Cléoda Iseth Un hiver mouvementé Chapitre 2.4 : Il

Chapitre 2.4 : Il

Ses excuses me prennent de court, je ne m'y attendais pas. Elle avale un nouveau verre comme pour se donner du courage et pose sa tête entre ses mains, les coudes appuyées sur la table. Ses yeux s'impriment aux miens. Une flamme brûlante oscille derrière ses pupilles.


— En temps normal, je ne fais jamais ce que je veux vraiment. On dit que l'alcool délit les langues et bien, c'est vrai. Tu vois je ne dis jamais le fond de ma pensée et je ne fais jamais ce dont j'ai réellement envie. Mais aujourd'hui, j'ai passé une journée horrible. Tous les deux, vous avez amené la petite goutte qui a fait déborder le vase déjà trop rempli et j'ai épuisé le peu de self-control qui me restait pour la soirée.


— Tu essayes de me dire que tu n'es pas une folle furieuse ? la taquiné-je.


Des gouttes de vin se perdent au niveau des commissures de ses lèvres qui s'étirent et cette vue me rend dingue. Impossible de ne pas les regarder, faite qu'elle les essuie. Seulement à la place de réaliser mon souhait, son doigt caresse le bord de son verre vide. En général, les filles qui commence ainsi avec moi se mordent ensuite les lèvres et me jettent des regards aguicheurs. Pour finir, elles se dandinent sur leur chaise et miment même parfois de discrets gémissements. Rien de plus gênant. Cependant elle baisse les yeux.


— C'est à peu près ça, répond-elle.


Ses pupilles se relèvent et se vissent de nouveau aux miennes. Elle tente de m'analyser et je déteste ça. Je ne suis pas un putain de livre !


— Il en faudra plus pour me le prouver ! m'exclamé-je, en prenant une gorgée.


— Et toi ? enchaîne-t-elle sans relever mes mots.


Oui, elle m'a ignoré encore une fois. Je la fixe avec de grands yeux.


— Et moi, quoi ?


— Es-tu toujours autant un connard ? demande-t-elle le plus naturellement du monde.


Sa franchise me sonne. Elle n'a pas rafraîchi ses réserves de self-control apparemment. Mais même sans, comment peut-elle se montrer aussi directe face à moi ? D'habitude les filles tentent soit de me séduire à tout prix soit bégayent en ma présence. Un soupir pourfend mes lèvres. Clarifier les choses avec cette tarée s'avère indispensable.


— Je n'ai pas été un connard.


— Oh, tu es aveugle alors.


Un immense sourire satisfait naît sur ses lèvres sèches. C'est que cette salope me provoque.


— Non, c'est toi qui l'es si tu ne sais pas reconnaître mon extrême générosité, répliqué-je, en rentrant dans son jeu, que je compte gagner.


— Oh vraiment ? Et en quoi es-tu généreux au juste ? m'interroge-t-elle, en battant des cils l'air faussement surprise.


Ok, miss boueuse, prépare-toi à bouffer le sol.


— Je t'ai invité à boire, pas seulement un verre, mais plusieurs et ce alors que tu ressembles à une clocharde ! Je t'ai même laissé t'assoir à ma table. Si ce n'est pas de la générosité à l'état pur, qu'est-ce que c'est ?


Ma main passe dans mes cheveux blonds et je lui offre mon regard le plus sexy. Ses sourcils se froncent et elle me regarde de haut. Est-ce que j'ai fait rougir la petite énergumène ? Sûrement. Personne ne me résiste.


— Tu m'as fait chanter pour me saouler contre mon gré, clocharde ou non. Ce n'est pas la définition de généreux, mais celle de connard, insiste-t-elle, mais plus pour longtemps.


Mes dents blanches se dévoilent, je m'apprête à la dévorer.


— Rectification, je t'ai proposé de boire avec moi afin d'apprendre à mieux te connaître et découvrir s'il s'agit bien de ton téléphone. Au vu de ton apparence douteuse, tu ne peux me reprocher ma méfiance. Et tu pouvais dire non, je ne t'ai jamais forcé la main.


Son regard outré se pose sur moi. Elle ne sait plus quoi dire, ou presque.


— Petit merdeux, lâche-t-elle comme une bombe au milieu d'un champ de bataille.


Ma mâchoire se contracte sous ce doux surnom. Quand arrêtera-t-elle de m'insulter ?


— Alors d'une, je ne suis pas petit et de deux, je suis loin d'être un gosse, je suis un homme, affirmé-je, une pointe d'agacement dans la voix.


Ses iris pétillent et mon regard le plus noir la cueille. Elle a intérêt à faire attention à ce qui sortira de sa grande bouche.


— Un homme à l'égo surdimensionné, manipulateur et centré sur lui-même, un petit merdeux quoi.


Mes poings se serrent malgré moi et mes mains se plaquent sur la table alors que mon cul décolle de la chaise en même temps que les sablés au glaçage immaculé abandonnés dans leur assiette.


— Mon égo n'est pas surdimensionné, il est dimensionné parfaitement correctement. Ne sois pas jalouse si je suis meilleur que toi. Je ne suis pas manipulateur, je suis joueur, nette différence. Et je ne suis pas centré sur moi, j'accorde beaucoup d'attention aux autres !


— Tu viens de me prouver que j'avais raison, rit-elle, en s'enfonçant dans le dossier.


J'inspire profondément et me rassois. Elle ne devrait pas se battre contre plus fort qu'elle. À mon tour de te combler de compliments, mochetée.



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6 commentaires

Cendre Elven / Mary Ann P. Mikael

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Il y a 4 ans

Eh bah ils ont pas finis...

Cléoda Iseth

-

Il y a 4 ans

Non ahah
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