Fyctia
Chapitre 28
J'écoute d'une oreille distraite mes frères parler de leur journée, perdue dans mes pensées. Papa rentre normalement demain et j'appréhende son retour. Je ne sais pas si je serais capable de faire comme si de rien n’était devant lui.
En face de moi, Brandon pianote furieusement sur son téléphone.
_Tout va bien ? Lui demande Jaden qui a aussi remarqué son changement d’humeur.
_Ouais, répond-t-il en posant son téléphone. C’est juste Amy qui m’énerve.
Amy ? Un sentiment de jalousie s’empare de moi. Qui est-elle ?
_C’est qui Amy ?
Je remercie mentalement Lucas de poser la question.
_Ma sœur.
_Ta sœur ? J’interviens avec étonnement.
Je croyais qu’il était fils unique.
_Oui, elle a cinq ans de plus que moi.
_Ouah, elle est vieille ! S’exclame Lucas.
Je manque de m’étouffer. Vieille ? Elle ne doit pas avoir plus de 23 ans si mes calculs sont bons.
À ma plus grande surprise, Brandon rit. C’est la première fois que je l’entends rire. Étrangement, ça remue quelque chose en moi.
_Et encore, t’as pas vu mes autres frères et sœurs, William et Willow. Ils ont bientôt trente ans…
_Quoi ? Ils sont jumeaux ?
Brandon hoche la tête. Seul Jaden n’est pas surpris.
_Mais je ne les vois pas souvent. Ils habitent loin.
Son téléphone sonne et affiche le nom d’Amy. Brandon soupire de mécontentement. Il décroche néanmoins et s’éloigne.
_Quoi ? Grommelle-t-il à sa sœur avant de quitter la pièce.
_Il ne l'aime pas ? Demande Lucas.
_Non, il s’entend bien avec sa fratrie, nous explique Jaden. C’est simplement qu’Amy le soûle pour qu’il vienne chez elle, à Seattle, pour faire sa dernière année de lycée. Comme leurs parents profitent des travaux chez eux pour faire un long voyage d’affaire, Brandon est seul jusqu’à leur retour et il n’a pas envie de partir.
_Seattle ? C’est loin d’ici ?
_À deux heures d’avion d’ici environ, je lui réponds.
Je me lève et commence à débarrasser la table, aidée par mes frères.
***
Il est bientôt minuit et je n’arrive toujours pas à dormir. Lucas est couché depuis un moment déjà et Brandon et Jaden sont dans la chambre de ce dernier.
Après mettre retournée un nombre incalculable de fois, je décide de me lever. Je sors de mon lit et allume la lumière. Je ne me suis toujours pas baignée dans la piscine depuis que je suis là et j’en ai envie. J’enfile le premier maillot de bain qui me tombe sous la main – un deux-pièces bleu marine que j’aime beaucoup. J’attrape rapidement une serviette et des tongues et je descends sur la pointe des pieds même si je ne pense pas que Lucas puisse m’entendre.
Même si nous sommes fin septembre, il fait toujours bon. Je pose mes affaires et trempe un pied dans l’eau pour vérifier la température. Pour mon plus grand bonheur, elle est plutôt chaude.
Je plonge dedans sans plus attendre. Je remonte à la surface et repousse les quelques mèches rebelles qui me collent au visage.
Je me sens immédiatement détendue. Je me laisse flotter sur le dos un moment, profitant du calme, avant de faire quelques longueurs.
Je n’ai jamais eu de piscine (un peu compliqué d’en faire rentrer une dans un appartement) mais mes parents nous emmenaient souvent mes frères et moi en vacances dans le sud de la France. Ils y avaient une maison secondaire au bord de la mer. On n’y est d’ailleurs plus jamais allés depuis la mort de Maman. Je ne sais même pas si Papa l’a gardée.
Je chasse ces pensées déprimantes et continue inlassablement à nager. Tout le stress de ces dernières semaines et mes inquiétudes semblent me quitter. Je n’ai jamais été aussi apaisée.
Au bout d’un moment, la fatigue me rattrape. À contre-cœur, je sors de la piscine et commence à me sécher. Mon téléphone indique une heure et demie du matin. En le reposant sur un transat, je remarque Brandon qui m’observe un peu plus loin. Son regard indéchiffrable croise le mien et il s’approche, les mains dans les poches.
_Qu’est-ce que tu fais là ? Je l’interroge une fois qu’il est suffisamment proche de moi.
_Et toi ? Se contente-t-il de me demander.
Je déteste qu’on me réponde par une question. Mais pour une fois, je décide de mettre mon exaspération de côté.
_Insomnie.
_Pareil.
Il me dévisage avec le même air impassible. Pourtant, il semble un peu différent. Si je ne savais pas qu’il n’était pas attiré par moi, je pourrais penser que je lui fais de l’effet. Ses yeux me scannent et me donnent l’impression de brûler là où ils s’attardent. Je frissonne et il ne manque pas de le remarquer.
_Tu as froid ?
Froid ? Oh non… J’ai plutôt l’impression d’être en feu.
Je secoue imperceptiblement la tête. Il se détourne alors.
_Je vais rentrer. Bonne nuit.
_Attend !
Je pose une main sur son bras pour le retenir. Surpris, il se retourne vers moi mais ne dit rien. Le contact de nos peaux m’électrise. La sensation est bizarre mais tellement agréable… Je le relâche cependant pour éviter de passer pour une idiote.
_Hum, je voulais savoir si… j’ai fait quelque chose de mal…
Brandon et moi ne sommes rien l’un pour l’autre pourtant j’ai la désagréable sensation d’avoir commis une erreur qui fait qu’il m’ignore.
_Quelque chose de mal ?
Visiblement, il ne comprend de quoi je parle.
_C’est juste que tu es froid avec moi depuis quelques jours et je pensais que j’avais peut-être fait quelque chose qui t’as offensé.
Brandon se rembrunit immédiatement.
_Non, il n’y a rien.
Cette fois, c’est à mon tour d’être dans l’incompréhension. Pourquoi semble-t-il m’en vouloir alors ?
_Mais je ne pense pas que ton copain aimerait te voir aussi proche d’un autre gars.
Je recule aussitôt, gênée. Je ne m’étais pas aperçue qu’on était aussi proches. J’assimile alors les paroles de Brandon.
_Mon copain ? De qui tu parles ?
_Ken.
_Ken ?
Je ne comprends absolument rien. Qui est Ken ?
_Le blond que tu as embrassé vendredi soir, précise-t-il avec amertume face à mon air perdu.
Je comprends enfin. Brandon pense (comme le reste du lycée) que Hugo et moi sortons ensemble.
_Je crois qu’il y a un malentendu. Hugo est mon ami.
_Tu embrasses souvent tes amis comme ça ?
Visiblement, il ne me croit pas. Mais il n’est pas le seul à être énervé. Cette histoire de couple avec Hugo commence sérieusement à me taper sur le système.
_Primo, c’est lui qui m’a embrassé. Deuzio, nous ne sommes PAS. EN. COUPLE., rétorqué-je en instant sur les dernières syllabes. Que tu me croies ou pas n’a pas d’importance.
Je fais volte-face mais avant d’avoir pu faire le moindre pas, je suis plaquée contre un torse. Ses lèvres fondent sur les miennes tandis que ses mains agrippent mes hanches et ma nuque. Je passe mes mains dans ses cheveux et l’attire plus près de moi. Je ne réfléchis même pas, mon cerveau semble être déconnecté. Mon corps sait exactement faire.
Notre baiser n’est pas tendre mais sauvage et désespéré. Brandon approfondit le baiser et m’embrasse avec une férocité désarmante. Mais je refuse de lui laisser le contrôle. Au contraire, je donne tout ce que j’ai, oubliant même de respirer.
4 commentaires
Alexandra ROCH
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Il y a 3 mois
Maena Morgan
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Il y a 3 mois
Elvira_Lyre
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Il y a 5 mois
Maena Morgan
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Il y a 5 mois