Fyctia
Chapitre 4-3
Trois jours plus tard.
Ismérie n'a pas vu Victor depuis l'incendie. Il n'est ni à l'écurie, ni dans les cuisines pour aider les domestiques. Pourquoi ne le trouve-t-elle pas? Elle s'enquit de rejoindre le bureau du duc, déplacé à l'aile opposée pour cause rénovation. Elle ne peut pas attendre plus longtemps, sa disparition reste alarmante. La demande qu'elle va faire auprès de son fiancé risque de paraître très étrange voire suspecte, mais elle n'a pas trop d'autres choix, aucun domestique ne sait où il est et ce n'est pas faute d'avoir demander. Elle entre à l'intérieur de la pièce de travail du duc et s'avance avec délicatesse pour ne pas l'embêter trop hâtivement dans ses recherches. Il lève la tête vers elle et sourit.
— Que me vaut cette agréable petite visite?
— Sauriez-vous, par tout hasard, où se trouve le jeune écuyer?
— Il comparaît aujourd'hui devant le Comité pour reconnaître la sanction à son égard.
— Que dites-vous?
— Ma chère Ismérie, vous n'êtes pas sans savoir que l'incendie causé ici-même a été causé par une bombe. Cette bombe a été créée et posée par les soins de ce maudit bougre. Il aurait pu vous blesser et me causer du mal. Il mérite donc en effet une sanction comparable à ses faits.
— Je n'ai rien et il est venu me sauver!
— Votre bras a été brûlé et il a fait cela seulement dans l'intérêt d'être blanchi de toute suspicion!
— Comment pouvez-vous être sûr que c'est bien lui?
— Lorsqu'il m'a demandé où vous étiez après la promenade à cheval, il s'est enquis de monter les escaliers pour aller au bureau. Il savait forcément qu'une bombe à retardement allait toucher la pièce! Je ne suis pas dupe, et encore moins sans entendement.
— Si j'avais la possibilité de vous contredire, je le ferai sans hésitation. Vous avez bien de la chance que je ne sois que plus basse que vos plumes. Vous ne méritez pas ma main, ni d'enlever mon nom, ni toute cette domesticité à votre service, ni même rien! Je me fiche d'injurier votre classe et votre rang, vous n'avez pas à prendre de telles décisions sur la vie d'un homme. Vous me parlez d'entendement! Et bien j'ose! Si vous aviez de l'entendement, vous ne méditeriez point de cette façon. Vous n'avez pris que le premier venu pour répondre à vos problèmes actuels. Que cela puisse faire qu'un roturier se fasse pendre? À vous? Rien! À l'aristocratie? Rien! À sa famille? Rien! Puisqu'il n'en a même plus. Mais au peuple? Que pensez-vous que cela va donner comme image, au peuple? Même à vos propres domestiques qui n'auront plus confiance en vous, qui hésiteront à se soumettre à un duc irréfléchi, qui manque d'entendement.
— Vous vous approchez d'une falaise bien haute, ma Chère, en me disant cela. Avez-vous été corrompue par ce parasite lorsqu'il vous a sauvé des flammes? Ou ce mal vient-il donc de plus loin? Vous me prenez vraiment pour le dernier des êtres arriérés! Je ne suis pas aveugle! J'ai bien remarqué votre petit jeu avec l'écuyer. Vous fricotez sous mon toit et vous pensez que je ne le relèverai pas? Je suis tombé sur la tenue de servante que vous utilisez pour vous faufiler auprès de lui. Vous l'avez bêtement laissé à la portée de quiconque dans votre chambre. De plus, pensez-vous une seule seconde que je n'ai pas connaissance de chaque domestique sous mes ordres? Vous pensiez peut-être qu'en vous prenant pour une nouvelle, je ne ferai pas la différence, or je sais qui je prends sous mon toit.
Ismérie déglutit discrètement. Le duc savait tout depuis le début, mais il a tout laissé se passer sous ses yeux. Il n'avait jamais essayé de virer l'écuyer. Aujourd'hui, par sa faute, à cause de sa misérable existence, elle va sûrement causé la mort de Victor. Si elle n'avait pas été là, le duc ne serait pas autant en colère contre le jeune homme et ce dernier n'aurait pas essayer de la secourir de l'incendie. Elle s'écroule au sol, perdant toute force et dignité face à son futur mari. Des sanglots bruyants s'échappent tandis qu'elle apporte ses mains à son visage pour cacher la ruine qui se tramait sur celui-ci. Edward recule sa chaise bruyamment et vient auprès d'elle en insistant sur chacun de ses pas qui résonnent dans la pièce, avant de s'accroupir à son niveau.
— J'imagine que ce serait trop vous demander de m'aimer. Visiblement, votre cœur appartient déjà à un autre homme. J'ai cru penser un instant qu'il n'était peut-être qu'une distraction à vos yeux, mais en prenant conscience de votre état face à moi alors que je vous apprends sa mort imminente, je dois bien avouer que je ne peux plus nier l'évidence. Toutefois, je ne vous laisserai pas vous en aller ainsi, vous serez ma femme. Votre père m'a promis votre main et je l'aurai et ce par tous les moyens, même si je n'ai pas enquêter sur l'auteur de cette explosion.
Un silence persiste.
— À votre silence, je présume que vous êtes ravie de vous marier avec moi. Je ne peux pas faire des heureux à toutes les portes. Cependant, je vous aime, Ismérie. Je vous trouve ravissante, certes, mais votre caractère, bien que trop sauvage pour mon rang, me conquit vivement. J'avais déjà eu vent de votre façon à ne pas vous laisser faire et à donner votre gentillesse auprès des plus bas, je ne peux que vous avouer la vérité: votre différence aux autres femmes me montre que je tiendrai bientôt dans le creux de mes bras un joyau inestimable. Vous serez la mère de mes enfants et ils auront une mère unique. Tous les hommes seront jaloux de cette pierre précieuse que seule ma personne pourra caresser du bout des doigts. C'est parce que je vous aime, que j'ai une offre à vous faire.
Elle relève la tête, dans l'espoir qu'elle soit bonne. Bien que ce ne soit pas très glamour, elle renifle et tente de sécher ses larmes.
— Voici ma proposition: j'intercepte le bourreau avant qu'il ne fasse subir la sanction à cet écuyer. En échange, vous me devrez loyauté et fidélité. Je vous laisse donc choisir entre être libre et le laisser mourir à son terrible sort pour un crime qu'il n'a peut-être pas commis, ou offrir votre corps et votre esprit au Duc de Norfolk et lui permettre d'avoir une vie un peu plus longue que vingt-six courtes années.
Elle n'hésite pas une seule seconde.
— J'accepte.
Sa voix était ferme, elle montrait sa détermination. Elle s'est laissée aller à la faiblesse, mais pour lui, elle se doit d'être forte. Ce compromis ne l'arrange en rien, mais il donnera une seconde chance à Victor. Néanmoins, elle ne va pas laisser Edward avoir le dernier mot sur cette histoire.
— J'accepte à la condition que vous blanchissiez Victor de tout acte criminel, mais aussi que vous le laissiez revenir à votre demeure sous vos ordres.
Edward prend quelques secondes pour réfléchir afin de peser le pour et le contre. L'horloge du bureau temporaire résonne dans la pièce, indiquant ainsi les dix-huit heures. Le duc attend avant de répondre. Il se racle la gorge.
— Bien. C'est d'accord. J'ajouterai dans ce cas, que notre mariage aura lieu avant la date prévue, soit Mercredi prochain.
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Nascana
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patoche
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fabi72
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Gottesmann Pascal
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Cirkannah
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