Fyctia
Chapitre 2
Le même jour
August
Cette année sera comme les autres, complètement ennuyeuse et bien évidemment je me suis gardé de changer mes habitudes. Je partage ma chambre avec mon meilleur pote Peter, la seule personne en qui j’ai confiance en dehors de ma famille.
Mais ça, c’était avant d’entendre une voix, qui m’était inconnue, remettre à sa place Alexandra et comme il le fallait. Ce dernier point, n’est pas très courant et à donc éveillé ma curiosité. Je n’arrivais plus à l'apercevoir, à ma plus grande déception, pourtant au moment où j’allais me rendre au dortoir je croise son regard.
Je me perds dans l’observation de cette femme qui m’a fasciné en l’espace d’une seconde et en quelques mots. Ses cheveux châtains clairs en queue de cheval haute sont épais, lui arrivant dans le dos. Ses yeux froids et scrutateurs me percent, tandis que son visage est distant.
Cette femme n’est pas comme nous, elle n’a rien à voir avec les héritiers pure souche. Je ne devrais pas me montrer curieux mais je l’ai vue, cette aura sombre qui révèle le masque qu’elle porte en permanence. Celui qui camoufle les cicatrices et les blessures les plus horribles.
Pourquoi ?
A cause de qui ?
Bordel, jamais je n’avais eu envie de découvrir quelqu’un à ce point. Mais ce n’est que le premier jour, je ne peux pas faire grand chose.
Pourtant quand je la recroise, en sortant de ma chambre, le fait que l’on partage le même dortoir me donne l’impression qu’il s’agit d’un signe. Je retombe sur son regard et je ne rêve que de lui parler, de pouvoir la décrypter à chaque question que je lui poserais.
Là encore je rêve un peu trop fort. J’ai beau être August Saint-Clerc et appartenir à une famille noble suisse. Le fait que je sois “muet” m’enlève trop de charme pour que je puisse intéresser qui que ce soit. Et bien que cela ne m’ait jamais dérangé, cela pose maintenant un problème de taille.
Nous arrivons tous dans la salle commune ou à lieu le discours de bienvenue ou de bon retour, et le calme qui règne dans la pièce dans l’attente du directeur est d’un apaisement fou pour moi. J’ai l’impression de respirer. Je me tourne et à côté de moi, je la vois. Les jambes pliées respectablement et non croisées, les mains sur ses genoux elle écoute sa colocataire, tandis que moi je l’observe, que je l’admire sans discontinuer. Ses yeux finissent par me rendre mon inspection.
Nous nous scrutons sans vergogne. Si je ne la juge pas, elle, au contraire, me jauge complètement, comme si elle cherchait la moindre petite faille, un indice ou je ne sais quoi d’autre qui pourrait trahir mon petit secret. D’habitude je reste froid sous les coups d’œil appuyés, mais avec elle, je ne peux m’empêcher d’essayer de comprendre ce qui l’intrigue chez moi.
Lorsque je parviens à capter son regard, je ne peux m’empêcher de sourire en haussant un sourcil, comme une question silencieuse, à laquelle son expression malicieuse répond très vaguement et je me perds dans leurs couleurs ocre rouge, ce qui la rend encore plus unique en l’espace d’un instant.
La doyenne de l’établissement arrive pour faire son discours et interrompt cet échange silencieux que j’aurais adoré continuer. Mais pour éviter de se faire remarquer nous écoutons ce qui est dit :
— Bonjour chers étudiants. Comme vous le savez pour la majorité d’entre vous, le cursus qu’offre l’Inheritor Academy est hors du commun. De par son cycle universitaire qui est adapté au besoin de formation mais aussi pour son internat et ses règles. Ici vous représentez votre rang et votre nom. Si l’un d’entre vous fait l’objet d’un scandale, la sanction sera à la hauteur des conséquences que cela pourrait engendrer mais, surtout, vous perdrez les privilèges que vous avez ici. Tout ce dont vous avez accès présentement pourra vous être retiré, je vous conseille donc d’être vigilants quant à vos actes. Votre apparence prime toujours. De plus, n’oubliez pas de former vos meilleures amitiés ici, elles pourront toujours vous être utiles. Sur ce, je vous libère. Les cours commenceront demain et nous vous annoncerons le premier bal de l’année.
Comme à son habitude la doyenne nous met un coup de pression pour nous rappeler que notre image passe avant tout et en toute circonstance. C’est l’un des points de ma vie que je déteste le plus. Je suis incapable de faire semblant, je suis incapable d'être juste une apparence.
Je me lève une fois que la salle est vidée de ses étudiants et me rend dans ma chambre, histoire de ranger mes affaires correctement ainsi que préparer mes affaires pour les premier de demain.
L’emploi du temps nous est donné sur nos espaces personnels de l’académie. Cela permet de faciliter les communications mais aussi de réduire le gaspillage de papier.
L’ordinateur sur mon bureau, j’assimile mon planning ainsi que les différents temps de pause dont je dispose pour pouvoir me faufiler et lire un bon livre en toute tranquillité. Faire du repérage et tout anticiper est la clé pour passer une année sans trop risquer quoi que ce soit à l’académie.
Lorsque je regarde ma montre, je m’aperçois qu’il est déjà l’heure d’aller dîner. Je sors donc de la suite où se trouve ma chambre pour me rendre au réfectoire, au rez-de chaussé. Quand soudainement, je percute quelqu’un de plein fouet. Au moment où je m’apprête à jeter mon meilleur regard noir à la personne en face de moi, je me rend compte qu’il s’agit encore de cette fille, et je suis subjugué. À tel point que j’oublie de jouer le grand méchant distant. Ses cheveux sont détachés, leurs longueurs et leurs épaisseurs naturels donne au visage de cette femme une aura indomptable et si incroyablement forte que je me sens démuni.
Incapable de la lâcher des yeux, je suis absorbé dans cette contemplation sans aucune gêne mais le brouhaha qui monte dans le couloir me rappelle l’heure et ce que j’allais faire.
Et c’est à ce moment précis que cela se produit. Une de ses mèches de cheveux tombe devant ses yeux. Et avant même que je comprenne ce qui se passe, je la replace derrière son oreille, avant de finalement me retirer pour aller manger.
Je ne sais pas ce qui m’a pris, je ne comprends pas pourquoi elle m’attire, m’intrigue. Mais c’est le cas, alors je veux me rapprocher d’elle.
Comment ?
Je ne sais pas encore, mais elle a l’air tellement dépitée d'être ici que je veux au moins l’aider à rendre ses années à l'académie plus douces. Alors dès demain, je veillerai sur elle du mieux que je peux. S’il y a bien une personne qui peut voir ce qui se cache derrière ce silence c’est bien elle. J’en suis certain, alors prendre son temps et être patient sont de mise.
Dès demain, je serai comme un ange gardien pour elle.
1 commentaire
maddyyds
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Il y a 3 mois