Clém It's a Match ! Chapitre 11 - On s'explique ?

Chapitre 11 - On s'explique ?

Adam s’était montré compréhensif et avait attendu le lendemain, pour toquer à sa porte de chambre et lui demander comment elle allait.


Zoé essaya de lui donner la version la plus concise et pragmatique de la situation.


Il lui avait bien menti, mais pas pour lui cacher une vie parallèle, non, pour ce cacher lui-même.


- Il est vraiment si moche que ça ?

Zoé ne sut pas quoi répondre. Outre sa mâchoire un peu tordue, son profil droit était parfait. Mais le gauche, il était marqué de cicatrices, arraché, déformé.

- Tu as rencontré double face, essaya-t-il de plaisanter.

- Sa démarche aussi, est... Bizarre. On dirait qu'il ne tient pas vraiment debout. Puis, il a un truc au bras gauche aussi, il tremble je crois.

- L’homme de ta vie est finalement un handicapé.


Les larmes montèrent aux yeux de Zoé.


- Je sais que je devais peut-être être contente qu’il ne soit pas mort, que ça ne soit qu’une démarche et des cicatrices, mais…

- Et qu’il ne t’ai finalement pas menti sur une femme et des enfants…

- Il m’a menti. Coupa Zoé. Il m’a menti, depuis deux ans, il m’envoie de vieilles photos de lui, s’invente des sorties escalades ou trail, alors qu’il est incapable de marché droit.

- Adam aussi a voulu me faire croire qu’il était capable de courir des trails pour me séduire intervint Sara, la femme d’Adam, avec un sourire pour son mari.

- On raconte tous des histoires pour séduire, on s’en raconte à nous aussi.


- Je vais essayer de changer mon billet pour rentrer en France plus tôt.

Zoé n’arrivait plus à réfléchir.


Elle finit par se décider à téléphoner à Louise. Les vacances avec son père se passaient bien. Ils étaient aussi rouges l’un que l'autre assit au bord de la piscine.

Zoé expliqua rapidement la situation à sa fille. Tomas n’était pas celui qu’elle croyait.

- Ne pars pas sans lui avoir reparlé.

- Je ne suis pas sûre d’avoir envie de le revoir.

- Il est moche et alors ? Tu m’avais toi-même dit qu’il pourrait être en fauteuil et que tu n’en aurais rien à foutre.

- C’est le mensonge le problème.

- Non, c’est que tu es déçue de ne pas vivre ton conte de fées. Va-lui reparler, expliquez-vous. Casses lui la gueule si ça te fait du bien. Handicapé ou pas, il le mérite.

Après, si tu veux rentrer, je finirais le mois d’août avec toi et pas avec Adrien, mais va lui reparler.


Zoé raccrocha en se demandant quand sa fille était devenue aussi adulte. Puis elle avala l'anxiolytique que lui avait donné Adam pour l'aider à s'apaiser. Zoé attendue de se sentir épuisée dans son lit pour oser écrire.


« On s’explique ?! »


« Tu peux revenir chez moi ? 

Je n’aime pas sortir.»


«  Après 8h de vol. J'imagine que je ne suis plus à 2h de route près... »


Adam et Sarah consentirent à lui prêter l’une de leurs voitures, ce qui lui permit de se garer devant la petite maison de Tomas le lendemain à 10h. Une semaine précisément après son arrivé au Canada.

Cette fois, Zoé n’eut pas le temps de sonner avant que Tomas ne lui ouvre la porte.

- Merci d’être venue.

Elle avait prévu de le dévisager, de ne pas lui laisser croire qu’il avait raison de douter d’elle. Pourtant, elle baissa les yeux en entrant chez lui.

- Le salon est sur la gauche.

Comme une sensation de déjà-vu, cette pièce, c’était le fond d’écran des heures de visio partagées avec Tom.

- Assis toi, je t’en prie, lui demande-t-il d’une voix douce.

Cette voix qui la faisait fondre.


Tout est déjà prêt sur la table basse, un pot de café, de l’eau chaude pour le thé des tasses et des petits gâteaux.


Tomas sembla mécontent qu’elle choisisse de s’asseoir dans le fauteuil plutôt que dans le canapé. Il attrapa alors sa chaise de bureau pour la tirer à sa droite.

Il veut me cacher son visage, réalisa Zoé alors qu’il se donnait beaucoup de mal pour lui servir le café qu’elle lui avait demandé sans jamais la regarder dans les yeux, sans jamais lui faire face.


- Pourquoi ? Attaqua Zoé sans le quitter des yeux.

En le voyant de profil, comme ça, elle commençait à comprendre comment il a pu lui cacher sa déformation. Alors qu’elle ne put s’empêcher de noter le trouble nerveux de sa main gauche qu’il essaye de cacher sous sa cuisse, elle ne voit que Tom, son Tom, celui qui l’a consolé, celui qui l’a fait rire, celui qui l’a fait jouir tant de fois, ce profil, cette voix qu’elle aime tant.

Il soupira, renonça à coincer sa main folle qui ravit d’avoir gagné la partie sembla s’agiter d’autant plus.

- Ana m’a dit qu’elle t’avait expliqué pour l’accident. Quand j’ai repris connaissance à l'hôpital, qu'on m'a dit que je ne pourrais sûrement plus jamais marcher, je n'avais plus envie de rien.

Puis, un soir, j'étais encore à l'hôpital et tu m'as écrit. Tu étais la seule personne qui ne se sentait pas obligée de me dire que tout allait bien se passer, la seule qui n'avait pas de pitié pour s'adresser à moi. On s'amusait, je ne voyais pas le mal au début. Puis tu m’as donné l’occasion de revivre un fantasme. Quand je t’écrivais, je pouvais être à nouveau le Tomas d’avant. Celui qui faisait rire les filles, celui qui pouvait se faire inviter dans l’appartement d’inconnue. Avec toi, il n’y avait pas de pitié, il n’y avait pas de dégoût, juste de la séduction et du jeu. C'était facile, ça m'a fait du bien. Puis, je me suis attaché à toi.

- Arrête ! C’est trop facile. Tu n’as fait que mentir.

- À chaque fois que tu me demandais une nouvelle photo de moi, j’angoissais de ne pas savoir quoi t’envoyer, ne plus avoir suffisamment de vieilles photos… Les visios, c’était horrible, j'avais tellement peur de faire un mauvais geste, que tu te rends compte...

- Tu crois que le plus horrible, c’est quoi, de mentir volontairement, ou de se faire prendre pour une conne.

- Tout ce que je t'ai dit, je le pensais.

- Tu as passé 2 ans à me balader. À me laisser fantasmer sur toi, à me laisser fantasmer une histoire commune. Je te disais tout de moi. Tu n'as fait que me mentir. 

- Moi aussi, je rêvais d’une histoire commune. Mais je ne pouvais pas te dire la vérité. Jamais tu ne m'aurais répondu si tu avais vu mon vrai visage. Je te fais vomir.

Sa voix s’érailla. Zoé connaissant suffisamment cette voix pour savoir qu’il était sur le point de pleurer.

- Ça n'a rien à voir avec ton accident, mon problème, c’est le mensonge. 

- Dis la vérité, tu penses vraiment qu'avec cette tête, tu m'aurais liké ?

Ses yeux se sont rempli de larmes quand dans un mouvement de pied et il fait pivoter son fauteuil pour lui faire face.

Zoé pensait s’être faite à l’idée, elle pensait se souvenir, pourtant, elle ne put cacher l’expression de dégoût qui passa sur son visage quand elle revit cette bouche mal fermée, ce nez amputé et sa joue ciselée.

- Crois ce que tu veux, mais ce mensonge, il n'a pas arrangé que moi. 

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3 commentaires

Marie No

-

Il y a un an

On comprend le point de vue des deux personnages, je suis curieuse de voir comment leur explication va se terminer !

Jeanne Carré

-

Il y a un an

🌸

SBel

-

Il y a un an

J'adore ce chapitre. Mais Zoé pour tout de même comprendre les motivations de Thomas... Ils pourraient "partager" leurs difficulté à accepter sa nouvelle apparence... J'imagine que c'est pour le prochain chapitre!
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