Fyctia
Chapitre 3-3
— Tu n'as pas tant de ça de haine envers les nobles en fait. Tu ressens de la compassion pour elle. Intervient alors Ismérie, un pincement au cœur après avoir écouté le récit de cette histoire.
— Je ne sais pas. Après cela, j'ai erré durant des jours et des semaines dans les rues jusqu'à arriver à un port dans le nord de la France. Là-bas, alors que je tapais dans les cailloux que l'on pouvait trouver sur les pavés du port, un vieux commerçant est venu vers moi. Il m'a demandé ce que je faisais là tout seul. Après lui avoir raconté mon histoire, il m'a proposé de m'emmener avec lui en Angleterre contre de la main d’œuvre. Il s'est occupé de moi jusqu'au jour où je suis arrivé ici, au service de ce duc. Grâce à lui, j'ai pu me nourrir à ma faim et dormir sous un toit, je dois tout à ce commerçant ambulant. Ce jour-là, il a sauvé la vie d'un gamin, et je sais que je ne l'oublierai jamais.
Aucune larme ne coule sur la joue du jeune homme. Pourtant, Ismérie le sent, il peine à raconter, cette histoire lui est douloureuse. Quant à elle, il lui est impossible de ne pas tomber en pleurs après ce récit. Victor se tourne alors vers elle et essuie les gouttes salées qui coulent sur ses joues roses.
— Ne pleure pas, Becky. Aujourd'hui, tout va bien.
Il défait alors l'élastique des cheveux de la fausse servante pour laisser ces derniers tomber fluidement en cascade sur ses épaules. Il s'avance vers la noble et la pousse légèrement afin qu'elle s'allonge sur la paille. Il se met au-dessus d'elle et l'embrasse tout en lui tenant la tête. Elle ne cherche pas à le repousser, au contraire, elle l'entraîne dans la danse et prolonge ce baiser qui s'intensifie au fur et à mesure que les secondes s'écoulent pour devenir des minutes. Il ne tarde pas ensuite à s'endormir tous les deux, l'un contre l'autre.
À peine une heure plus tard, Victor se réveille et se lève en faisant attention de ne pas réveiller Ismérie. Il quitte l'écurie et marche jusqu'à se retrouver en dehors du domaine. Il rejoint alors deux autres hommes, plus vieux que lui, dans une ruelle sombre. Puis, il entre avec eux dans un bâtiment dont la porte se trouve être très délabrée. Une odeur d'alcool vient remplir les narines du jeune homme. Il s'avance parmi les tables rondes de l'espèce de bar secret en essayant de se frayer un chemin entre les différents alcooliques de la soirée. Une fois la pièce traversée, il entre dans une autre pièce où le silence règne bien plus que dans la précédente. Il pose ses yeux sur un mécanisme avec des fils et une montre.
— C'est exactement ce que nous avions besoin. Le Duc de Norfolk a prévu de faire rentrer en vigueur une nouvelle unité auprès de la Reine Victoria. Nous ne pouvons pas le laisser faire. Il va rayer le petit Peuple de la carte. Nous serons encore plus maltraités que nous le sommes déjà, les servantes le seront davantage. Cette bombe va permettre de l'anéantir, ou du moins lui faire peur pour qu'il n'aille pas jusqu'au bout de ses idées. Je m'occupe de la positionner dans sa demeure. Pour ceux qui se demandent, je ferai en sorte qu'aucun personnel ne se trouve à cet endroit au moment de la mise en route de ce mécanisme. Toutefois, je ne ferai pas de différence entre le duc et un autre noble s'il est accompagné. Un noble de moins peut toujours faire la différence. Nous nous reverrons après le lancement de la bombe.
Victor prend l'objet dans ses mains avec délicatesse et le cache sous sa veste avant de repartir dans le sens inverse et de retourner au domaine du duc. Arrivé là-bas, il dépose le mécanisme dans le bureau du noble avec la plus grande discrétion possible, juste derrière une pile de livres qui le cache sans problème. Puis, il retourne à l'écurie pour se rendormir aux côtés d'Ismérie. Malheureusement, celle-ci ne se trouve plus là. Elle a dû remarquer son absence. Déçu, il s'allonge dans la paille et s'endort, seul.
À la fin de la première semaine, vers 15h48.
Le duc interpelle Victor qui passe dans le couloir pour apporter des serviettes propres à la comtesse. Il recule et reste dans l'encadrement de la porte, laissant ainsi seulement sa tête dépasser.
— Que puis-je faire pour vous Monsieur?
— J'aimerais que tu prépares deux chevaux. Le mien et la jument blanche. Je vais faire une promenade avec ma fiancée, nous ne serons de retour que dans deux heures, tu pourras nettoyer l'écurie durant ce temps.
Edward retourne à ses papiers sans lui adresser un regarde supplémentaire. Victor s'éclipse et apporte le linge propre à l'étage, pour la comtesse. Il toque à la porte, et entend un "Entrez". Il obéit et dépose les serviettes sur le lit en remarquant que la comtesse se trouve dans la salle de bain, puisqu'il ne peut pas la voir d'ici.
— Je vous ai apporté vos serviettes. Je vous les ai posées sur votre lit.
— Merci!
Victor est surpris de recevoir un remerciement pour une tâche aussi ingrate. Peut-être que la comtesse n'a pas très bien compris ce qu'il avait apporté et qui il était. Il ressort de la chambre et part préparer les chevaux. À peine une dizaine de minutes plus tard, le duc arrive et lui demande de disposer, ce que l'écuyer fait. Il en profite qu'il ne se trouve pas dans les parages pour se rendre dans son bureau afin d'enclencher le système.
Pendant ce temps, Ismérie arrive à l'écurie et monte la jument. Edward, déjà installé, commence le pas et attend sa fiancée pour sortir du domaine. Ismérie le suit avec pour seules convictions, faire du cheval et admirer les beaux paysages qu'elle pourrait représenter sur des toiles vierges. Elle ne déteste pas son fiancé, mais elle ne l'aime pas non plus. Il n'est ignoble, elle le sait, elle a déjà eu affaire à des nobles beaucoup plus méchants ou plus hautains. Toutefois, durant toute la balade, elle ne pense qu'à un seul visage, celui de Victor.
Toute la semaine, elle s'est éclipsée dans les cuisines pour aider les autres servantes dans leurs tâches ménagères, elle en a appris beaucoup en seulement six jours. Elle sait désormais éplucher des pommes de terre et ranger des robes dans une armoire. Elle s'entend aussi à merveille avec les autres femmes de cuisine. Elles rient souvent ensemble, elle a même cette agréable impression que les classes sociales ne sont en fait que des barrières franchissables. Même si elle doit usurper sa propre identité pour pouvoir être avec elles et s'approcher de Victor, elle a l'intime conviction, qu'un jour, les classes pourront se mélanger. Cette semaine s'est écoulée rapidement, même si elle est heureuse avec les servantes et avec Victor, elle ne peut s'empêcher de penser à son mariage qui aura lieu dans deux semaines. Elle risque de devoir trahir Victor, de le quitter pour un homme qu'elle ne souhaite pas épouser. Ces derniers jours, elle a passé énormément de temps avec l'écuyer, que cela soit en cuisine où les rires fusaient ou bien dans des moments intimes comme à l'écurie. Elle sait désormais que c'est lui son âme sœur, même si cela lui est interdit.
8 commentaires
Nascana
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Gabriele VICTOIRE
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Eve d'Adam
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans