Clém It's a Match ! Chapitre 10 Et après ça, quoi?

Chapitre 10 Et après ça, quoi?


Son corps tout entier semblait l’abandonner. Elle ne ressentait plus rien. Le boum boum de son sang qui cognait dans sa tête prenait toute la place.

Dans un élan, Tomas lâcha l'encadrement de la porte sans lequel il ne semblait pas pouvoir tenir debout et fit un pas vers elle.

Zoé recula, refusant que cet inconnu la touche.

Il la dégoûtait.

Dans un sursaut, elle s'essuya la bouche et fit demi-tour pour marcher droit devant elle.



« Jamais je n'aurais dû venir. Pourquoi m'a-t-il menti ? Je suis vraiment trop conne. Comment je n'ai pas pu m'en rendre compte avant ? Un mec de plus à ajouter sur la liste de ceux qui se sont foutus de moi. Qu'est-ce qui s'est passé avec son visage ? Je suis vraiment débile. Comment j'ai pu me laisser avoir aussi facilement ? Plus jamais, jamais croire un homme.

Je le hais.

Il avait pourtant l'air si triste. Jamais je ne pourrais lui pardonner, qu'il s'étouffe dans sa tristesse et qu'il en crève. Jamais je ne pourrais me pardonner d'être aussi bête. Qu'est-ce que j'imaginais, qu'un mec comme lui aussi beau, doux compréhensif m'attendait de l'autre côté de l’Atlantique pour me tomber dans les bras.

Je le hais et je me hais encore plus fort d'y avoir cru. »



Une voiture s'arrête à côté d'elle, mais elle ne la remarqua pas.


Ce n'est que quand on la retient par l'épaule qu'elle se dégagea prête à frapper quiconque osait la toucher.



- Hé ho doucement,

C'était Ana, la sœur de Tomas qui recula d'un pas les mains devant elle en signe d'apaisement.


Zoé reprit sa marche.


- Il n'y a rien par là-bas. Si tu veux repartir, Paris, c'est de l'autre côté.


Comme Zoé continua de tracer sa route Ana courut pour la rattraper.


- Calme-toi, on peut s'expliquer. Tomas vient de m'appeler en panique. Monte dans la voiture, je te ramène en ville.

- Je ne veux plus jamais le voir. Plus jamais !


Zoé fut elle-même surprise par le ton de sa voix, par sa rage et sa détermination.


- Je n'ai pas l'intention de te ramener chez Tomas. Juste de t’empêcher de te perdre. Arrête-toi 2 minutes et respire profondément.



Zoé tourna à droit. Si lui ou sa famille de tordu pensait pouvoir l'arrêter...



Quelques minutes, plus tard, elle se retrouva face à une impasse entourée de ses maisons parfaites au gazon implacable. Ça lui donna envie de hurler, ce qu'elle fit.


Contrainte, elle fit demi-tour et se retrouva face à la berline d'Ana.


- Allez monte, je te ramène en ville.



La porte s'ouvrit et bien qu'elle eu plus envie de mettre un grand coup de pied dedans, Zoé s'assit sur le siège passager.


Ana eut la sagesse de ne rien dire durant le trajet. Elle voyait les poings serrés de Zoé et jugea préférable de lui laisser encore quelques minutes pour se calmer et allongea volontairement le trajet jusqu'au centre-ville.


- Où est-ce que tu loges ?

- Chez des amis à Montréal.

- Et tu as prévu de repartir en bus ou tu as une voiture.

- Ils sont venus avec moi. Ils m'attendent au lac.

- Lequel ?

- Je sais pas.


La voix de Zoé se transforma et la tristesse effaça la colère. De grosses larmes roulèrent le long de ses joues.


Ana tira le frein à main de la voiture et osa se tourner vers Zoé.


- Mon frère est un abruti. Je suis désolée.



Une crise de sanglot la submergea alors qu'Ana cherchait des mouchoirs dans son sac à main.


- Appelle tes amis pour qu'ils viennent te chercher et en les attendant, allons boire un verre. Si tu as des questions, je peux y répondre, sinon, je peux simplement te tenir compagnie en attendant qu'ils arrivent.


Zoé envoya un texto à Adam pour lui demander où ils étaient puis elle se laissa entraîner à la suite d'Ana à la terrasse d'un café.


Zoé regardait ses mains serrées autour de son Cola. Elle avait envie d'avoir la même force que dans les films et de pouvoir éclater le verre.


- Comment ai-je pu être aussi conne ?

- Tu n'as pas été conne. Le salop dans cette histoire, c'est mon frère, même s'il a quelques circonstances atténuantes.


Zoé le fusilla du regard.


- L'accident ? Il ne t'a vraiment parlé de rien ?


Zoé serra les lèvres. Elle aurait voulu lui dire que non, elle ne savait rien et qu'elle n'en avait rien à faire, mais si elle ouvrait sa bouche, elle allait pleurer.


- Ok, alors je vais te faire une version courte. Juste pour que tu comprennes mieux. Tomas a toujours adoré le sport, particulièrement les sports extérieurs. Il faisait des trails, du VTT, beaucoup de randonnée, de l'escalade. Seulement, en rentrant de son voyage en Europe, il a fait une sortie escalade avec ses amis. Un endroit qu'il connaissait bien, rien de trop dangereux. Sauf que cette fois, il ne s'était pas attaché au dernier relais et il a glissé. Il a passé une semaine dans le coma. On a tous cru qu'il était mort.


Cette fois, c'est Ana qui avait les larmes aux yeux.


- Il a eu beaucoup de chirurgie, rencontré tous les neurologues du Québec et encore plus de rééducateur. Il n’a pas pu se tenir debout pendant près de six mois, il a fallu un an avant qu'il ne remarche seul et ça ne fait que quelques mois qu’il se déplace sans fauteuil.

Environ six mois après son accident, quand il a compris que, quels que soient ses efforts, jamais il ne pourrait redevenir qui il était. Tomas s’était coupé de tout et de tout le monde, même nous, sa famille, on n'arrivait plus à passer du temps avec lui tellement il était méchant. À ce moment, tu étais la seule personne à qui il parlait.

Je ne trouvais pas ça très saint que sa seule relation soit virtuelle, et en même temps, quand vous vous appeliez, je l’entendais rire.


Ana se moucha dans la serviette de table et prit quelques secondes avant de continuer la voix pleine de tristesse.


- Il m'a dit qu'avec toi, il avait l'impression de redevenir normal. Pas de question sur la prochaine chirurgie, pas d’apitoiements. Ça lui faisait du bien. Je savais qu'il t’envoyait d’anciennes photos de lui et qu'il baissait les lumières avant de faire des visios en cachant son profil gauche. Je savais qu'il te mentait, mais depuis le temps, je m’étais persuadé qu’il t’avait dit la vérité…





Ce soir-là, pour la première fois, Zoé ne se sentit pas la force de téléphoner à Louise. Pas la force de tout revivre, de tout expliquer. Elle ne comprenait plus rien, tout était tellement mélangé dans sa tête, elle devait remettre de l’ordre.





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2 commentaires

Jeanne Carré

-

Il y a un an

🌸

chiara.frmt

-

Il y a un an

🫶🏻🎀
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