Myjanyy idEntité Jour 3 - Sam

Jour 3 - Sam

Il y a quelques heures, je ne connaissais pas son regard. Mais là, je vois une flopée de sentiments parcourir ses iris.


La peur. Noire. Sombre, comme un puits sans fin. Et j'en suis l'unique responsable.


Seul au milieu de cette grande pièce vide, mon cœur n'arrête pas son sprint éreintant. Elle m'a fichu une jolie trouille à se jeter sur moi. Elle a le mérite d'être courageuse, et j'apprécie qu'elle tente. Ça mouvemente un peu ma mission, même si elle me donne du fil à retordre.


J'ai caressé doucement son visage de la pointe de mon flingue. Le métal l'a faite frissonner et tout son corps en est resté paralysé. J'ai senti ses membres se contracter sous moi, et ma voix grinçante n'a fait qu'accentuer son mal être.


J'ai réussi. Je le devais. Elle ne doit pas m'échapper.


Si c'est le cas, je ne donne pas cher de ma peau. Pawikov me le fera payer, sans aucun doute. Alors, même si je déteste voir en elle ce que je lui inflige, je joue le jeu. On ne se connait pas. Je ne sais rien d'elle, mis à part qu'elle est ma seule échappatoire.


Je marche à grands pas vers la cuisine et m'y sers un verre d'eau. Le liquide frais envahit mon corps et me fait du bien. Je garde longtemps la tête penchée, les yeux au plafond, fermés. Tout va trop vite. Je ne dois pas perdre de vu mon objectif.


L'argent.


Une plainte étouffée me parvient de la chambre. Je soupire et mes épaules s'affaissent. Être l'auteur d'un mal psychologique plus que physique est dur à assumer Jamais je n'aurais cru en baver comme ça.


Quand j'entre dans la chambre, elle est positionnée au même endroit que tout à l'heure. J'ai serré les liens si fort qu'ils lui lacèrent la peau. Elle gigote et tourne la tête dans tous les sens.


Je me penche légèrement vers elle et fronce les sourcils. Elle s'arrête et lorgne sur mon Beretta que je tiens fermement dans ma main.


La terreur emplit de nouveaux ses yeux. Une larme roule le long de sa joue. Je suis un salaud. Mais je n'ai pas le choix.


D'un geste rapide, je lui retire le scotch qui colle à sa peau et qui l'empêche de crier. Elle ferme les yeux, et sa poitrine tremble


- Quoi ?


Ma voix se fait dure. J'entre dans la peau de mon sinistre personnage. Un gémissement suraigu franchit ses lèvres sèches. Elle ose enfin ancrer ses yeux aux miens. Pendant quelques secondes, la terreur que j'y lis me fait vaciller. Mon esprit s'embrouille.


- Quoi ? je répète d'une voix plus forte et plus cinglante, comme pour me convaincre que c'est moi le maître du jeu.


- J'ai faim.


Sa voix tremble et son ton est plaintif. Elle sanglote presque, mais se contient. Son corps entier est pris de soubresauts incontrôlables. Ses phalanges sont blanchies par les liens qui lui rongent la peau. Ses cheveux sont collants de sueur. Une auréole se dessine à son entrejambe.


Et merde.


- Putain...


Plus que tout, je sens un sentiment de honte emplir la pièce. Elle étouffe d'une peur irrationnelle et je commence moi-même à ne plus trouver assez d'air. Ma poitrine cogne toujours plus fort et plus vite. Sans réfléchir, je m'accroupis et dessert les liens qui la retiennent au sol. Dans un geste brutal, involontaire, je la mets debout et ma poigne la fait frissonner. Son corps est comme démantibulé, elle ne tient pas debout. Je tire sur son bras et elle avance comme elle peut, toujours en sanglotant discrètement.


Comme pris de panique, je m'arrête soudain, et me retourne. Mon visage est si proche du sien que son souffle fétide balaie ma peau. L'odeur d'urine remonte jusqu'à mes narines et me soulève le cœur.


Je serre son bras un peu plus fort. La pression soudaine la fait vaciller et son maigre corps se tend.


- Tu bouges, tu cries, ou tu tentes quoique ce soit... tu es morte.


Ses yeux s'écarquillent et sa peau, déjà blême, vire au blanc cadavérique.


- Est-ce bien clair ?


Ma voix est rauque. Je chuchote presque.


Elle hoche la tête rapidement. Ses lèvres frémissent. Je resserre mon étreinte. Ma main puissante encercle son bras rachitique. Je sens ses veines pulser sous mes doigts.


Je la jette comme une mal propre dans la salle de bain en lui ordonnant de faire une toilette minimale, et lui donne un de mes tee-shirt propre ainsi qu'un de mes shorts. Elle est comme paralysée. Quand la porte se referme, je reprends mon souffle. Cette situation me semble insensée.


Pourtant c'est bien moi.


J'entends les frôlements de ses vêtements contre sa peau. J'entends le grincement sinistre de la robinetterie. J'entends même ses sanglots étouffés sous le jet d'eau.


C'en est assez.


De la pointe de mon flingue, je frappe trois coups. Trois coups secs et puissants. L'eau s’éteint brusquement et, en quelques minutes seulement, elle se retrouve face à moi. Ses cheveux encore mouillés gouttent sur le parquet à un rythme cadencé. Ses yeux sont cernés et rougis. Son corps chétif flotte dans mes fringues, beaucoup trop grandes.


Elle me fait pitié.


- Avance.


Volontairement, je la bouscule. Ses pieds nus, claquent sur le sol. Mon arme plantée à l'arrière du crâne, elle avance dans le salon. Son petit corps frissonne. Je me surprends à vouloir lui demander si elle a froid. C'est pathétique.


- Assis-toi.


Elle s’exécute. Minutieusement je lui ligote les mains et les pieds. Je prends toutes les précautions nécessaires. J'arrache un bout de scotch et lui colle sur le visage. Elle gémit et ferme les yeux. Dans un sursaut d'autorité, je plante mes yeux dans les siens et réplique :


- Ne joue plus jamais à la maline avec moi.


Et je disparais dans la cuisine. Je m'affaire à lui préparer à manger. Une boîte de raviolis et un verre d'eau. Je me prépare une assiette aussi, même si j'hésite à manger en sa compagnie. Ses grands yeux tristes m'accablent. J'ai hâte d'en finir. Hâte que Pawikov négocie enfin, et touche son putain de fric. Il m'en donnera une partie et je disparaîtrais à tout jamais loin d'ici.


Quand je reviens, elle s'est endormie à même le sol. Je l'observe quelques secondes. Sa respiration est calme. Enfin. Délicatement, je pose l'assiette à ses côtés et commence à manger. Mes yeux ne la quittent pas.


Je frotte mon visage des deux mains. J’ai fini mon assiette tandis qu’elle dort toujours. Mes yeux sont lourds et je rêve d'une douche bouillante. Délicatement, je soulève la fille. Son corps est aussi frêle que celui d'un enfant. Elle est si menue que je peux l’encercler de mes bras.


Mes bonnes manières me rattrapent. Dans la chambre, je retourne la couchette du bout du pied, pour éviter qu'elle ne dorme dans sa propre urine. Doucement, je l'allonge et vérifie ses liens.


Je m'éloigne d'elle en reculant, laissant mes yeux balayer mon otage endormie.


Des tonnes de questions m'assaillent.


C'est le début des emmerdes.

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14 commentaires

Myjanyy

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Il y a 8 ans

merci de ta lecture ! prochains chapitres bientôt en ligne, j'espère que ca continuera à te plaire ;)

St. Clare

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Il y a 8 ans

Chouette personnage. Je suis pressée de voir son évolution.

Myjanyy

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Il y a 8 ans

merci beaucoup ;)

A.L.

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Il y a 8 ans

Le ressenti du personnage est bien fait.

Alain Leclerc

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Il y a 8 ans

Bien ;-)

Myjanyy

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Il y a 8 ans

en effet, un conflit particulièrement compliqué ! merci de ta lecture ;)

Alain Leclerc

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Il y a 8 ans

Excellent cliffhanger. J'aime nien le conflit intérieur du personnage.

Myjanyy

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Il y a 8 ans

ah ! en effet, ton flair ne t'a pas trompé ! Sam est dangereux mais lucide ! et j'avoue, je m'attache à lui aussi ;) et non, non non, pas de DR chez moi ! hihihi! bien trop compliqué ;) la pauvre Mila, elle a assez de soucis comme ça !! merci d'être là ma copine, ça me touche ;)

LAETITIA SHAYDEN

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Il y a 8 ans

Ahhhhh je savais que c'était un gentil. :). il faut qu'elle s'en fasse un allié, il faut que ce soit lui qui la sorte de cet enfer et de cette supposée ''vengeance''. J'aime Sam et je suis contente de ne pas m'être trompé à son sujet. :)). Super chapitre ma copine. Je suis accro à ton histoire :). Sam peut me bâillonner si il veut... Merde! je me suis trompé de concours, c'est en Dark romance ça ! XD

Myjanyy

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Il y a 8 ans

merci ;) ils sont tous attachants c'est vrai...mais c'est du thriller ! Cherchez l'intrus ;)
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