Leroux Ophélie I wish you a merry death Chapitre 3 Partie 2

Chapitre 3 Partie 2

Je reste là, seul, sur le pas de la porte et lâche un long soupir alors que Chien se faufile à l’intérieur.


En venant au poste, j’avais juste prévu de faire un point avec Jasper, histoire de lui filer un coup de main avant de retourner à ma nouvelle vie. Willa en a décidé autrement. Et même si j’aurais pu refuser, mettre encore une fois toute cette affaire de côté, cela ne m’a plus effleuré l’esprit après avoir reçu le colis. Ce n’est pas juste un besoin de prendre une revanche, de prouver à Yax et aux autres que j’avais raison, de rendre justice.


C’est avant tout faire le maximum pour qu’il n’y ait pas de nouvelles victimes.


— Hé Kee, tu as du chocolat en poudre ? crie Paola de la cuisine entre deux bruits de vaisselle.


Je claque la porte dans mon dos et file la rejoindre alors que Jasper est encore en mode esquimau devant le feu de cheminée.


— Franchement, Willa aurait pu nous trouver un autre moyen pour que ce soit toi qui viennes à nous, et non l’inverse. Ou nous demander à Gabe de nous autoriser à squatter dans un de ses appartement de libre, avec un chauffage puissant, se plaint-il en frissonnant.


— Pauvre bébé ! se moque Paola en s’appuyant contre l’embrasure de la porte, une tasse de lait en main. Qu’est-ce qu’il ne faut pas entendre, je te jure.


Jasper lui fait un doigt d’honneur qui accentue son rire alors que je la frôle pour entrer dans la cuisine. J’attrape un paquet avec des sachets de chocolats en poudre, en ouvre un et déverse le contenu dans la tasse de Paola.


— Tu es le meilleur, Kee, me remercie-t-elle en se hissant sur la pointe des pieds pour venir ébouriffer mes cheveux comme elle le ferait à un enfant.


Je m’éloigne d’elle, tout en prenant note mentalement d’attacher mes cheveux à l’avenir, et verse le café produit par ma nouvelle cafetière dans deux tasses avant d’aller en donner une à Jasper.


— Paola a raison, tu es le meilleur.


Jasper avale une longue gorgée, bien que le liquide soit encore très chaud, et lâche un gémissement de pur plaisir, qui m’arrache une grimace.


— Bon sang, Jasper ! On n’est pas dans un porno. Tiens-toi correctement, le réprimande Paola.

Mon ancien coéquipier la fixe droit dans les yeux avant de reprendre une gorgée et de recommencer son manège, arrachant un grognement de la part de jeune femme.


— Cesse de te plaindre, je sais que tu adores ça ! Je suis ton fantasme vivant, s’amuse-t-il en appuyant ses dires d’un clin d’œil charmeur.

— Mon cauchemar éveillé, plutôt, crache Paola, non sans tenter de dissimuler le sourire en coin qui pointe sur ses lèvres.

Jasper pose une main sur sa poitrine et fait semblant de tituber en arrière, comme blessé par ses mots.


— Tu me brises le cœur, tu sais, feint-il de se lamenter, heureusement que Keegan est là, lui, et qu’il m’aime.

— C’est Susan qui va être contente de savoir que vous faites ménage à trois, maintenant.


J’observe l’échange comme une partie de ping-pong, une balle imaginaire rebondissant d’un côté puis de l’autre, dans un tap-tap qui me vrille le crâne.

Bon sang !


La solitude a des inconvénients, mais aussi beaucoup d’avantages quand on y regarde de près.


— Comment va Denis ? demandé-je à Paola, interrompant par la même occasion la joute verbale.


La jeune femme se tourne dans ma direction et commence à me raconter ce que j’ai loupé ces derniers mois. Les vacances aux bords de la mer, sa rentrée…


Je l’écoute d’une oreille, l’esprit presque entièrement concentré sur l’affaire. Denis est un chouette môme, et, dans d’autres circonstances, écouter Paola me raconter ses derniers exploits m’auraient donné le sourire. Seulement, ce n’est pas réellement le moment. Je n’ai juste rien trouvé d’autre pour stopper la balle au rebond, et je regrette presque d’avoir posé la question.


— Hier, il a été posté sa lettre au Père Noël avec ma mère, sans même me la montrer avant. Résultat, je n’ai aucune idée de ce qu’il a pu mettre dedans et…


— En parlant de lettre au Père Noël, l’interrompt Jasper en sortant une photocopie de sa poche, revenant à la cause de sa présence ici.


Les traits du visage de Paola changent en l’espace de deux secondes, effaçant les traces d’irritation qui sont apparues au moment où il lui a coupé la parole.


— On a reçu ça, ce matin, au poste, continue mon ancien coéquipier en me tendant la feuille.

Je la saisi et la déplie, le front barré d’un pli soucieux. Ce n’est pas étonnant d’avoir un nouveau cadeau. Si le tueur ne change pas les règles, on en recevra un chaque jour jusqu’à la veille de Noël.


La feuille est remplie de dessin d’enfants représentant des lutins, des sapins, des guirlandes… et, au centre, plusieurs lignes écrites à la main.


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3 commentaires

Natia Kowalski

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Il y a 5 jours

Un message ? Je file lire la suite !!

Angel Guyot

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Il y a 13 jours

Tu mènes bien l'intrigue, on a clairement envie d'en savoir plus
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