Myjanyy idEntité J-1 Leny

J-1 Leny

L'homme qui me fait face porte un treillis et un polo sous une veste en cuir. Des vêtements de ville qui contrastes avec mon costume haute couture.


Debout sur le trottoir aux pieds de notre immeuble rupin, le froid m'enveloppe de son air vivifiant. Une légère couche de glace recouvre la capitale en ce matin de novembre. Poliment, je lui tends ma main glacée.


La sienne est chaude. Ses yeux s'ancrent aux miens.


Son allure est franche et décontractée. On sent son charisme et sa droiture transparaître.


- Bonjour. Je suis Leny De Guire. Mes parents sont propriétaires dans cet immeuble.


- Bonjour, Maxime Vartier. Monsieur Bertera m'a prévenu de votre accueil.


Son sourire est précis. Je ne décèle aucune fausseté dans sa façon de se comporter et il me met en confiance.


J'essaye d'en faire autant.


Du haut de mes vingt-deux ans, on me dit souvent que je suis un homme rude. Mon air hautain impressionne certains. Mon mètre quatre-vingt-six y est pour beaucoup. Je préfère parler de stature.


Comme tous bon propriétaires et comme tous ceux qui vivent au 120 de la Rue Montespan, mes parents font partis intégrante de l'Assemblée Générale de l'immeuble qui gère toute la partie administrative de la propriété. Pour le reste, un Syndic de Copropriété privé gère l'ensemble comptable et financier.


Georges Bertera, un ami proche de mon père, en est l'administrateur principal.


Ce matin, il m'a demandé de remplacer au pied levé l'agent immobilier censé remettre les clés au nouvel arrivant. Plus par amitié que pour rendre de bons et loyaux services j'ai accepté de me libérer en l'absence de mes parents.


- Vous avez acheté ?


Je pose la question, mais je connais déjà la réponse, Georges m'ayant fait un topo rapide sur le nouvel acquéreur. Je sais qu'il n'est pas directement le propriétaire, puisqu'un certain Monsieur Gionatti s'est désigné comme acquéreur principal. Georges m'a rapidement expliqué que ce Mr Vartier n'est autre qu'un cousin venu passé quelques mois à la capitale, et que ce pied-à-terre parisien sera sa demeure exclusive pendant son séjour dans la Ville-Lumière.


- Non, mais mon cousin m'a dit beaucoup de bien de l'appartement.


Je garde le silence. Depuis mon départ il y a une petite année, et jusqu’à mon retour il y a de ça trois mois, je n'ai pas suivi les diverses ventes et rachats au sein de l'immeuble. L'immobilier parisien est un vaste domaine et notre quartier n'a pas échappé aux agents proposant des sommes faramineuses au mètre carré. Beaucoup de propriétaires se sont laissés séduire par la vente, voyant le prix de leur bien flamber de façon impressionnante.


Je lui montre le code d'entrée et pousse la porte cochère. La loge est fermée et j'explique à mon visiteur que les horaires d'ouverture de la conciergerie sont à respecter à la règle sous peine de s'attirer les foudres de la gardienne.


Il rit. Et l'atmosphère se détend peu à peu.


Je lui indique de me suivre et lui ouvre les portes de l’ascenseur. Sa façon de se tenir et son vocabulaire au cours de notre brève conversation, m'informe que c'est un homme de bonne situation. Sans grande surprise, puisque notre quartier compte parmi les plus huppé de la capitale.


- L'immeuble compte quatre étages sans compter le rez-de-chaussée, où sont répartis neuf appartements. Le premier se situe en face de la loge de la gardienne, à droite de la porte cochère. Les autres sont répartis au nombre de deux par étages. Vous verrez, c'est très tranquille ici.


Je me sens à l'aise dans ma description puisque je connais cet immeuble comme ma poche. J'ai arpenté les couloirs, dévalé les escaliers, j'ai joué et couru tant qu'est plus. Aucun recoin ne m'est inconnu.


Mes souvenirs d'enfants refluent et la nostalgie s'empare de moi. Je souris.


Je nous revois, Mila et moi, Karl et Sara, nous cachant, sifflotant et criant. Cette bâtisse de style haussmannien nous a vu grandir et reste le point d'ancrage de tous nos souvenirs d'enfance.


Aujourd'hui, elle abrite encore beaucoup d'autres choses, et surtout le malheur de Mila, qui en dehors de ses horaires de travail, reste enfermée la-haut, comme dans une tour d'ivoire impénétrable.


Je chasse mes idées noires en me massant les tempes de mon index. La froideur de mes doigts me fait revenir à la réalité et lorsque le tintement mélodieux de l'ascenseur m'indique que nous sommes arrivés au dernier étage, je retrouve toute ma vigueur.


- Voilà. Votre étage.


L'homme lève la tête au plafond. Et ses yeux s'écarquillent. Il faut dire que le dernier étage est le plus majestueux. De multiples fresques s'étendent de part et d'autres des murs jusqu'au plafond recouvert de moulures travaillées.


Enfant, nous nous imaginions Empereurs ou Rois et ce palier était notre palais.


Aujourd'hui, je le vois comme l'entrée d'une forteresse inaccessible, puisqu'il est le palier qui dessert aussi l'appartement des De Cournel.


Le huit.


La forteresse de Mila.


Maxime Vartier ramène son regard sur moi et sourit.


- C'est magnifique.


Je hoche la tête et confirme ses dires.


Comme par empressement, je lui tends les clés et enchaîne :


- J'habite l'appartement sept pendant l'absence de mes parents. Je reste disponible si vous avez besoin de quoi que ce soit, même si mes absences sont nombreuses. Sinon, il y a la gardienne, Madame Pichot. Elle se fera un plaisir de vous rendre service.


Il ne se départit pas de son sourire et acquiesce à mes propos.


- Je vais aller chercher mes affaires.


D'un pas je commence à reculer.


- Bonne installation alors.


Il hoche la tête.


- Merci pour tout...


Sa phrase reste en suspens et sa voix se fait plus grave :


- Je crois que je vais me plaire ici.


Après un dernier signe de la main, je tourne le dos au nouvel habitant.


A mon nouveau voisin.


Celui de la porte neuf.

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5 commentaires

LunaJoice

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Il y a 8 ans

Alors là ma tête se pose pleins de questions ^^

Criminal Minds

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Il y a 8 ans

En tant qu'homme qui aime les hommes, je m'imagine déja les chaudes soirée que pourraient passer ces deux là... qu'ils n'hésitent pas à m'inviter, j'ai toujours voulu découvrir Paris, il parait que les français sont succulents... #Porte-Jarretelles

Audrey Woodhill

-

Il y a 8 ans

Le nouveau voisin! Trop lisse pour être honnête....

alexia340

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Il y a 8 ans

??? Il y a déjà pas mal de questionnements alors là... bien joué !

liaflandes

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Il y a 8 ans

Un nouveau voisin ? Hum... mes méninges se mettent au boulot. Cette arrivée n'est pas anodine n'est-ce pas ? Bon je crois qu'il ne me reste qu'à prendre mon mal en patience lol pour connaître l'envers du décor. Qu'est-ce que j'aime tes histoires! Vraiment et c'est sincère ❤
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