couchant sur le vieux port, les assiettes vides. Elle vit Adrien lui faire un petit coucou de la main.

- Profite de tes vacances ma chérie, tu as bien raison. Et n’hésite pas à me faire plein de photo pour me raconter dès que je rentre.

- Promis. Mais toi, tu as décidé ce que tu allais faire ?

- Tomas m'a loué une chambre dans un hôtel pour la semaine. Si ça se passe bien, je reste avec ici, sinon, je retournerais squatter chez Adam et Sara.

- T'es avec lui là ?

- Il est à côté avec sa famille oui.

Ana entendit la réponse de Zoé et se pencha vers elle pour dire.

- Bonjour, Louiiiise. Dans le téléphone.

- Ana, la sœur de Tomas, te passe le bonjour.

- J'ai entendu... Tu me présentes ?

Zoé fut surprise que la demande vienne de sa fille et obtempéra.

Elle retourna son téléphone et lui présenta Ana qui lui prit le téléphone des mains pour échanger quelques mots avec elle et lui présenter ses 4 enfants et Simone qui se débarrassa rapidement du téléphone dans les mains de Tomas prétextant devoir retourner derrière le comptoir.

Tomas attrapa l'appareil du bout des doigts visiblement mal à l'aise et voulu le rendre à Zoé, mais c'était sans compter sur l'adolescente.

- Salut, Tom, sonna la voix de Louise dans le téléphone.

Il se tourna à demi pour ne présenter que son profil droit et lui adressa un sourire.

- Hey Louise, … Les vacances se passent bien.

- Oui, ça va... En-tout-cas, mes vacances sont plus calmes que celle de ma mère. Fais voir ta tête pour du vrai.

- Louise ne commence pas, gronda Zoé en se débattant avec Arthur qui voulait absolument monter sur ses genoux.

- Bah quoi, je suis la seule à ne pas avoir vue. Et même en sachant, j'ai encore du mal à y croire. Et Maman refuse de me prendre une photo alors, montre.

- Ça suffit, Lou ! Tomas, tu peux raccrocher.

Contrairement à toute attente, Tomas soupira et fit tourner le téléphone autour de sa tête pour laisser voir le côté gauche de son visage à Louise.

- Ha ouais,... tu ne t'es vraiment pas loupé...

Toute la famille retint sa respiration avant que Tom ne réponde.

- Atterrir d'un saut de 2 mètres sur la tête, ça laisse des traces.

- En vrai, je m'attendais à bien pire. Faut juste te mater par la droite.

- C'est ça.

- Bon, je dois vous laisser. Mon père veut qu'on aille se balader dans le vieux port de nuit. Passez une bonne journée et Tom, tu fais plus de coup tordu à ma mère, sinon, je viens rendre ton côté droit un peu plus symétrique. Allez bisous.

Louise raccrocha avant que sa mère n'ait pu intervenir rouge de honte.

Tomas rigola un peu embarrassé et rendit le téléphone en disant que Louise l'avait finalement mieux pris qu'il ne le pensait.

Voyant Zoé perdue au milieu des cris de ses neveux et nièces, Tom demanda à sa sœur de bien vouloir la déposer en voiture à l'hôtel qu'il lui avait réservé.

En la quittant, Tom serra maladroitement Zoé entre ses bras comme il l’avait fait pour sa mère et sa sœur.

Ana la conduisit dans un grand hôtel de centre-ville.

- Il ne se moque pas de toi, souffla Ana en sortant sa valise du coffre. On dirait presque qu'il a des choses à se faire pardonner... Tom aurait pu t’accueillir chez lui, mais je crois qu’il ne veut surtout pas te faire peur.

Une fois les détails administratifs réglés, Zoé remercia chaleureusement Ana et espérait s'éclipser dans l'intimité de la chambre, mais la grande sœur ne put s’empêcher d'ajouter :

- Je veux juste te dire que mon frère vaut le coup. C’est un mec bien, et ce qu’il a fait, c’est con, mais il n’arrive pas à parler de sa vie après l'accident. Il s’est battu très fort, les médecins lui ont annoncé qu’il ne pourrait certainement plus marcher, pourtant aujourd’hui, il est debout et il marche seul… Pour toi, ce n’est certainement pas suffisant, mais pour nous, c’est un miracle.

Ana avait les larmes aux yeux quand elle ajouta : On devrait te dire merci. Car c'est aussi grâce à toi qu'il avait envie de se battre. Tu as aussi ta part dans ce miracle.

Zoé ne savait plus quoi dire, elle était fatiguée, elle était lasse. Elle n’avait pas envie d’être une faiseuse de miracles, elle ne voulait qu’une relation simple et facile. Un mec qui l'aime et la respecte, un mec tout simple ça lui suffirait largement. Il n'avait même pas besoin d'être beau, elle serait lui trouver du charme, elle l'espérait juste droit et fonctionnel, pas bancale et brisé. Les mélodrames, elle en avait déjà suffisamment eu dans sa vie.

Zoé se réveilla tard. Depuis son arrivé au Canada, elle avait du mal à dormir.

Quand elle regarda son portable, elle réalisa que c’était un appel de Tom qui l’avait tiré du sommeil.

Il lui restait une semaine à passer ici et elle n’avait pas la moindre idée de ce qu’elle venait chercher en restant avec Tomas et sa famille. Elle eut besoin de se rappeler qu’elle avait encore les clés de l’appartement d’Adam pour pouvoir se replier à la moindre difficulté.

Rassurée à cette pensée, elle osa rappeler Tomas.

- Bien dormi ?

- Je suis encore collée à l’oreiller.

- Si tu veux, je te propose une balade en bateau et un Pique-Nique.

- Tu me sors le grand jeu, mais tu ne travailles pas ?

- Non, je vais prendre quelques jours de repos. Je rattraperai mon retard plus tard. C'est l'avantage d'être en free-lance.

- Alors avec plaisir.

- Je fais quelques courses et je vais au bateau. Je t’envoie la localisation.

Zoé prit le temps de se doucher et fouilla sa valise.

Elle en sortit un petit short en jean ainsi qu’une chemise blanche qu’elle noua pour marquer sa taille. Elle se maquilla avec le crayon noir qu’elle gardait dans son sac à main et s’empressa de rejoindre, Tomas qui devait déjà l'attendre.