Math Mylo Inheritor Academy Chapitre 3

Chapitre 3

Lysandra


Le dîner était simple, en termes de nourriture, mais l’ambiance du réfectoire, elle, me rappelait l’époque du lycée où tout le monde se connaît et se retrouve pour manger joyeusement. Bien évidemment, à cette époque j’étais toujours seule, je n’avais pas d’amis et pas parce que je n’étais pas populaire mais parce que je ne pouvais rien faire avec mon géniteur sur le dos.


Ce sont les années les plus solitaires et tristes de ma vie.


Je fini par prendre mon plateau et m’installer à une table vide au fond de la salle, les écouteurs dans les oreilles me garantissant un maximum de tranquillité. Je mets en route mon podcast préféré, les HVF de McSkyz. Rien de mieux qu’une bonne histoire de meurtre pour se détendre pendant le repas. Normalement, j’écoute la plupart du temps le docteur Philippe Boxho dans ses interviews ou encore ses livres audio qu’il narre lui-même. Mais j’évite pendant les repas car certains détails peuvent être assez indigestes.


Je commence par manger mon entrée, quand soudain ma coloc se pose en face de moi, ce qui me perturbe mais elle a l’air, elle aussi, plongée dans son écoute alors ça ne me dérange pas. Elle observe la table à côté de nous, un air surpris et curieux sur le visage. Je suis son regard et tombe sur August en train de se sustenter. Lorsqu’il me remarque enfin, un sourire s’affiche sur son visage. Je détourne le regard, complètement troublée par cet échange aussi vif que silencieux.

Ma colocataire me regarde surprise alors que je n’ai absolument rien à dire pour expliquer ce qui se passe. On pourrait croire que de l’attirance naît entre lui et moi, mais ce n’est pas le cas, c’est principalement de la curiosité, comme si, inconsciemment, on savait l’un de l’autre ses secrets les plus enfouis.


Je finis mon repas précipitamment, car je me sens oppressée par toutes les personnes présentes, la sensation qu’elles m'observent, comme si j’étais une bête de foire. J’ai besoin de souffler pour retrouver ma solitude. Parce qu’en regardant tout ce beau monde, je ne peux que voir la vérité en face.


Je suis cassée. Les cicatrices que je garde au plus profond de mon être sont si laides, que j’ai la certitude que je ne serai jamais comme eux. Je serais toujours celle qui sera différente. Comme lui. Comme August.


**


La nuit fut longue et l’insomnie qui l’accompagne si chiante que même la lecture ne m’aide ni à me détendre, ni à faire passer le temps. Je me sens complètement en décalage ces derniers temps. Entre l’académie, où je dois asseoir ma place pour prouver ma valeur en tant qu’héritière et le dépaysement total entre Andorre et la Finlande, tout cela me pèse. Je suis frileuse, alors forcément les pays nordique m’incommode. Je veux me réfugier dans un plaid alors que le froid n’est pas encore installé.


Le regard sur le ciel étoilé m’emporte dans mes pensées et je finis par m’endormir sur le fauteuil à côté de la fenêtre bercée par la beauté de la nuit.


Le réveil est difficile, mon corps endolori par la posture et le fait que j’ai dormi dans le fauteuil ne m'aide pas, c’est certain. Je regarde l’heure, 6H du matin, je me décide à aller courir même si je ne sais pas encore où je peux faire un tour à cette heure-ci.


Une fois parée de ma tenue de sport et mes cheveux coiffés en une haute queue de cheval, je me rend à l’extérieur du château espérant trouver une zone pour faire mon jogging tranquillement. Je suis un peu perdue, ne connaissant pas encore les lieux, j’espère tomber alors sur un étudiant ayant lui aussi besoin de s’aérer l’esprit ou un sportif.


Une fois en bas, au niveau de la cour intérieure, je suis un peu désespérée de ne pas trouver grand monde à cette heure-ci. Un soupir passe sur mes lèvres.


Et soudain, mon regard tombe sur le sien.


Sur ses jolis yeux bleus envoûtants, remplis de mystère et d’une étincelle de malice que je ne vois que très rarement depuis que j’ai intégré le monde de la noblesse internationale.


Il me sourit, je le lui retourne timidement quand il me demande en langue des signes:


“Tu es perdue ?”


Je suis surprise parce je m’attendais pas à ce qu’il communique de cette manière, mais se méfier de ce qui est dit et des apparences c’est la première règle que l’on apprend quand on rentre dans ce milieu.


Il attend une réponse que je tarde à donner, alors il sort son téléphone pensant que je n’ai pas compris ce qu’il a signé.


— Pas la peine, j’ai compris ta question. Oui, je suis un peu perdue. Je prends une profonde inspiration un peu mal à l’aise de lui demander de l’aide. Je cherche un endroit où je peux courir sans risquer de me perdre.


Il hoche la tête et je sens qu’il réfléchit avant de finalement m’inviter à le suivre. Côte à côte nous traversons la cour pour finalement arriver au jardin. Quand il s’arrête, je me tourne vers lui.

“ J’ai encore une question, comment as-tu appris la langue des signes ?”


La question se fait un chemin dans mes pensées, et des souvenirs d’enfance remontent à la surface, faisant s’épanouir la tristesse de la perte, de l’angoisse, de la vérité. Je ne veux pas qu’il sache ce que j’ai vécu mais je ne suis pas douée pour mentir.


— Un ami me l’a apprise. Et toi, comment as-tu appris la langue des signes ?


“Mon petit frère et ma petite sœur sont sourds, alors j’ai appris à leurs parler”


J’acquiesce parce que cette réponse est révélatrice, il n’est pas vraiment muet sinon il m’aurait répondu cet argument.


“ Suis le sentier qui est juste là, il fait le tour des jardins et un sacré tour si tu veux mon avis tu en auras pour une bonne trentaine de minutes de course. Ça ira comme ça ?”


—C’est parfait, merci August.


Je m’élance sur ce sentier où l’air frais me rafraîchit le visage, les pensées négatives s’effacent laissant place dans mon être à de la curiosité.


Pour lui, j’ai envie de savoir à quoi ressemble le son de sa voix. Douce ? Suave ? Non certainement chaleureuse et grave. Un frisson me parcourt l’échine et, là où je n’avais connu jusqu’ici que les frissons de peur, aujourd’hui c’est la surprise et la nouveauté qui s’insufflent en moi, telle une bouffée d’air frais.


Je fini par reprendre ma course matinale, essayant de me concentrer sur autre chose que la possible voix d’August. Mais son sourire bienveillant me revient en pleine figure et là encore une prise de conscience me vient. Si au début j’étais mal à l’aise, sa présence m’a apaisé un peu et mon mal du pays a disparu. Comme un remède auquel on ne s'attend pas.


Une fois ma course finie, je retrouve le chemin de ma chambre assez facilement par chance. Je prends une douche pour me décrasser avant de descendre prendre mon petit déjeuner et commencer ma première journée de cours.



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7 commentaires

Zatiak

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Il y a 2 mois

Hop je suis à jour et petit coup de pouce pour t'aider ✨

Astrid Lepauvre

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Il y a 2 mois

Vivement la suite ❤️

maddyyds

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Il y a 2 mois

♥♥
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