Fyctia
Chapitre 3-1
Ismérie ouvre alors les yeux. Elle les avait fermé lorsqu'elle est tombée par peur de sentir une quelconque douleur. Elle aperçoit alors les cheveux bruns légèrement bouclés du jeune homme. Ses lèvres sont scellées aux siennes. Victor le remarque et se relève d'un bond, en essayant de ne pas glisser à nouveau à cause des tissus qui jonchent le sol. Ismérie tourne la tête, fuyant le regard de l'écuyer tout en se relevant.
— Je suis vraiment désolé...
Victor ramasse les robes et les range dans l'armoire tout en essayant de les défroisser un maximum. La fausse servante décide alors de sortir de la pièce pour raccourcir ce moment de gêne entre eux. Elle allait ouvrir la porte lorsqu'il l'interpelle.
— Becky! Attends!
Ce nom la fait frissonner, elle sait que ce n'est pas le sien, elle sait que c'est un mensonge et que tôt ou tard, il faudra bien rendre vérité à ce jeune homme. Pourtant, elle pense que ce n'est pas encore le moment de tout avouer. Si elle a commencé, c'était pour la raison simple qu'elle souhaitait surtout faire sa connaissance. Il l'intrigue, il paraît si mystérieux. Elle se retourne, un sourire au visage pour ne pas lui montrer à quel point elle est une femme meurtrie.
— Tu m'en veux? Je veux dire... pour le baiser.
Il ne la quitte pas du regard, il essaie de comprendre ce qu'elle ressent, ce qu'elle pense.
— Je ne t'en veux pas. C'était un accident.
Elle ouvre et la porte et sort de la pièce, Victor reste planté un instant. Il aimerait pouvoir la sonder et comprendre ce qui flotte dans sa tête. Il est inévitablement attiré par elle mais il n'arrive pas à savoir pourquoi et qu'est-ce qui l'attire autant. Il sort ensuite à son tour et referme la porte avant de retourner aux cuisines. Magar est en train de donner des directives. Elle demande à Ismérie d'éplucher les pommes de terre pour le repas du duc et de la comtesse. Même si elle essaie de ne pas le montrer, Victor remarque toute suite qu'elle semble dubitative devant le panier de patate. Elle l'emporte avec elle dans une autre pièce, et s'assoit à une table. Elle prend ensuite un légume dans sa main et s'arme d'un couteau pour essayer de l'éplucher. Victor qui l'a suivi, la regarde faire, amusé. Après l'avoir laissé galérer durant cinq minutes, il vient auprès d'elle en tirant une chaise et s'assoit. Il lui ôte alors le légume et le couteau des mains avant de lui montrer la technique.
— Tu dois appuyer avec ton pouce ici tout en faisant tourner la pomme de terre avec ton autre main.
Ismérie regarde alors la patate tourner dans la main gauche du jeune homme, quant à lui, il observe ce regard qui le fait sourire. Ils sont près l'un de l'autre. Il pourrait voir ses imperfections, mais il ne semble pas en trouver. Les longs cheveux bruns de la noble, même attachés, lui paraissent soyeux et soignés. Victor la trouve tout simplement magnifique, pourtant, il sait qu'il n'est pas une personne attirée par le physique, il en a vu beaucoup des jolies jeunes filles, surtout en côtoyant la Cour, même de loin. Mais, Elle, elle n'est pas comme les autres jolies filles. C'est comme si un aimant magnétique le poussait à s'approcher d'elle, à vouloir sans arrêt humer son parfum en nichant sa tête dans son cou et à venir lui parler pour entendre sa voix même un court instant. Ismérie relève la tête et le surprend être en train de la détailler du regard.
— Puis-je t'aider? Demande-t-elle avec un air provocateur.
— Peut-être que tu pourrais en effet m'accorder la possibilité d'apprendre à connaître la femme qui se cache derrière ce masque. Répond-il en chuchotant.
— Je ne porte pas de masque. Rétorque-t-elle en l'accompagnant.
— Pourquoi m'as-tu attrapé dans tes filets? Pourquoi essaies-tu de m'envoûter de la sorte?
— J'aimerai pouvoir te retourner ces questions.
Victor se trouve être surpris. Il ne sait pas vraiment comment interpréter cette phrase. Ressent-elle la même chose pour lui ou cela veut-il dire que ce n'est pas du tout le cas? Pour en être sûr, même si au fond de lui il a conscience que ce n'est pas convenable de faire ça, il s'approche doucement d'Ismérie. Elle n'essaie pas de le repousser, alors il continue jusqu'à que ses lèvres touchent les siennes. Elle ne bouge pas, il fait alors une légère pression, ce à quoi elle répond en faisant de même. Il sourit contre ses lèvres: elle ne l'a pas repoussé, elle a même répondu à son baiser.
— Becky, rejoins-moi ce soir à l'écurie, s'il-te-plaît. Faisons connaissance.
— Je ne sais pas si c'est une bonne idée... et surtout si je pourrais...
— Qu'est-ce qui t'en empêche?
— Je...
Elle marque une pause pour réfléchir à une excuse bidon, mais rien ne lui vient à l'esprit.
— Je viendrai.
Vers 11 heures, Ismérie quitte les cuisines, elle prévient Bertille et Margaret qu'elle doit retourner à sa place, ce que Victor entend alors qu'il lave les gamelles du petit-déjeuner. Ismérie enlève donc son tablier blanc et le range dans la penderie de la cuisine avant de se mettre à accélérer le pas pour monter dans ses appartements. Elle vérifie que personne ne se trouve dans le couloir avant d'entrer dans la pièce où elle est censée dormir. Elle n'a pas vu le temps passé aux cuisines, ou plutôt aux côtés de Victor, le beau et jeune écuyer. Une bonne femme ne devrait pas dormir jusqu'à si tard, et c'est ce qu'elle risque de montrer au duc. Quelle catastrophe! Elle se met alors à sortir son matériel de peinture et sort une toile qu'elle avait déjà commencé avant d'appeler une servante pour qu'elle puisse l'aider à s'habiller. Ainsi, elle pourra plus facilement faire croire qu'elle s'était levée tôt pour peindre un paysage venant de son imagination.
Quelques minutes avant le déjeuner, elle rejoint la bibliothèque où elle trouve sans surprise le Duc de Norfolk. Il est assis dans un fauteuil vert et semble lire un bouquin tout à fait ennuyeux, sûrement autant que le tas de paperasse sur le bureau qui parait plus que fastidieux. Elle s'avance jusqu'à lui d'un pas calme et rythmé.
— Je vous souhaite bien le bonjour Monsieur le Duc.
— Bonjour Ismérie. Vous n'avez pas déjeuné ce matin?
— Je m'en excuse, j'ai préféré peindre un tableau après avoir rêvé cette nuit de jolis paysages enchantés.
— Je peux comprendre ma Douce, pas d'inquiétude. Aimeriez-vous me jouer une petite mélodie au piano pour moi?
— Bien entendu Edward.
Ils quittent tous les deux la bibliothèque pour se rendre dans la salle où se trouve l'instrument en question. Une fois arrivés, Ismérie s'assoit sur la banquette et se détend les doigts. Puis, elle ferme les yeux et commence à caresser les touches de la pointe de la pulpe de ses doigts tout en harmonisant les notes qui résonnent dans la pièce. Au même moment, Victor passe dans le couloir pour apporter les bottes cirées au duc. Il les laisse à l'entrer sans regarder la comtesse avant de repartir. Il doit bien avouer qu'elle joue merveilleusement bien, mais les femmes nobles sont toutes les mêmes: des femmes qui cherchent un bon statut social.
12 commentaires
Nascana
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Gabriele VICTOIRE
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Gottesmann Pascal
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Cirkannah
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Zoé Sonobe (zizogoto)
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fabi72
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans