Zoé Sonobe (zizogoto) Idylles délictueuses Chapitre 2-2

Chapitre 2-2

Le lendemain.

Ismérie se réveille à la lueur du matin qui passe par les rideaux. Un filet de bave est collé sur sa joue, elle bouge sa langue sur ses lèvres pour éviter de continuer à baver. Même les comtesses ont leurs moments moins glorieux. Elle se relève alors avant de sortir du lit pour faire sa toilette. Trois quarts d'heure plus tard, Ismérie est prête et se trouve dans les couloirs. Elle atteint la salle à manger personnelle du duc et le salue avant de s'asseoir.


— Bien le bonjour ma Chérie. Avez-vous bien dormi? Lui demande le duc.


— Bien et vous my Lord?


— Très bien, j'ai pu goûter au sommeil d'une façon aussi exquise qu'il soit.


— J'ai une faveur à vous demander.


— Vous pouvez enjoindre tout ce que vous souhaitez ma belle Ismérie.


— Puis-je, s'il vous plaît, venir vivre avec vous ici dès aujourd'hui? Propose-t-elle expressément.


— Vous briguez donc à ce point de vivre dans ma demeure à mes côtés? Je suis tout à fait surpris par votre demande. Je devrais en parler à votre père avant de prendre une quelconque décision. Toutefois, pour ma part, c'est un accord sans réflexion. S'il accepte, vous disposerez des appartements dans l'aile Ouest. Je ne vous obligerai en rien de passer du temps avec moi, cependant, il serait très agréable que vous choisissiez quelques horaires pour me satisfaire.


— Bien entendu my Lord. Je vous remercie pour votre bonté sans limite.


Heureuse, elle mange le petit-déjeuner servi à table, ce qu'elle n'a pas vraiment l'habitude de faire. Après avoir rempli son estomac, elle s'enquit de sortir de la pièce pour rejoindre les cuisines. Elle y croise la première domestique qui l'avait aidée la veille.


— Bien le bonjour Mademoiselle.


— Bonjour, puis-je te parler?


— Mademoiselle, vous ne devriez pas être aussi familière avec moi, vous pourriez avoir des ennuis. Si vous voulez me parler de votre idée, Bertille m'a déjà tout racontée. Vous savez, les cuisines ne sont pas faites pour une damoiselle aussi raffinée que vous.


— Bertille? Oh la jolie brune! Quel est ton prénom?


— Je m'appelle Margaret, mais la plupart du personnels m'appelle Magar.


— Bien Magar, je suis enchantée de faire ta connaissance. Je t'en prie, tutoie-moi lorsque nous sommes toutes les deux. Lorsque j'intégrerai les cuisines, j'aimerai que tu en fasses autant. Personne ne doit comprendre qui je suis.


— Vous savez... Tu sais Mademoiselle... Que c'est étrange de vous tutoyer... Enfin... Tu as un très joli visage, cela va être compliqué à cacher. Les domestiques finiront tous par connaître vos... tes traits.


— Tu as sûrement raison, c'est pourquoi, lorsque je viendrai, ici, je coifferai mes cheveux vers le bas et non vers le haut, je n'utiliserai pas non plus de poudre. Je suis certaine que même le duc n'y verrait que du feu. Je suis la meilleure en ce qui concerne le jeu d'actrice. J'ai déjà il y a deux ans simulé une douleur à l'estomac pour ne pas avoir à suivre mon père lors d'une chasse au cerf.


— Ici, ce sont surtout les ours, que le duc chasse, il aime les cerfs, les lapins, les sangliers aussi, mais l'ours est l'animal le plus pur pour le duc.


— C'est de pire en pire.


Elle soupire avant de sortir des cuisines. Elle part chercher un cocher.


— Excusez-moi! Pourriez-vous aller chercher des valises à la demeure des Montesquiou-Fézensac? J'ai besoin de toutes mes affaires ainsi que de mon matériel de peinture pour ne pas m'ennuyer ici.


Le cocher ne donne pas de réponses. Il acquiesce simplement et se hâte vers la sortie de la propriété. Pendant ce temps, Edward, le duc de ces lieux, ne perd pas de temps. Si sa bien aimée veut autant venir vivre ici, il ne va pas attendre une minute de plus pour demander l'accord à son père. Justement, le comte français est dans la bibliothèque en train d'analyser une carte des mers.


— Bonjour mon cher ami!


— Vous êtes là Edward! Je suis bien heureux de pouvoir avoir accès à tous ces livres absolument fabuleux! Votre père a tellement voyagé et écrit sur ce qu'il a découvert que je commence à en perdre la tête en seulement une heure.


— Mon père était un homme très cultivé et passionné par le voyage naval. Je suis sûr que vous trouverez ce que vous cherchez parmi tous ces bouquins qui resteront à jamais coincés entre deux piles de livres anciens en latin. Vous pourrez même en récupérer quelques uns si cela vous chante, je ne pense pas les lire ou m'y intéresser que cela soit de près ou de loin.


— Je vous remercie, c'est très gentil de votre part de me faire don de biens de votre père défunt. Je suis honoré de pouvoir en prendre soin.


— Par ailleurs, j'ai une requête à vous proposer. Ismérie, votre chère et tendre fille m'a demandé si elle pouvait venir s'installer dès aujourd'hui dans mon château. Je n'y vois bien entendu aucun inconvénient, mais pour la laisser rester ici, il me faut votre accord. Y voyez-vous une objection?


— Non, non. Vous pouvez lui dire que je suis d'accord. Tant que les règles sont respectées, je ne peux pas refuser une telle demande de sa part. Cela me surprend fortement. Je ne pensais pas qu'elle se plairait ici dès son premier jour.


La conversation prend fin, le Duc de Norfolk se glisse alors hors de la bibliothèque et tente de trouver sa fiancée parmi tous les couloirs et toutes les pièces de la demeure. Il la trouve enfin une dizaine de minutes plus tard dans la salle de musique où elle s'est installée devant le magnifique piano à queue noir. Elle caresse délicatement les touches blanches du bout de ses doigts comme si elle n'osait pas appuyer par peur de les briser d'un simple geste doux. Il toque à la porte en bois déjà grande ouverte, pour s'annoncer, puis entre à l'intérieur de la pièce.


— J'ai une excellente nouvelle à vous annoncer ma Tendre. Votre père m'a donné son accord. Vous pouvez vous installer ici, sur votre future propriété. N'est-ce pas incroyable?


— Oh! Que c'est fantastique! Il me tarde d'aller le remercier.


Le duc sourit et s'extirpe de la salle pour la laisser se réjouir de cette bonne nouvelle. Que pouvait-il espérer de mieux qu'un mariage arrangé qui plaise réciproquement? Toutefois, ce qu'il ne se doutait infiniment pas, c'était que la raison de l'ambition d'Ismérie à rester ici n'était pas par amour pour lui, mais par curiosité pour Victor, le jeune écuyer.



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8 commentaires

Nascana

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Il y a 4 ans

Elle risque de se mettre en mauvaise situation. J'ai peur qu'il ne découvre son jeu.

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

C'est en effet bien problématique !

patoche

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Il y a 4 ans

Il y a déjà une belle complicité entre Ismérie et les filles des cuisines. Je pense que leur rôle va avoir de l'importance dans l'histoire.Hâte de lire les prochains.

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

C'est fort probable!

Cirkannah

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Il y a 4 ans

Elle est vraiment audacieuse et suis son idée C est un personnage fort

Zoé Sonobe (zizogoto)

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Il y a 4 ans

En effet!
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