Myjanyy idEntité Jour 1 - MilA

Jour 1 - MilA

C'est d'abord l'odeur de renfermé qui me réveille. Une émanation d'effluves âcres et rances qui me prennent à la gorge.


Je tourne la tête et tente de fuir ce parfum désagréable.


Comme dans un semi-coma, je lutte contre la lourdeur excessive de mes paupières. Quand j'arrive enfin à ouvrir les yeux, le noir me surprend. Mais l'obscurité totale laisse soudain place à une opacité troublante. A travers ma vision floue j'aperçois une fenêtre aussi grande que moi. Quelques rayons de soleil traversent les persiennes.


Premier constat : je ne suis pas chez moi.


Ma nuque me fait souffrir et j'ai l'impression d'avoir avalé un sac de graviers tant ma gorge est sèche. Pour détendre mes muscles endoloris, je bouge les bras.


Et c'est à ce moment que la panique me gagne.


J'ai l'habitude de me réveiller au beau milieu de la nuit dans un état presque déplorable, où tout mon corps me fait souffrir et m'empêche de bouger. Mon cerveau, souvent sous l'effet de sédatifs puissants ou de double dose de drogue ne réagit jamais bien.


Mais cette fois, c'est différent. Je le sens.


Même si mon cerveau tourne au ralenti, je sais que je suis dans un état de lucidité complète. J'écarquille les yeux et tente à nouveau de bouger. Mes bras sont retenus sur le côté de mon corps et des liens me cisaillent les poignets. Mes chevilles sont en feu et m'empêche de me mouvoir.


Une plainte affolée et terrifiée me noue la gorge et ne franchit pas le barrage qui scelle mes lèvres. La peau de mon visage me tiraille. Ma bouche ne s'ouvre pas.


La réalité s'affiche à moi et je la reçois comme une gifle violente.


Puissante.


Mes yeux, habitués à cette demi-lumière étrange, balayent la pièce dans laquelle je me trouve. Elle est vide. Je comprends rapidement que je suis allongée de tout mon long sur un matelas puant et défraîchi. Une mousse beige qui me semble aussi souillée que mon état corporel, dépasse ci et là du tissu rayé et crasseux.


Quand je lève les yeux, le plafond me semble si haut que ma tête tourne.


Je perds pieds.


Ma respiration se fait plus courte et mon souffle meurt dans mon bâillon improvisé. Je sens l'adrénaline prendre le dessus et mon cœur frappe ma poitrine si fort que j'ai l'impression qu'elle va exploser.


La peur m'envahit et m'empêche de réfléchir correctement.


J'essaye de retrouver une respiration normale. L'air qui sort de mes narines est bouillant et je sens de légères gouttes de sueur perler sur mon front.


Comme pour me persuader que ce n'est pas un mauvais rêve et que mon cerveau ne me joue pas encore un tour de paranoïa, je tire de toutes mes forces sur les liens. Ils agressent ma peau et laissent une brûlure soudaine, comme à vif.


Paniquée, je gigote dans tous les sens pour essayer de sortir de ce piège. Rien à faire. Mes membres sont comme cimentés sur la fine couchette sur laquelle mon corps tremble d'effroi. Je tente de crier, mais seuls de sordides et ridicules étouffements me parviennent.


Je suis prise au piège.


Mes neurones s'entrechoquent et je sens mon cœur palpiter dangereusement. Il cogne.


Partout.


Dans ma tête, dans mes tempes et au creux de mon ventre. Des crampes attaquent furieusement mon estomac et des relents de bile acide remontent dans ma bouche.


J'étouffe.


Désespérée, je ferme les yeux et tente de me calmer. Je pense à Camille et à la douce odeur de sa peau. Ses grands yeux rieurs et sa voix fluette. Sa main fragile dans la mienne. La force qu'elle me procure chaque jour.


Mon esprit a repris une vitalité effrayante et mouline de façon intensive.


Je vois le Clam's. Ma soirée. Mon service. Le brouhaha joyeux d'un samedi soir. Mon sentiment d'allégresse.


Mais le néant accompagne la fin. Un énorme trou noir accentue mon malaise. Je ne sais pas où je suis, ni pourquoi je suis attachée de la sorte dans cette pièce inconnue. Le peu de force que j'ai me quitte, et j'enfonce volontairement mon corps dans le creux du matelas. Ma tête tourne sur le côté et je laisse mon regard divaguer.


Plus puissant qu'une drogue, mon état d'affolement m'épuise. Je suis trempée de sueur, je sens mes vêtements coller à ma peau. Mes cheveux collent à mon visage.


Je m'endors. Ou presque. Mes yeux se ferment et je ne cherche pas à les retenir. J'espère peut-être me réveiller dans un autre endroit que dans cette pièce qui m'oppresse.


Je ne sais pas combien de temps j'ai laissé mon esprit et mon corps au repos forcé. Mais, une soudaine lumière vive me fait ouvrir les yeux de surprise. Mes rétines s'enflamment. Une porte, en face de moi grince. Ce bruit me paralyse.


Une silhouette imprécise se dessine dans l’embrasure de la porte. Elle ne bouge pas. Entre rêve et réalité mon esprit se perd. Mon être entier est blessé. Mon corps est lourd et mon esprit embrumé. Je n'arrive pas à cogiter.


Je ne réagis pas.


La nébuleuse silhouette s'approche à pas feutrés. Comme une ombre, je la vois glisser jusqu'à moi. Mes membres restent cloués au sol et ne m'obéissent plus. Pourtant, en moi-même j'entends hurler ma peur. Mon corps n'est plus qu'une enveloppe vide de vie. Une loque immobile sans plus aucune coordination.


Quand la haute silhouette se penche vers moi, je peux sentir sa chaleur. Mais les mouvements que mon esprit ordonne à mon corps se perdent en chemin. Je fixe le profil qui apparaît.


Rêve ?


Réalité ?


Ou fantasme inavoué ?


Ma perdition est si grande que je n'arrive pas encore à savoir. J'ai tant de fois souhaité que la mort vienne me chercher. Alors, je laisse mon corps couler et ma conscience s'évader. Un sentiment que je connais si bien et qui me rassure.


Lentement, je sombre le regard rivé à deux grands yeux qui m'observent.


Et que je crois ne pas reconnaître.

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16

16 commentaires

LunaJoice

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Il y a 8 ans

Très bon chapitre

liaflandes

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Il y a 8 ans

Un chapitre oú la captivité de Mila prend une dimension d'extraordinaire. Les émotions de tes personnages explosent à chaque fois. Chapeau bas ma belle ! Mila se résigne et accepte de mourir en accord avec.sa détresse. Je valide ❤ Ai moins elle va pouvoir se sevrer c'est déjà ça lol Oui je sais même dans le plus horrible j'arrive à trouver des points positifs. Une fois lucide, elle met une trampe à son agresseur nan !

Myjanyy

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Il y a 8 ans

Merci d'avoir pris le temps de me lire c'est super gentil...et surtout d'avoir commenter, les avis m'importent beaucoup. Encore mille merci ;)

Aria_Neil

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Il y a 8 ans

J'adore aussi les avis donc je sais ce que ça fait de les recevoir. =)

Aria_Neil

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Il y a 8 ans

Bijour ! Ton histoire est très frustrante à mon goût. Tu décris ses émotions avec une telle intensité que cela me fait peur. L'angoisse, la peur, on la ressent véritablement. Très peu de fautes, j'en ai pas trop remarqué. Rythme parfait avec de bonnes phrases. Tu gères !

Myjanyy

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Il y a 8 ans

merci alexia ;)

alexia340

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Il y a 8 ans

bravo

LAETITIA SHAYDEN

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Il y a 8 ans

waouh magnifique chapitre. Mila est prise au piège et tu décris à la perfection son état d'angoisse. Mais je veux la suite et savoir si j'ai raison sur le fait que Sam soit un genre de tueur à gage. Tu gères ma copine ;)

A.L.

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Il y a 8 ans

On ressent bien les émottions de ton héroïne.

2142wishes

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Il y a 8 ans

Quelqu'un veut se venger on dirait... Vivement la suite !
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