Cléoda Iseth Un hiver mouvementé Chapitre 4.6 : Il

Chapitre 4.6 : Il

— Tu as bien fait de virer ce gros bougre et ses idées farfelues. S'il n'était pas un ami du premier ministre, nous ne prendrions même pas la peine de le recevoir.


Un serveur nous apporte le plateau de fromage et ne se gêne pas pour me déshabiller du regard. Des rumeurs circulent sur ma bisexualité et je ne fais rien pour les étouffer. Je n'ai pas de temps à perdre pour si peu et si elles peuvent déranger mon père, c'est toujours ça de gagné. Je n'ai jamais couché avec un homme, j'ai embrassé quelques amis pendant mes études, mais c'était uniquement par défi.


Notre repas terminé, nous retournons chacun à nos activités respectives. Il me reste une heure et moins de trente minutes avant d'affronter le conseil d'administration à quinze heures trente et je n'en ai pas envie. Surtout que mon père sera de la partie. Il a toujours ce besoin de tout contrôler même s'il se trouve à la retraite depuis un an.


De retour dans mon bureau, je m'assois sur le canapé en cuir noir à côté de la table ronde en verre où repose le téléphone de la tarée enfin chargé. Il se rallume et me demande le code de déverrouillage de la carte Sim. Je tape la date de son anniversaire dont je me souviens uniquement parce qu'il s'agit du trente et un décembre et l'appareil vibre. Je bloque sur le message d'un certain James Machino. Je ne veux pas y croire et pourtant ce n'est pas un homonyme, pas quand LMM est écrit entre parenthèse après son nom. Ma poigne se resserre autour de l'écran impossible à broyer. Comment connaît-elle James ? Travaille-t-elle chez Les Maux du Monde ? Est-ce un collègue ou plus ?


Les smartphones n'affichent plus le contenu des messages comme à l'époque, quel dommage. Euh non. Je me moque bien de ce que peut lui dire cet enfoiré. Ça ne m'intéresse pas et je ne déverrouillerai pas son téléphone pour regarder. Cette fille est totalement dégénérée, vulgaire et violente. Alors comment mon ancien camarade de classe peut-il s'intéresser à elle ? Il ne fonctionne que par intérêt et calcule chacune de ses paroles, chacun de ses gestes. Il ne laisse rien au hasard et obtient toujours ce qu'il veut, peu importe les dommages collatéraux.


Une nouvelle idée brillante germe dans mon esprit. Si j'arrive à découvrir la nature de leur relation et ce qui l'intéresse tant chez elle, peut-être arriverai-je à le doubler. Mes yeux pétillent d'excitation rien qu'en y pensant. Rien ne serait plus jouissif que de faire foirer un de ses plans machiavéliques et de le gagner à son propre jeu.


C'est décidé. Elle Sevigny, apprête-toi à vivre un enfer lors de notre prochaine rencontre. Je ne te lâcherai pas et découvrirai le secret que tu caches ! Lundi prochain, rendez-vous pour une soirée infernale.


Je lorgne sur la forêt en noir et blanc qui lui sert de fond d'écran de déverrouillage, à deux doigts de tester différentes combinaisons de huit chiffres quand ma main se fige. Entrer dans le téléphone de quelqu'un équivaut à entrer dans son intimité et ma conscience ne semble pas à l'aise avec cette idée. Assez ironique puisqu'elle ne m'a pas empêché de partir avec son portable et son portefeuille. Mon téléphone professionnel sonne et remet mes questions de morale à plus tard.


— Monsieur, votre oncle souhaiterait s'entretenir avec vous après votre meeting avec le board. Voulez-vous que j'annule le squash ? me demande ma secrétaire.


— Oui, merci, Sam.


— C'est toujours un plaisir, Monsieur.


Impossible de refuser quoi que ce soit à mon oncle pour une raison très simple, c'est la seule personne sur cette planète qui m'effraie. Ce vautour aux plumes plus longues que les défenses d'un éléphant rôde dans les airs et dévore ses proies sans pitié. Mon père n'a pas fondé son empire seul, son frère écrase depuis le début ses concurrents dans l'ombre et ses techniques se montrent pour le moins persuasives. Son seul point faible s'avère sa fille unique, une petite princesse pourrie gâtée pour qui il serait prêt à faire n'importe quoi littéralement. Quand il est question d'elle, il oublie tout sens logique. Un amour inconditionnel et dangereux.


Cinq minutes avant l'heure de rendez-vous, je me rend dans la salle réservé au comité de direction située au troisième étage. La réunion démarre et après presque deux heures de discussion mon supplice prend fin. Je serre une énième main et regagne mes quartiers où Matis de la Framboisière m'attend. Assis sur un des fauteuils à côté du canapé, un magazine dans les mains et un café fumant sur la table basse en verre, lorsqu'il m'aperçoit, un sourire illumine son visage marqué par l'âge. Il a pris quelques cheveux blancs de plus depuis la dernière fois.


— Il, ta secrétaire est toujours aussi charmante. Une vraie flamme au cœur de ce bureau sordide. Tu devrais vraiment le rendre un peu plus accueillant, pourquoi pas quelques plantes ou même deux ou trois décorations de Noël ?


— Mon oncle, que me voulez-vous ?


Il soupire et dépose le magazine « Pharma&Co » sur la table.


— J'ai un service à te demander.


Ma nuque se tend. Je préférerais ne pas être impliqué dans ses activités illicites.


— Quel genre de service ?


— Rien de bien compliqué, j'ai juste besoin d'emprunter ton sous-sol pour quelques heures ce vendredi.


Mes sourcils se froncent légèrement. Plus louche, tu meurs.


— Oh et pourquoi votre sous-sol ne peut-il pas être utilisé ?


— Malheureusement, Cécile a décidé de le redécorer pour le repas de Noël que nous devons tenir cette année et m'a interdit d'y mettre les pieds en attendant que les préparations soient terminées. Tu sais comment elle peut être.


Les deux seules personnes au monde à pouvoir mener Matis de la Framboisière au doigt et à l'œil, sa femme et sa fille.


— J'ai ton accord ? demande-t-il face à mon silence.


Je hoche la tête, inapte à lui refuser quoi que ce soit. Car sous son ton avenant se cache un réel démon et le fait qu'il n'est pas demandé d'emprunter le sous-sol de mon père ne signifie rien de bon. Mais je n'aurais qu'à fermer les yeux et le laisser se débrouiller sans moi.


— Excellent !


Mon oncle se lève et m'abandonne à mes tourments. Je dois vraiment baiser ou je n'arriverai pas à me sortir cette histoire de sous-sol de la tête. Mon téléphone vibre et j'aperçois un message d'Erwin, le Président-Directeur Général de TheBestGame qui me propose de le rejoindre dans un bar pour une petite soirée. Pas le plus raisonnable, mais idéal pour se changer les idées et dieu sait que j'en ai besoin.


Le reste de la semaine passe à une allure folle et le vendredi tant redouté arrive. George me dépose devant ma maison du seizième arrondissement où j'aime passer mes week-end et en traversant l'allée qui sépare mon jardin japonais en deux, je tombe sur ma cousine en pleurs. Elle me supplie de l'aider à raisonner son père et incapable de rejeter sa requête de peur de futures représailles, car la petite princesse pourrie gâtée a le caractère qui va avec, je l'accompagne au sous-sol et découvre la tarée ligotée à une chaise.

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5 commentaires

kleo

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Il y a 4 ans

Aurait il un coeur ce petit Il ?

Princilia Daci

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Il y a 4 ans

On découvre un peu son côté sensible... Il n'est pas macho que ça au final ! J'aime beaucoup ce chapitre car il me fait quelques peu changer d'avis sur lui. Mais en vrai, la suite ! Ne soit pas trop longue pour nous la balancer stp 😭😭😊

Cléoda Iseth

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Il y a 4 ans

Et oui, il a un coeur quand même ^^ Ah tant mieux si tu l'apprécies un peu plus, est-ce que ça durera ? xp Ahah non je publierai le prochain chapitre demain surtout que je me suis bien amusée à l'écrire celui-là ;)

Fanfan Dekdes

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Il y a 4 ans

Oh mais tu ne peux pas nous laisser comme ça. C’est quoi cette fin de chapitre ? J’aime bien être dans la tête de ce mec x)

Cléoda Iseth

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Il y a 4 ans

Ahah désolée, la suite des évènements au prochain chapitre ;) Trop bien ^^
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