E.S Line (In)Visible Sous les étoiles - Part 1

Sous les étoiles - Part 1

Noam déteste le rap. Il a joué au basket lorsqu’il était enfant et pratique du skateboard depuis tout petit. Je connais déjà cette passion après avoir espionné de fond en large son compte Instagram, mais je me garde bien de lui dire. A la place, je l’écoute me parler. J’apprends qu’il était perturbateur à l’école car il n’arrivait pas à rester assis plus de cinq minutes sans gesticuler. Il a vécu un an et demi en Californie pendant le lycée et est revenu à Vancouver après avoir obtenu son diplôme.


Le temps file sans que je m’en rende compte. Je lui explique mes débuts catastrophiques en danse classique. Je lui raconte mes vacances d’été annuelles à Montréal où s’est exilée ma grand-mère maternelle. On passe les minutes qui suivent à débattre sur l’utilité de parler couramment français. Noam est un fervent défenseur du savoir infini et me reproche de ne pas profiter de cette occasion pour apprendre une nouvelle langue. Je me garde bien de lui expliquer pourquoi cela deviendrait vite un cauchemar. Dans ma famille, on n'apprend jamais à moitié. Si je me lance là-dedans, j’aurai droit aux heures de cours interminables et à des reproches incessants sur ma lente progression.



— Je ne te comprends pas, dit-il en secouant la tête, dépité. Tu es partie en France pendant un an et tu ne parles toujours pas français ?



— Eh ! La langue française est très compliquée ! J’aimerais bien t’y voir.


Il lève les yeux au ciel, pas convaincu.



— Je suis certain d'être plus doué que toi. Pourquoi être partis en France si tu n'aimes pas le français ? Pourquoi pas l'Angleterre ou l'Australie ?



Ah. Je me retiens de grimacer, pas certaine de vouloir répondre à cette question. A chaque fois qu'on me la pose, les gens me disent de suite à quel point je suis chanceuse, découvrir la capitale de la mode et de la gastronomie doit être si excitant et j'en passe. Face à leur joie, je n'ose jamais avouer que ce n'était pas mon choix. J'invente des petits mensonges pour ne pas paraître bizarre de ne pas être aussi excitée qu'eux par ce voyage. Pourtant face à Noam, je ne me sens pas de lui mentir.



— Je n'ai pas vraiment eu le choix, je crois...



Je sens son regard confus se poser sur moi, mais je m'obstine à garder le mien rivé sur la ville. Voyant qu'il n'ajoute rien, je soupire et continue.



— J'ai choisi le français comme seconde langue au lycée car mes parents ont insisté. Comme ma grand-mère vit au Québec, ils pensaient que ça me serait plus utile que l'espagnol. Ça semblait être une bonne idée jusqu'au moment où j'ai commencé la conjugaison. Crois-moi, c'est devenu beaucoup moins drôle ! J'ai passé mes examens, j'ai eu mon diplôme et mes parents m'ont annoncé que je partirais un an à Paris au lieu de commencer la fac à l'automne.



— Comme ça ? Du jour au lendemain ?



Je hoche la tête tout en appuyant mon dos contre la voiture de sorte à me retrouver face à son profil.


— Oui, enfin deux mois avant mon départ. Je suis parti en septembre dans une école de langue avec pleins de jeunes dans le même cas que moi. C'était sympa au final.



Je hausse les épaules tandis que lui secoue doucement la tête, comme s'il n'en croyait pas un mot. Il n'y a rien d'extraordinaire pourtant.



— Ça reste étrange. D'habitude, c'est le projet de toute une vie. Des lycéens qui rêvent de traverser l'océan et découvrir l'Europe. Toi, tu t'es juste retrouvée là-bas par hasard. Ou plutôt parce que tes parents t'y ont envoyé. Tu les laisses toujours prendre de grosses décisions à ta place ?



— Je ne les laisses pas tout décider ! m'exclamé-je.



En réponse, il me lance une expression qui veut clairement dire "bien sûr et moi, je suis la reine d'Angleterre".


— Ton choix de seconde langue, ton année sabbatique et je suis sûr de trouver un autre argument si je creuse un peu plus. Tes activités en dehors des cours ? Le piano par exemple ou tes heures au chenil.


J'oublie parfois qu'il connaît pleins de détails de ma vie grâce à Instagram. Je commence tout juste à comprendre à quel point je suis transparente dessus.



— Ce n'est pas ça. Ma mère faisait du piano quand elle était petite et elle tenait à ce que je fasse de même. Le chenil était ma décision. Mon père a toujours refusé que l'on adopte un chien alors travailler dans un refuge était un moyen d'être au contact de ces boules de poils tout en étant utile.


Une fois de plus, il ne semble pas convaincu par ce que j'avance. Il roule en boule son paquet de chips vide et le jette quelque part dans le coffre. Une fois débarrassé, il se met dans la même position que moi, un pied au sol et l'autre sur la surface du coffre où nous sommes assis. Je ne suis pas une experte, mais je crois percevoir des sentiments mitigés sur son visage.


— Pourquoi accepter de te laisser bosser dans ce chenil et ne pas adopter un chien ?



— Pourquoi pas ? Tant que ce n'est pas chez lui, il s'en fiche.



— Je vois le genre, dit-il avec une jolie grimace pour accompagner le tout.



— Ne serais-tu pas en train de critiquer mon père ?



Je devrais être vexée ou agacée et pourtant... Noam pose ses yeux chocolat sur moi. Malgré la pénombre, je distingue leur intensité. Qui aurait pu croire qu'une couleur aussi banale que le marron pouvait avoir une nuance aussi agréable ?



— Il faut bien que je me prépare pour le jour où je le rencontrerai.



Il me fixe avec tout son sérieux. Je déglutis. Un rire, ou plutôt un croissement, s'échappe d'entre mes lèvres.


— Parce que tu comptes le rencontrer ? j'ajoute après un raclement de gorge tout aussi féminin.



— Qui sait. Vaux mieux se préparer à toutes éventualités, répond-il en haussant les épaules.



Je détourne le regard, mes joues chauffant pour la dixième fois depuis le début de la soirée.



— Oui bah sois pas trop pressé.


Rien que d'imaginer Noam en face de mon père, un frisson traverse ma colonne vertébrale. Mon père est déjà réticent à voir des amies venir chez nous alors un garçon... Je l'imagine déjà le jauger de toute sa hauteur et de lui poser des questions toutes plus gênantes les unes que les autres. Sans parler du fait qu'il s'imaginerait des choses entre Noam et moi. J'entends résonner son mantra préféré "les études d'abord, les garçons plus tard".


— Je te parie que ça arrivera plus vite que tu ne le crois.



Du coin de l'œil, je distingue le sourire fier de Noam. Je secoue la tête avant de sourire à mon tour. Je n'en crois pas un mot, mais son attitude si confiante me fait rire. Si seulement il savait dans quoi il embarquait, il n'afficherait pas un air aussi réjoui !


___________


Chapitre coupé en 2, j'essayerais de poster la suite dès demain ! J'en profite pour remercier toutes les personnes qui viennent me lire régulièrement et notamment celles qui commentent (même si ce n'est que 3 mots, ça fait toujours plaisir!) Une fois en vacances, j'essayerais de publier plus régulièrement pour essayer d'aller aussi loin que possible dans ce concours!


Merci merci :*

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4 commentaires

E.S Line

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Il y a 7 ans

Ah ah! Bonne question, je ne sais pas si je te donne une réponse claire ou si je te laisse dans le doute! :’)

Caro Handon

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Il y a 7 ans

Noam Noam Noam... Petit coquin... A moins que tu nous réserves encore qqch?! Hâte de lire la suite :)

E.S Line

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Il y a 7 ans

Aaaaaah si tu savais!

Lollly

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Il y a 7 ans

Ohohoh, mais il est direct le Noam ! Il lui avoue quand même à demi mots qu'elle ne le laisse pas indifférent ;)
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