Fyctia
Chapitre 4-1
Edward et Ismérie reviennent de leur promenade à cheval. Ils entrent dans l'écurie, où Victor est en train de ramasser du crottin dans les boxes. En entendant les sabots marteler le sol du bâtiment, l'écuyer relève la tête et regarde les chevaux revenir en s'appuyant contre le manche de sa pelle. Puis, il la pose contre un mur et sort du box dans lequel il travaillait. Il voit le duc arriver près de lui et descendre du cheval avec une dextérité un peu trop poussée. Ismérie lève les yeux au ciel en voyant ce geste qui n'a pour but que de frimer devant elle. Victor s'approche du cheval et le fait entrer dans le box qui lui appartient avant de revenir dans le couloir pour récupérer la jument de la comtesse. Il observe Edward qui aide sa future femme à descendre. Il s'approche pour récupérer la jument, mais au même moment, il croise le regard de la noble. Il sent une espèce de décharge électrique l'envahir. Ces yeux, il connaît ces yeux. C'est alors que tout se mélange dans sa tête, la comtesse a les mêmes yeux que Becky. Pourtant, ils sont si rares, il n'avait jamais connu une autre personne ayant de telles mouchetures dans l'iris. Quelle est la probabilité que deux femmes aient exactement les mêmes yeux et se trouvent être dans le même château? Il s'arrête un instant, complètement chamboulé par ce qu'il vient de voir.
Edward et Ismérie se hâtent alors à sortir de l'écurie. La jeune femme se retourne un instant pour regarder ce que fait le jeune homme. Mais elle n'arrive déjà plus à le voir. Ils continuent d'avancer jusqu'au moment où Edward propose de continuer cette petite virée encore un peu.
— Ma chère Ismérie, pensez-vous que vous aimeriez prendre le thé avec moi?
— Ce serait avec plaisir.
— Bien, je vais aller préparer cela. Pourriez-vous aller chercher ma montre en attendant? Je l'ai oublié dans mon bureau avant de partir en promenade.
— Bien entendu.
Ismérie se sépare alors du duc pour entrer dans le château et monter le premier étage avant de rejoindre le bureau de son fiancé. Elle entre dans la pièce et la balaye du regard à la recherche d'une petite montre à gousset.
Pendant ce temps, Victor sort de l'écurie et remarque le duc, toujours dehors en train de commander des servantes auprès d'une petite table de terrasse.
— Mince! Que fait-il ici? Il devrait être dans son bureau à l'heure qu'il est!
Victor court jusqu'à se retrouver auprès du maître de la demeure.
— Monsieur?
— Oui? Répond Edward avec dédain.
— Vous avez reçu un courrier important durant votre absence, je vous l'ai apporté à votre bureau. Cela avait l'air urgent.
— Bien. J'irai après avoir pris le thé avec ma fiancée. Elle ne devrait pas tarder à revenir de mon bureau. Je pense que cette lettre pourra attendre quelques dizaines de minutes.
Victor comprend alors que la bombe à retardement va s'enclencher sans que le duc ne soit dans la pièce. À la place, la comtesse se la prendra de plein fouet. Ses pensées fusent et la culpabilité l'envahit. Elle n'a rien fait pour mériter cela, elle vient à peine d'arriver. Les yeux de la jeune femme lui reviennent en image. Dans un élan de doute, sans penser une seule seconde aux conséquences et à ce geste devant le duc qui le rendra coupable de l'explosion de la bombe, il court à toute vitesse pour aller au bureau. Il ne reste même pas deux minutes avant qu'elle n'explose. Il dévale les escaliers quatre à quatre dans l'autre sens et manque de tomber en arrivant au palier du premier. Il se relève rapidement et fonce dans le couloir pour atterrir par la suite dans la pièce qui n'existera plus dans quelques secondes désormais. Il voit la comtesse, appuyée contre le bureau, en train de chercher quelque chose. Il s'élance sur elle et la tire par le bras pour la faire sortir avant qu'il ne soit trop tard. Malheureusement, au même moment, Victor entend un engrenage s'arrêter, il n'a pas le temps de réfléchir qu'il plaque Ismérie contre le sol et la recouvre de son corps pour qu'elle ne soit pas blessée.
À l'extérieur, le Duc de Norfolk règle les derniers détails de la table. Il positionne les gâteaux un peu plus vers la droite lorsqu'il entend une explosion provenant de l'intérieur de sa demeure. Il se retourne et remarque que de la fumée noire, épaisse, sort d'une fenêtre semi-ouverte du premier étage. Nul doute sur l'identité de la pièce, c'est bel et bien le bureau. Il lâche alors les serviettes qu'il avait dans les mains et se ruent à l'intérieur. Il grimpe les marches et remarque que la fumée a commencé à se répandre dans le couloir. Il avance, un bras sur le nez et la bouche tout en toussant. Il ne voit pas grand chose, les particules de la fumée lui piquent les yeux. Il ne peut pas aller plus loin. Il descend à toute vitesse et ordonne à des cochers de partir dans le centre-ville pour alerter le cas d'incendie à la demeure.
Une vingtaine de minutes plus tard, alors que la fumée commence à s'intensifier, des voitures arrivent. Des hommes en sorte avec des sceaux. Les servantes se hâtent pour aller chercher de l'eau au puits le plus proche. Une chaîne humaine se crée et les hommes arrivés aident les servantes à tenter d'éteindre l'incendie. De la suie noire recouvre le visage de chaque personne qui essaie de réduire cette fumée. Même Edward, a le visage noir. Il commence à s'inquiéter de la santé de sa fiancée. Il prévient quelques hommes qu'une jeune femme est restée coincée là-haut et ceux-ci entrent avec des sceaux remplis d'eau pour tenter de braver le danger afin de sauver la comtesse. Même si le duc avait essayé d'entreprendre un acte de bravoure, il s'est rapidement retrouvé sur le banc des lâches. Victor, lui, n'a pas hésité une seule seconde à courir droit dans le piège explosif pour tenter de sauver la vie de la noble qu'il ne connaissait pas vraiment.
Deux heures plus tard, l'explosion a été atténuée, l'incendie est désormais éteint et l'entrée se fait plus simple. Edward regarde tout autour de lui et surveille les portes, attendant qu'un homme sorte avec la comtesse dans les bras. Pourtant, cela fait plusieurs minutes que le passage est dégagé et qu'il est possible d'atteindre le bureau sans danger, mais rien. Toujours aucun signe de sa future épouse. Deux minutes s'écoulent avant que tous les hommes qui sont entrés ne ressortent. Le duc se hâte vers eux.
— Alors? Vous l'avez trouvé? Comment va-t-elle?
L'homme qui est sorti le premier le regarde avec un air désolé, il hoche de la tête à la négative en baissant les yeux avant de repartir. Edward est effondré, comment cela a-t-il pu se passer? Comment va-t-il faire pour raconter cela au Comte de Montesquiou-Fézensac? Il est dévasté, il prend sa tête entre ses deux mains et se laisse tomber au sol.
6 commentaires
Nascana
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
fabi72
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans