Fyctia

PDV Brandon

Allongé sur le lit de Brooke, j’attends qu’elle revienne.

Mes parents sont venus assister au match aujourd’hui pour me faire une surprise. Lorsque je les ai vus débarquer sur le terrain après le match, j’ai cru halluciner. Ça faisait un petit moment que je ne les avais pas vu. Un peu avant que j’emménage chez les Johnson, la famille de Jaden, en fait. Comme Lewis, le père de Brooke, ils sont tout le temps en voyage d’affaire aux quatre coins du monde. Alors, même si je n’aime pas jouer au football (chose qu’ils ignorent soit dit en passant), savoir qu’ils sont venus exprès pour moi m’a vraiment fait plaisir.

Nous sommes allés tous les trois au restaurant et j’ai passé un bon moment avec eux. Mais ma joie était teintée d’amertume au souvenir de Brooke, bouleversée, dans les gradins. Du coup, lorsqu’ils m’ont proposé de rentrer dormir à l’hôtel avec eux, j’ai refusé sous prétexte que toutes mes affaires étaient chez les Johnson et que j’étais trop fatigué pour aller les chercher et revenir. Ils n’ont pas cherché plus loin et m’ont souhaité une bonne nuit avant de partir.

Après ça, j’ai appelé Aiden pour lui demander de retenir Jaden. Il fallait absolument que je puisse parler avec Brooke en toute tranquillité. Heureusement pour moi, il a accepté même s’il n’était pas ravi. Je me sens un peu coupable de l’obliger à nous couvrir, Brooke et moi, mais c’est la seule solution que j’ai pour le moment.

Lorsque je suis enfin rentré, j’ai découvert que Brooke dormait déjà. J’ai donc pris mon mal en patience, persuadé que je pourrais attendre qu’elle se réveille pour qu’on puisse se parler. Mais je ne suis pas très patient et trois heures plus tard, avant même de me rendre compte de ce que je faisais, je suis allé la voir. C’est pas la meilleure idée que j’ai eu, je l’admet, mais je ne regrette absolument rien. J’ai pu mettre les choses au clair avec Brooke et c’est tout ce qui compte.

Mes pensées sont soudainement interrompues par un bruit sourd dans la salle de bain. On aurait dit que quelque chose était tombé par terre.

Je me relève et m’approche de la porte. Ce n’est surement rien mais je préfère m’en assurer. L’idée qu’il arrive quelque chose à Brooke m’est insupportable.

_Brooke ? Je l’appelle en toquant doucement à la porte pour éviter de réveiller Lucas. Tout va bien ?

Pas de réponse.

_Brooke ?

Je tente d’ouvrir la porte mais elle est fermée à clef.

_Brooke ? Tu m’entends ?

Cette fois, je commence vraiment à paniquer. D’autant plus qu’il me semble entendre de très légers sanglots venant de la salle de bain. Je tape sur la porte sans me soucier du bruit que cela fait. Et si elle s’était blessée et qu’elle perdait connaissance ?

_Brandon ?

Je me retourne et vois Lucas encore à moitié endormi à côté de moi.

_Qu’est-ce qu’il se passe ? Me demande-t-il en baillant à moitié. Il y a un problème ?

_Brooke est enfermée dans la salle de bain et elle ne répond pas quand je l’appelle, j’explique rapidement. J’ai peur qu’elle se soit fait mal ou qu’elle ait fait un malaise. Tu ne saurais pas où sont les doubles des clés par hasard ?

À la mention de sa sœur, Lucas se redresse.

_Je vais les chercher ! S’exclame-t-il avant de sortir précipitamment en direction du bureau de son père.

En attend qu’il revienne, je tente à nouveau de faire réagir Brooke.

_Brooke ! Tu m’entends ?

Hormis d’autres sanglots, elle ne répond rien. Je ne suis même pas sûre qu’elle m’entende. Heureusement, Lucas revient avec les clés en main.

_Les voilà !

C’est un trousseau d’une bonne dizaine de clés. Les essayer une par une va nous prendre un certain temps.

_Tu sais laquelle est celle de la salle de bain ?

Cette fois, Lucas secoue la tête.

_Non, aucune idée.

J’attrape les clés et commence à les essayer les unes après les autres. Mais, après plusieurs minutes à essayer chacune des clés, nous nous ne l’avons toujours pas trouvée.

_Tu es sûr qu’elle est là ? Je demande à Lucas qui est aussi perplexe que moi.

_Je sais pas, c’est Brooke qui s’occupe des clés d’habitude.

Génial. Il est donc fort probable que la clé en question ne soit pas là.

_Décale-toi, je lui intime.

_Qu’est-ce que tu vas faire ? Me demande-t-il en s’exécutant.

D’un coup de pied bien placé, je défonce la porte qui s’ouvre en grinçant, la serrure à moitié enlevée. Je crois entendre Lucas souffler un « wow » avant que je ne me précipite dans la salle de bain.

Brooke est assise à même le sol, les genoux repliés contre elle et les yeux fermés. Elle se couvre les oreilles comme pour éviter d’entendre quelque chose. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’elle fait une crise d’angoisse. Son téléphone est posé à environ un mètre d’elle, c’est sans doute le bruit que j’ai entendu tout à l’heure.

_Brooke ?

Je m’approche lentement d’elle pour éviter de l’effrayer. Je ne sais pas ce qu’il faut faire pour calmer quelqu’un qui fait une crise d’angoisse mais lui faire peur ne doit sans doute pas aider.

Comme je le craignais, elle ne semble même pas m’entendre. Arrivé à son niveau, je m’accroupis devant elle. Elle est dans un tel état de panique qu’elle ne s’aperçoit pas de ma présence.

On m’a dit qu’il ne faut jamais toucher un somnambule. Peut-être que c’est pareil pour une personne qui fait une crise de panique ? Mais je ne supporte pas de la voir dans cet état et je ne sais pas quoi faire pour l’aider.

Alors, je me contente de la prendre délicatement dans mes bras, pour éviter de l’effrayer. À mon contact, elle sursaute mais semble se calmer.

_Je suis désolée, désolée, murmure-t-elle en boucle. Je suis désolée…

_Brooke, c’est moi, Brandon, je chuchote à son oreille. Tout va bien, je suis là.

Au bout de quelques minutes, elle se détend enfin et arrête de pleurer. Sa respiration s’apaise et elle enfouit son visage dans mon cou. Je lui caresse délicatement les cheveux en espérant que ma présence l’aide.

PDV Brooke

À travers les chuchotements de Lana, une voix lointaine me parvient. Je crois que quelqu’un me prend dans ses bras mais je n’en suis même pas sûre. Quoi qu’il en soit, la voix de Lana se fait plus vague et je commence à reprendre pied.

Une chaleur m’enveloppe et me reconnecte doucement à la réalité. Je me blottis contre la personne qui me tient dans ses bras et me laisse un petit instant avant de devoir affronter la réalité. Ce moment passé, je relève la tête et croise un regard gris familier.

_Brandon…

Que fait-il là ?

_Hey. Comment ça va ? Me demande-t-il en me scrutant avec inquiétude.

_Ça va, je réponds faiblement.

Il desserre son emprise sur moi et esquisse un mouvement pour se relever.

_Non !

Je m’agrippe à son tee-shirt pour l’empêcher de s’en aller. Je ne veux pas qu’il me laisse seule.

_Ne me quitte pas, s’il te plaît, je supplie en entourant sa taille de mes bras.

Je panique à l’idée qu’il s’en aille.

_Je ne vais nulle part, mon ange. Pas sans toi en tout cas.

Ses mots me rassurent aussitôt. Aussi étonnant que cela puisse paraître, je lui fais confiance.