Maena Morgan Ignore-moi Chapitre 45

Chapitre 45

Il me soulève comme si j’étais aussi légère qu’une plume et il sort de la salle de bain. Il me dépose sur le lit où je m’allonge, exténuée.


_Tu as besoin de quelque chose ? Me demande-t-il. De l’eau, de quoi manger ?


Je secoue la tête :

_Non, juste que tu restes avec moi…


_Je dois juste parler à Lucas, je reviens dans cinq minutes, OK ?


Je remarque alors mon petit frère, debout, à côté de la salle de bain. Un sentiment de honte et de culpabilité m’envahit. Bien sûr, Lucas sait qu’il m’arrive de faire des crises d’angoisse. Mais c’est la première fois que j’en fais une devant lui.


Je hoche la tête et m’allonge sur mon lit.


***


PDV Brandon


Je ferme doucement la porte derrière Lucas et moi pour éviter que Brooke entende notre conversation.


_C’est la première fois que ça lui arrive ? Je l’interroge alors.


Même si nous vivons sous le même toit depuis plusieurs semaines, je me rends compte que je ne sais presque rien sur Brooke.


_Non, m’avoue Lucas. Je ne l’ai jamais vue en faire une mais je crois qu’elle en fait parfois depuis la mort de Lana, il y a deux ans.


_C’est qui Lana ?


_C’était sa meilleure amie.


Mon cœur se serre en imaginant la souffrance de Brooke. Elle a déjà perdu sa mère très jeune et j’apprends maintenant que sa meilleure amie est morte. Pas étonnant qu’elle fasse des crises de panique.


_À la rentrée, Brooke a fait une crise d’angoisse tellement violente qu’elle a fini à l’hôpital, reprend Lucas.


_Quoi ?


_Oui, elle a fait un malaise et l’ami avec qui elle était a appelé les urgences.


Pas besoin d’être un génie pour comprendre que l’ami en question est Hugo, alias Ken. Je m’efforce de chasser la jalousie qui s’empare de moi. Brooke n’est ni ma petite-amie ni une amie. Je n’ai pas le droit de me montrer jaloux, surtout alors qu’elle est dans cet état.


_Mais, je pense que tu ferais mieux d’en discuter avec Brooke, continue Lucas. C’est pas que je ne te fais pas confiance mais c’est à elle de te parler de ça si elle le veut, désolé.


_Non, t’inquiète, tu as raison.


Je lui ébouriffe les cheveux avec ma main.


_Tu devrais aller te rendormir, il fait encore nuit.


_Ouais, bonne nuit.


_Bonne nuit, Lucas.


Il s’éloigne en direction de sa chambre avant de se retourner, comme s’il avait oublié quelque chose.


_Ah, Brandon ?


_Ouais ?


_Ne fais pas de mal à ma sœur, compris ?


Son ton autoritaire me ferait presque sourire s’il n’était pas aussi sérieux.


_Promis.


Lucas est vraiment intelligent et observateur, surtout pour un gamin de huit ans. J’attends qu’il soit parti avant de rentrer dans la chambre de Brooke.


Je la repère immédiatement, allongée sur son lit. Je referme doucement la porte pour éviter de la réveiller et m’allonge à côté d’elle.


_Vous avez parlé de quoi ?


Ah, visiblement, elle n’est pas si endormie que ça. Je me tourne pour lui faire face, son visage à quelques centimètres seulement du mien.

Une mèche de cheveux lui tombe sur les yeux. Je la cale distraitement derrière son oreille, repensant à ma conversation avec Lucas. J’hésite à tout lui dire. Finalement, je décide de me montrer honnête.


_Principalement de toi et de tes crises de panique.


Brooke soupire tristement alors que ma main trace les contours de son visage.


_Je vois. J’aurais aimé préserver Lucas et qu’il ne le sache pas.


_Tu sais, il est bien plus fort que tu l’imagine.


_Sans doute. Mais ça ne change rien au fait que je veux le protéger. Il a déjà ses propres histoires à gérer, il n’a pas besoin que je lui rajoute mes problèmes.


_Il m’a aussi parlé de Lana, j’annonce prudemment.


Brooke se fige immédiatement. Son regard se pose sur mon tee-shirt et évite le mien. Cette conversation la rend nerveuse. Elle commence alors à jouer avec l’ourlet de mon tee-shirt – sans doute pour détourner son attention.


_Et qu’est-ce qu’il t’a dit ? Me demande-t-elle.


_Pas grand-chose à part que c’était ta meilleure amie et qu’elle est morte il y a deux ans.


Visiblement, Lana est un sujet sensible pour elle.


_C’est à cause d’elle que tu as fait une crise d’angoisse, non ?


Brooke hoche lentement la tête, les larmes aux yeux.


_Je… je sais que c’est impossible mais… elle m’a a-appelée tout à l’heure…


_Comment ça ?


À ma connaissance, les morts ne peuvent pas t’appeler au téléphone. Jusqu’à preuve du contraire, ma grand-mère n’a jamais tenté de m’appeler depuis sa mort, il y six ans. Mais je ne suis pas sûr que Brooke apprécierait ma réflexion alors je la garde pour moi.


_Mon t-téléphone… il a sonné et… et c’était L-Lana…


Je fronce les sourcils, dubitatif.


_On va vérifier ça.


Je sors du lit et vais dans la salle de bain chercher le fameux téléphone qui est toujours posé sur le sol.


_C’est quoi ton code ? Je lui demande en me réallongeant à ses côtés.


_Ma date de naissance. Pas très original, je sais.


Le 9 juillet 2006 donc 09072006.

J’entre le code et le téléphone se déverrouille.


_Comment sais-tu ma date de naissance ? Me demande Brooke, surprise. Je ne te l’ai pourtant jamais dit.


_C’est un secret.


La vérité c’est que j’ai vu une photo Instagram de Jaden datant de l’année dernière où on peut la voir avec ses frères fêter ses seize ans. Mais je préfère garder ce détail pour moi. Savoir que j’ai passé au peigne fin tous les réseaux sociaux de Jaden pour pouvoir la voir en photo me ferait un peu passer pour un psychopathe.


J’ouvre l’historique de ses appels et, en effet, le numéro de Lana l’a bien appelée à 3h27.


_J’avais raison, déclare-t-elle d’une voix blanche. Elle m’a appelée.


_C’est impossible, Brooke, je tente de la rassurer.


_Mais-


_Je pense que le numéro que Lana avait a été réattribué à quelqu’un. Et le fait que cette personne t’a appelée n’est qu’une coïncidence.


_ Tu crois ?


_Bien sûr.


En réalité, je trouve que cette coïncidence est vraiment bizarre. Mais qui s’amuserait à appeler avec le numéro d’une morte juste comme ça ?


_D’ailleurs, elle est morte comment ?


J’ai aussitôt envie de me frapper en voyant Brooke se renfermer. La délicatesse et moi, ça n’a jamais fait un mais là, je bats vraiment tous les records.


_Tu n’es pas obligée de me le dire si tu ne veux pas, j’ajoute précipitamment.


_Non, je… ce n’est pas un secret de toute façon. Et puis, ça peut peut-être me faire du bien d’en parler.


Je prends sa main dans la mienne en guise de soutien. Elle m’adresse un faible sourire.


_Elle… elle s’est suicidée, avoue-t-elle faiblement, les larmes menaçants de couler.


Mon souffle se coupe face à son aveu. J’imaginais quelque chose d’horrible mais pas à ce point-là. Mais ce n’est rien comparé à ce qui suit.


_Elle a sauté du dernier étage de son immeuble. Et elle s’est écrasée à mes pieds.


Tu as aimé ce chapitre ?

6

1

1 commentaire

Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.