Fyctia
Chapitre 2-3
Le lendemain matin, vers 5h10.
Ismérie se réveille, elle s'est couchée le plus tôt possible la veille pour pouvoir se lever de la façon la plus matinale qu'il soit. Si elle souhaite rejoindre les filles de cuisine, elle n'a pas d'autres choix que de le faire lorsque le lord n'est pas dans les parages. À cette heure, elle est au moins assez sûre de ne croiser personne qui pourrait la réprimander. Elle ne tente alors même pas de s'habiller d'une jolie robe comme toutes les autres comtesses de son âge, non, elle sort en robe de chambre, ce qui est plus qu'inconvenable. Par chance, elle ne croise personne sur son chemin. Elle entre dans les cuisines où Bertille, la brunette aux cheveux courts, lave déjà de grands plats en métal dans l'évier. Lorsque cette dernière remarque la présence de la jeune noble, elle s'arrête dans son élan, essuie ses mains sur son tablier et lui accorde un joli sourire accompagné d'un "bonjour".
— Bonjour Bertille.
— Que faites-vous donc ici de si bon matin?
— Comme je vous en avais parlé, je viens toutes vous aider en cuisine.
— Vous n'êtes vraiment pas comme toutes ces jeunes filles de votre catégorie.
— Je ne sais pas... Je suis juste... moi-même. Tutoie-moi donc! Victor m'a expliquée qu'entre domestiques, nous nous tutoyons tous.
— C'est vrai, mais vous n'êtes pas une simple domestique Mademoiselle, vous êtes la fiancée de Monsieur.
— Bertille, s'il-te-plaît, pas d'histoire avec ça. Le reste du personnel va arriver, nous devons tous être sur le même pied d'égalité et surtout, que personne ne remarque qui je suis.
— Bien, je vais te tutoyer dans ce cas. Tu... as besoin d'aide pour t'habiller?
— C'est très gentil de ta part Bertille, mais je vais devoir apprendre à me débrouiller si je veux pouvoir vous ressembler! Tu m'aideras à avoir les bonnes manières, n'est-ce pas?
— Ce ne sera pas bien difficile, utilise un vocabulaire moins haut, ce que tu arrives à faire de temps en temps et surtout, oublie toutes les formes de politesse que tu connais. Ici, cela ne fonctionne pas tout à fait pareil. Tu apprendras vite. Observe simplement les autres filles.
— D'accord, merci à toi.
Elle sourit avant de fouiller dans le placard. Elle en sort une robe grisâtre comme elle a pu porter le soir où elle a rencontré Victor. Elle se change et "néglige" sa coiffure comme elle ne l'avait jamais fait. Puis elle noue un tablier autour de sa taille avant de se retrousser les manches.
— Par quoi puis-je commencer?!
Ismérie est beaucoup plus motivée que ce que pensait Bertille. La lueur dans ses yeux ne la trompent pas. Elle ne fait pas ça pour se faire aimer du personnel, elle le fait parce qu'elle en a tout simplement envie. La domestique brune prend alors plaisir à lui expliquer comment ranger les couverts dans le placard.
Quelques dizaines de minutes plus tard, d'autres jeunes filles arrivent dans la cuisine, elles se mettent directement au travail sans perdre une seule seconde. Toutefois, cela ne les empêche pas de pouvoir discuter entre elles et de rire comme si tout ce travail à faire n'était qu'une simple formalité. Au bout d'une heure de dur labeur pour toutes. Elles se tournent en même temps, en regardant la nouvelle et se mettent à crier.
— BIENVENUE!
Ismérie se retourne, surprise, elle pensait qu'aucune d'entre elles n'avait remarqué sa présence inhabituelle.
— Je vous présente une nouvelle domestique qui travaille à partir d'aujourd'hui. Elle n'est pas très familière avec tout cela, ses parents ont fait faillite et elle doit apprendre à se débrouiller seule dans ce monde. Vous connaissez bien le Duc de Norfolk, il a le cœur sous la main. Ainsi, il a pris cette charmante demoiselle sous son aile! J'espère que vous lui ferez un très bon accueil dans notre service. Commence Margaret.
— Bonjour... Je m'appelle Becky... Je suis vraiment contente de pouvoir être ici parmi vous.
Ismérie se trouve être beaucoup plus timide qu'elle ne le pensait. Elle croit bien qu'elle n'a jamais eu autant de paires d'yeux qui la fixent ainsi, même lors du Bal des débutantes, elle se sentait plus à l'aise. Est-ce que certaines servantes vont la reconnaître? Ou bien remarquer qu'elle n'est pas du tout issue d'une famille de prolétaires?
Le travail reprend automatiquement, quelques jeunes filles viennent lui poser des questions. Ismérie essaie tant bien que mal de s'inventer une vie plausible qui concorde parfaitement avec la description de Magar. Viens alors le moment où Victor rejoint les filles pour les aider. Il a déjà nourrit et pansé les chevaux. Il doit nettoyer leur boxe que dans l'après-midi.
— Bien le bonjour les filles!
Il entre en souriant, Ismérie n'ose même pas se retourner, elle continue à ranger les condiments dans les pots en terre cuite de son côté, dans un coin de la cuisine. Toutes les filles répondent au bonjour lancé par Victor sauf elle, ce qu'il remarque. Il la fixe et s'avance vers elle. Il s'approche tellement près de la fausse servante que si elle décidait de faire un pas en arrière, elle risquerait de lui marcher sur les pieds. Il baisse sa tête vers la gauche et lui susurre un ''bonjour" près de son oreille. Ismérie frissonne, elle n'est pas passée inaperçue comme elle aurait aimé. Elle se retourne et se retrouve à seulement quelques centimètres du visage du jeune homme.
— Bon-Bonjour...
Elle rougit et se focalise à nouveau sur les condiments. Victor sourit face à cette facette plutôt mignonne. Il demande haut et fort ce qu'il pouvait faire pour les aider. Magar, moins bête qu'elle ne le fait penser, lui propose alors d'aider Becky à monter les tenues repassées de la comtesse dans son armoire. Il ne refuse pas, il s'enquit simplement de récupérer une pile avant d'attendre au beau milieu de l'encadrement de la porte qu'Ismérie vienne le suivre. Suite à cette provocation, elle se hâte de ranger les pots sur l'étagère en bois et de prendre l'autre pile à son tour. Elle le suit alors en silence, à plus d'un mètre de lui, sans oser dire un mot. Victor ne met pas beaucoup de temps à comprendre qu'elle n'est pas très heureuse, ce silence en dit bien plus long que ce que pourrait penser la comtesse. Ils entrent ensuite dans l'une des pièces des appartements de la fiancée qui se trouve ne pas être dans son lit comme elle est censée l'être. Victor arrive alors devant l'armoire et l'ouvre avant d'y déposer le plus délicatement possible les robes dans la penderie afin de ne pas les froisser. Puis c'est autour d'Ismérie qui essaie tant bien que mal de les positionner. Dans un élan de maladresse, elle fait tomber trois robes par terre avant de glisser sur l'une d'elle et se retrouver le postérieur par terre au beau milieu des tenues de la comtesse qu'elle ne devait surtout pas froisser...
— Tu n'as jamais fait ça de ta vie, je me trompe?
Elle rougit de honte.
— Non... jamais.
Il vient se pencher vers elle pour lui tendre sa main, elle l'attrape mais lorsqu'elle tente de se relever, elle se prend les pieds dans les jupons et entraîne l'écuyer dans sa chute.
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Nascana
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans
Camille Jobert
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Gabriele VICTOIRE
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patoche
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Zoé Sonobe (zizogoto)
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Gottesmann Pascal
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Il y a 4 ans
Zoé Sonobe (zizogoto)
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Il y a 4 ans