Fyctia
Chapitre 5.1 : Elle
La voiture roule à toute allure et privée de ma vue, mon cœur bat à la chamade sur fond de musique de Noël. Je ne sais pas qui choisit la radio, mais son sens de l'humour se trouve particulièrement malsain. J'ai vraiment dû mal à croire à ce qui est en train de se passer. Est-ce que je me suis vraiment fait kidnapper par les sbires de Lydia ?
J'ai l'impression d'être en plein cauchemar et j'ose à peine respirer. En même temps avec le sac positionné sur ma tête, ce n'est pas le plus agréable. Je me risque encore moins à bouger le moindre muscle, il ne faudrait pas que ce geste soit perçu comme une menace. Qui sait ce que ces hommes pourraient me faire... Normalement, ce genre de chose n'arrive pas dans la réalité, ou en tout cas pas la mienne. Alors pourquoi a-t-il fallu que cette fille démoniaque croise mon chemin ?
La période de Noël m'a toujours apporté beaucoup de bonheur. Mon moral remontait en flèche après le mois de novembre toujours assez déprimant. Mais cette année, rien ne va. Entre le travail ou rien ne se passe comme prévu, la perte de mon téléphone et de mon portefeuille à cause de l'autre psychopathe et maintenant mon kidnapping, je me demande à quel moment tout a dérapé. Qu'ai-je bien pu faire de mal pour mériter de commencer le mois ainsi ?
Est-ce parce que je n'ai pas aidé ma voisine de palier à porter ses courses ? J'étais épuisée et cette vielle dame me prend toujours la tête parce que je fais trop de bruit avec ma musique. Tomber sur une personne âgée qui n'est pas sourde, le comble. Ou alors est-ce à cause de la petite fille qui m'est rentrée dedans et à renverser son chocolat chaud sur ma jupe et ma chemise la semaine dernière ? J'étais un peu énervée, légèrement brûlée et les reproches de son adorable mère ne m'ont pas encouragé à lui en racheter un. Suis-je obligée d'être la fautive parce que je suis l'adulte ? Franchement, ça m'a juste donné envie de leur foutre deux tartes.
La texture de la route change, des graviers remplacent le béton et le véhicule ralentit. Je déglutis. Nous arrivons probablement sur le lieu de torture. Il n'y a qu'une seule raison capable d'expliquer pourquoi Lydia m'a enlevé et elle porte le nom de James. Décidément mon chef ne m'attire que des problèmes, à moins que mon comportement ces derniers temps soit le vrai responsable de mes mésaventures.
Le moteur se coupe et une main s'empare de mon bras. La portière claque et le froid me brûle les joues. Je suis traînée jusqu'à des escaliers puis forcée de m'assoir sur une chaise. Quelqu'un attache mes chevilles et mes mains ensembles et me ligote le buste comme un saucisson de basse qualité. Le genre qui ne se ramène pas lors des repas de Noël. Allez expliquer ça à ma tante !
— Oh oh oh, bonjour, Elle Sévigny ! s'exclame une voix forte et dure. Vous devez sûrement vous demandez ce qu'il se passe ! N'ayez crainte ceci n'est qu'un simple interrogatoire de routine. Tant que vous répondez honnêtement aux questions que je vous pose tout se passera bien et vous repartirez en un seul morceau avec une histoire à ne surtout jamais raconter, s'esclaffe l'homme dont l'accueil chaleureux me réchauffe le cœur.
À tel point que chaque molécule de mon corps s'affole dans la danse la plus désordonnée et bordélique du monde tant la joie inonde leurs atomes. Des mains soulèvent le sac emprisonnant ma vision et une lumière aveuglante me cueille. Je cligne des yeux comme un papillon sur le point de s'écraser et ma mâchoire se décroche en découvrant la charmante personne qui me retient prisonnière. Le foutu Père Noël !
— Où est Lydia ? demandé-je.
Une odeur de chlore saisit mes narines et ma tête se tourne vers la baie vitrée illuminant la piscine dans laquelle je prie pour ne pas tomber.
— Mon adorable fille est malheureusement indisponible pour le moment, mais ne vous inquiétez pas je suis un hôte remarquable.
L'homme à la fausse barbe blanche et au costume de père noël, installé sur le canapé en face de moi, siffle et un de ses subalternes, je suppose, car il faut être complètement malade pour déguiser une armoire à glace en lutin vert, s'avance un plateau à la main.
— Un verre de lait ? Un cookie ? me propose le Père Noël.
— C'est trop aimable, mais je vous les laisse.
Garder un ton calme dans cette situation, je m'impressionne. L'image d'un punchingball m'apparaît et je frappe dedans par voie mentale. J'espère que le sac ne se percera pas.
Mon interrogateur hausse les épaules et se sert. En quelques bouchées les cookies se volatilisent et ne laissent que quelques miettes derrière eux. En un cul-sec le verre de lait se vide et seules quelques traces blanches subsistent sur les parois. Faites qu'il reste un peu plus de moi. Il redonne le plateau au lutin qui s’empresse de se replacer derrière le canapé en osier.
— Très bien, débutons notre séance, m’informe-t-il, en faisant craquer les articulations de ses mains. Tout d'abord, je voulais m'excuser pour le traitement que vous avez subi. J'avais vraiment envie de vous conduire ici en traineau mais malheureusement il est encore en révision et mes rênes n'aiment pas vraiment la circulation.
Pendant un instant, je me dis que c'est une blague, une mauvaise caméra cachée pour un bêtisier de Noël, mais la suite dément cette théorie aussi farfelue que la situation dans laquelle je me trouve.
— Vous êtes dans l'atelier de mon neveu, le mien étant actuellement en travaux.
L’atelier de son neveu comme il l’appelle ressemble plus à un sous-sol aménagé pour le loisir et la détente que pour le travail et la confection de cadeaux ou les interrogatoires douteux. La piscine attire de nouveau mon regard et je remarque la transparence du plafond qui sert probablement de plancher à une pièce à l’étage.
— Si vous vous trouvez ici c'est parce que je me vois bien embêté pour le cadeau de Noël de ma fille qu'elle attend avec impatience depuis des mois. J'ai invité son futur époux, James Machino, à notre repas de famille sans qu'elle le sache pour lui faire une surprise et voilà que le saligaud m'appelle la semaine dernière pour savoir s'il peut venir accompagner ! Et quelle n'est pas ma surprise quand j'apprends par ma Lyly chérie que d'abominables rumeurs circulent depuis des semaines dans toute l'entreprise sur une petite-amie cachée qui travaillerait avec lui. La même qui a volé le poste de ma chère et tendre il y a de ça quelques mois. C'est pourquoi lundi dernier, j'ai pris la décision de vous interroger moi-même sur la véracité de ces rumeurs.
J'en reste bouche bée. D'une, je comprends qu'avant même mon arrivée des rumeurs circulaient déjà et de deux, ce type a orchestré mon kidnapping en ne se basant sur aucune preuve !
— Commençons donc par la première question, mademoiselle Sévigny. Et n'oubliez pas de répondre honnêtement. Au moindre mensonge, je le saurai ! me met-il en garde.
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Ode 30
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Twig
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Cléoda Iseth
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Princilia Daci
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AngieWings97
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Cléoda Iseth
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