Leroux Ophélie I wish you a merry death Chapitre 3 Partie 3

Chapitre 3 Partie 3

Papa Noël, j’ai été très sage cette année, même si Bunny vous a dit le contraire. (Il ne faut pas l’écouter, elle ne nous aime pas).

J’ai le droit à plusieurs cadeaux alors ?

Je voudrais une paire de rollers, avec des roues alignées surtout, et pas rose. Le rose, c’est pour les filles.

Et puis, un bonnet, une grosse écharpe et des gants, pour pouvoir jouer dans la neige. Oh, et des paquets de bonbons. Pleins de bonbons.

Et aussi, des talkies-walkies pour pouvoir parler avec mes amis. (et peut-être embêter un peu notre surveillante quand elle est méchante).

Je relève la tête et croise le regard de Jasper qui prend ça comme le top départ pour pouvoir poursuivre.

— Le passage en noir correspond à un endroit raturé sur le document original. La personne ne voulait vraiment pas qu’on puisse lire ce qu’il y avait et a été jusqu’à transpercer le papier.


— Une signature ?

— On pense qu’il s’agit du nom et prénom de l’enfant, intervient Paola.


— Et c’est surement ça, approuvé-je, les yeux ancrés sur l’espace noirci comme si celui-ci pouvait changer et nous dévoiler ce qu’il cache. C’est tout à fait le genre du meurtrier d’Allison Walters de donner quelques informations en dissimulant l’essentiel.


— Ce ne serait pas drôle pour lui si on ne pataugeait pas dans la semoule, souligne Paola.


Je hoche la tête, car malheureusement, elle a raison. Pour lui, c’est un jeu, alors que pour nous, c’est une course contre la mort.


Je devance mes anciens collègues et me dirige vers la cellule de crise improvisée avant de punaiser la lettre à côté des autres éléments de l’enquête.


— La décoration est à revoir, lance Paola tout en continuant de boire son chocolat chaud. Quelque peu dérangeant pour une salle à manger. Je ne suis pas certaine que ça plaise à tes invités.

— Je n’en ai pas, ça tombe bien, répliqué-je, les bras croisés sur mon torse.

— Et nous, alors, on compte pour du beurre ?

— Vous êtes là pour bosser, pas pour goûter à mon hospitalité et à ma cuisine.

— L’un n’empêche pas l’autre, voyons, Kee.


Je lance un regard désespéré à Jasper, en mode « s’il te plaît, aide-moi », qu’il intercepte sans problème. Cependant, il n’a pas le temps de réagir qu’elle s’engage à nouveau sur le terrain professionnel. Elle s’approche des photos de l’année dernière, les yeux plissés par la concentration.


— Il y a tout ? demande-t-elle, en passant d’un élément à un autre.

— Normalement, oui. J’avais gardé une trace de tout le dossier dans mes affaires.

— C’est ton dossier fantôme, murmure-t-elle en laissant un doigt traîné sur le visage d’Allison Walters.


En toute logique, je devrais lui dire que « non », ça ne l’est pas. Après tout, ce que les flics de Saint-Louis nomment dossier fantôme est une enquête non résolue qui nous hante jusqu’à la fin. Or, celle-ci est censée l’être, résolue.

Seulement, je n’ai jamais cru en la culpabilité d’Oliver Stanfort. Alors, oui, au fond, elle a raison. C’est mon dossier fantôme.


— Je n’en ai pas encore, et, franchement, je croise chaque jour les doigts pour que ça reste ainsi. C’est déjà assez compliqué de voir le mauvais côté de l’humanité au travail, je n’ai pas envie que ça me gâche ma vie personnelle.


— Hanter ne veut pas dire te laisser bouffer, intervient Jasper. Sauf cas particulier comme Keegan, mais lui, il ne fait jamais rien comme les autres. Regarde, ton magnifique coéquipier en a un et pourtant…

— …il est toujours aussi con qu’avant, le coupé-je, en guise de vengeance.


Paola éclate de rire devant la mine outrée de Jasper, m’arrachant par la même occasion un léger rire.


— En tout cas, grâce à l’obstination de Kee, on ne va pas avoir besoin d’aller fouiller dans les archives.

— Tu rêves, lui lance Jasper. Tu as entendu ce qu’a dit Willa ce matin, on doit tout vérifier dans le moindre détail. Et même si je n’aime pas ça non plus, ça veut dire faire un tour par la cave pour vérifier le dossier.

— Willa a raison, approuvé-je, obtenant un soupir d’agacement de la part de Paola. On ne sait jamais.


Même si je doute qu’ils y trouvent un élément qui ne se trouve pas sur mon mur.


— Tu pourrais être de mon côté pour une fois, Kee.

— Je le serai quand tu auras raison, lui promis-je avant de m’avancer vers l’énigme du jour et de relire les quelques lignes gratter sur le papier. Cette partie « le rose, c’est pour les filles », indiqué-je, en pointant la phrase en question.


— C’est certainement un garçon qui a écrit ça, réplique Paola.

— Je suis du même avis, enchérit Jasper. C’est une remarque typique d’un mec.

— Et la partie sur la surveillante ? lance Paola. Un pensionnat ?

— Il y en a à Saint Louis ? s’enquiert Jasper.

— Ouais, il y a un établissement privé dans le centre, réplique-t-elle alors que je continue de fixer le papier.


Quelque chose m’intrigue, quelque chose qui me semble anormal. Je n’arrive pourtant pas à mettre le doigt dessus jusqu’à ce que Jasper le fasse à ma place.


— C’est étrange, tout de même, quel enfant demande des gants, un bonnet et une écharpe au Père Noël ?

— C’est vrai, ça, enchérit sa coéquipière. Ce n’est pas habituel.


Jasper ajoute autre chose, mais les mots s’envolent dans les airs.


— Un enfant qui n’a pas d’argent, peut-être. Et si ce n’était pas un pensionnat, mais un foyer de groupe, marmonné-je dans ma barbe inexistante.


Je m’éloigne du mur et m’appuie contre la table, les doigts tournant et retournant mon bracelet en cuir.


— Qu’est-ce que tu dis ? me demande Paola.

— Un enfant qui vit dans un foyer de groupe, répété-je, un peu plus fort.

— Tu penses que c’est le lien entre Allison Walters et cet enfant ?

— C’est juste une idée, mais ça pourrait coller. Et c’est la seule chose qui me vient à l’esprit, là, maintenant.

— Keegan a raison, intervient Jasper. Ça pourrait coller. En tout cas, c’est une piste à suivre.

Et pour le moment, c’est la seule que nous avons.  


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9 commentaires

Merle Hewitt

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Il y a un jour

On reste bien dans l'ambiance avec cette lettre au Père Noël comme indice, mais au moins ça donne le début d'une piste !

Natia Kowalski

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Il y a 5 jours

Si c'est un enfant venant de foyer, la violence règne en maître dans ce genre d'institution... un enfant victime de harcèlement ?

Leroux Ophélie

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Il y a 4 jours

Peut être :)

Lély Morgan

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Il y a 15 jours

à jour dans les likes. Je reprendrai les commentaires dès que j'ai un peu de temps. En tout cas un démarrage qui donne envie de connaître la suite !

Leroux Ophélie

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Il y a 15 jours

Merci :)
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