Fyctia
Chapitre 5-2
Deux jours plus tard.
Un nouvel arrivé fait place à la demeure du Duc de Norfolk. Pas n'importe qui. Le prince lui-même. Il est le petit frère caché de sa majesté Victoria, il a été reconnu il y a peu et s'est lié d'amitié avec le duc depuis bientôt six ans. Ils ont toujours été très amis. Même si le prince, nommé Charles, savait respecter les domestiques puisqu'il n'avait pas pu grandir et évoluer avec une cuillère d'argent dans la bouche, il ne refusait pas le grand luxe qui pouvait s'offrir à lui depuis qu'il a été officiellement reconnu prince d'Angleterre. Son rôle premier ici est de venir célébrer l'avant-mariage avec son meilleur ami, mais son but est bien plus important. Il a toujours su qu'un jour, il aurait la chance de pouvoir annoncer à Edward une nouvelle inattendue. Il ne sait pas encore quelle sera sa réaction, mais il espère qu'elle sera tout aussi positive qu'il l'imagine dans sa tête depuis des semaines. Charles a appris, il y a moins de sept jours que son meilleur ami allait se marier, il est plus que jaloux à cette idée. Il compte bien l'affronter pour lui montrer qui est le meilleur.
Il s'avance dans les couloirs de la demeure, ses pas retentissent sur les tapis rougeâtres qui jonchent le sol. Même si cela peut paraître très impoli et mal élevé, il sifflote jusqu'à son arrivée au salon. Il toque en deux coups brefs et entre avant même qu'on lui en donne l'accord. Ismérie relève la tête, surprise d'un tel toupet.
— Mon Prince. C'était donc vous que j'entendais marcher bruyamment.
— Je ne faisais qu'annoncer mon arrivée.
— Personne n'a dû la louper.
Le prince s'arrête un instant et la regarde, déconcerté devant ce vocabulaire si familier. Aurait-elle compris son petit manège?
— Vous m'avez l'air bien ébaubi mon Prince. Vous aurais-je choqué? Je ne pense point. Après tout, vous venez de la campagne, vous devez connaître excellemment cette langue. Sachez que je n'irai pas par quatre chemins. Je connais vos intentions en ce qui concerne Edward. Vous l'aimez, n'est-ce pas?
Charles est consterné devant cette assurance.
— Comment pouvez-vous avancer de telles rumeurs?
— Des rumeurs, vous dites? Pourtant, je n'ai entendu aucune vous mentionnant. J'ai surtout pu avoir l'hasard destin de tomber nez à nez avec une lettre de votre part, destinée à mon fiancé. Bien entendu, jamais je n'aurai pu oser la lire si j'avais été une véritable et digne comtesse. Malheureusement, je ne le suis pas, j'en suis bien loin. Je m'apparente plus facilement à une de ces domestiques qui lavent les carreaux sans se soucier une seule seconde de la paire de chaussures qu'elle pourra porter le lendemain. Voyez-vous, je ne suis pas une noble dans le cœur, je ne le suis que d'apparence et de nom. Tout cela pour vous expliquer avec naturel, qu'en lisant votre lettre, j'ai pu déceler l'amour que vous lui portiez. SI vous saviez à quel point le duc a essayé de vous répondre. Il a déchiré un bon nombre de papier, il a usé de beaucoup d'encre pour vos beaux yeux de seigneur. J'aurai pu être jalouse de cet effort qu'il a commis pour vous. Pourtant, il n'en est rien. Je suis éprise d'un jeune écuyer. Étonnant, me direz-vous, mais cela est bel et bien la vérité. Je vous propose de charmer Edward. Si vous y arrivez, mariez-vous à lui et en échange de mon aide, donnez-moi un accord pour que je puisse épouser cet écuyer sans que l'on vienne nous importuner.
Charles tente de réfléchir à cette proposition. Il cherche la faille, toutefois, il n'en trouve pas. Ismérie est sincère, il le voit bien. Que peut-il perdre dans cet arrangement? Pas grand chose, si ce n'est que de gagner des rumeurs alléchantes à son sujet à la Cour. Il s'avance vers un guéridon et ôte le bouchon de la carafe en cristal, créant ainsi un petit "plop", pour verser le liquide roux dans un verre de la même matière. Il apporte la coupe à ses lèvres et boit le contenu de celui-ci avant de poser le verre désormais vide pour faire du bruit.
— Bien. J'accepte.
Il quitte la pièce pour rejoindre Edward, laissant ainsi Ismérie seule, dans le salon. Toujours aussi bruyamment pour annoncer sa venue, il arrive devant le bureau du jeune noble et toque en deux coups secs. Le duc lui donne la possibilité d'entrer et c'est ce qu'il fait. Il s'avance dans la pièce, les bras levés.
— Mon ami! Que je suis heureux de vous retrouver! J'ai appris pour votre père, vous m'envoyez désolé.
— Je suis également heureux de vous revoir Charles. Je ne pensais pas que vous viendriez aussi rapidement après ma lettre de réponse. Vous avez fait étrangement vite.
— Je ne pouvais pas attendre plus longtemps pour pouvoir vous serrer dans mes bras à nouveau. Il m'était impossible d'imaginer cela, simplement de mon côté, même dans mes rêves les plus fous.
Edward hésite un instant avant de le prendre dans ses bras pour illustrer ses propos, Charles le devance et le colle contre lui comme de bons vieux amis. Avant qu'Edward finisse par se retirer pour respirer, le prince s'empare du visage du maître des lieux entre ses mains fines et douces et l'embrasse. Il en mourrait d'envie depuis trois ans maintenant. Il ne veut pas laisser leur histoire de côté, avec un peu de chance, Edward ressent la même chose à son égard et ils pourront filer le parfait amour.
— Charles... Mon ami... Que faites-vous? Avez-vous perdu la tête? Que pourrait en penser la Reine?
— Oh, Edward, que vous êtes adorable! Vous pensez à ma réputation pour ne pas montrer que vous avez aimé ce tendre baiser que je vous ai offert. Vous êtes bien plus surpris par mon choix vis-à-vis des autres nobles que par mon geste en lui-même.
— Charles, ne dites-pas de bêtise. Cela n'était qu'un égarement, rien de plus, voilà tout.
— Un égarement, vous dites? Vous devez bien rire à l'intérieur mon Cher. Pensez-vous que tous les marquis embrassent leur meilleur ami par égarement? Voyons, vous ne me la ferez pas à l'envers. Je suis bien plus expérimenté que vous ne le pensez pour décrypter à la perfection les sentiments de mes adversaires.
— Suis-je votre adversaire?
— Oui, si vous n'acceptez pas de m'épouser.
Charles s'abaisse et pose un genou à terre avant de sortir un écrin de sa veste et de le lui tendre.
— Mon cher et tendre Edward, Duc de Norfolk, voulez-vous bien me prendre pour époux afin de prospérer ensemble jusqu'à l'éternelle et terrible Mort?
Edward ne savait quoi répondre face à cette déclaration si soudaine et impromptue. Il avait conscience, même s'il aimerait lui donner une chance, que leur idylle ne pourrait pas se suivre sans mauvais regards et rumeurs pleines de médisances à leur sujet. Cependant, pour répondre à la proposition du prince, il relève ce dernier et l'embrasse passionnément. Voilà des mois qu'il attendait de pouvoir poser ses lèvres sur les siennes. Il pensait que le mariage avec Ismérie lui aurait permis de l'oublier, mais il n'en est rien. L'amour est plus fort que tout et même s'ils commettent là un délit, à ce moment présent, il se fiche des représailles.
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Nascana
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Il y a 4 ans
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
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patoche
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Cirkannah
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fabi72
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Il y a 4 ans