Leroux Ophélie I wish you a merry death Chapitre 3 Partie 1

Chapitre 3 Partie 1

Keegan

Mercredi 3 décembre


J’accroche la photo tout sourire d’Allison Walters sur le mur de la salle à manger, à l’aide d’une punaise colorée, à côté des autres éléments de l’enquête en ma possession. Ce qui signifie tout, à l’exception des pièces à conviction qui sont gardées sous scellés. Les photos du corps et de la maison abandonnée côtoient celles des inscriptions poétiques, des « cadeaux » reçus comme celle du père Noël chantant et des victimes collatérales.


Car si Stanfort n’a été condamné que pour un seul meurtre, aucune preuve n’ayant été retrouvée pour le confondre dans les autres morts, Allison Walters n’est pas la seule à avoir rendu son dernier souffle dans cette histoire.


Le corps d’un homme non identifié à cause des nombreuses blessures à l’acide a fini à la morgue après avoir été découvert au milieu d’une fresque de Noël grandeur nature réalisée à l’aide de mannequins en plastique déguisés. L’horreur a été au rendez-vous pour le directeur artistique du village de Noël quand il est arrivé avant l’ouverture pour faire des ajustements. Je me souviens encore de l’ambiance contradictoire qui régnait sur place.


Peterson avait eu l’intelligence de remettre en place les énormes paravents qui avaient servi à cacher les décorations jusqu’à l’ouverture officielle avec un message pour prévenir d’un problème technique. À l’abri des regards, l’équipe scientifique pouvait travailler tranquille alors que les familles continuaient de déambuler dans le reste du village sous les chants traditionnels de Noël.


Je n’avais jamais vu les rires et la joie côtoyer d’aussi près la mort. C’était quelque chose de macabrement déplacé, mais le maire avait donné des ordres.

Le spectacle devait continuer.


Quant à Cherry, de son vrai nom Espérance Martinez, son histoire a à peine été mentionnée par les journalistes. Le lien avec « The Santa Claus Killer » a été mis en avant, vu que nous l’avions trouvé dans une ruelle malfamée, allongée sur le sol et recouverte de branches de gui. Ils n’ont cependant pas fouillé plus que ça, considérant qu’elle était une victime d’opportunité, facile à utiliser pour continuer son jeu sordide à la vue de son métier.


Personne n’a écrit sur son enfance douloureuse au Mexique, sur les violences qu’elle a subies adolescente, sur son rêve de vie meilleure qui s’est effilochée à mesure qu’elle arpentait les trottoirs. Et malgré nos efforts, aucun lien n’a été découvert entre elle et Allison Walters. Qu’elle ait été tuée par une autre personne restait possible, même si peu probable.

Il n’y a jamais eu de justice pour elle.


Je pose le carton vide avant de placer dans un autre coin du mur la photo du père Noël reçu la veille au poste avec une feuille en dessous sur laquelle est noté « I wish you a merry death, I wish you a merry death, I wish you a merry death and happy new game. »

Il n’y a pas vraiment de doute sur la signification du message, mais j’aime avoir tous les détails inscrits quelque part au cas où ma mémoire ne serait pas suffisante. Et parfois, ça permet de mettre en relation des éléments entre eux.


J’attrape une nouvelle punaise et accroche la photocopie de la lettre amenée par Jasper. Elle a été tapée à l’ordinateur en imitant une police manuscrite, comme tous les messages de la précédente affaire. Seul celui sur le mur de la maison abandonnée a réellement été écrit de la main du tueur. C’est pour le moment impossible de faire appel à un expert tant qu’on n’aura pas un autre point de comparaison.


Mes doigts se portent à mon bracelet en cuir noir qui enserre mon poignet droit et le fait tourner encore et encore. Un tic incontrôlable hérité de mes années en tant que flic, dès que mon cerveau se fixe sur une enquête.


Mon téléphone vibre sur la table de la salle à manger, vestige de mon ancien appartement posé là lors de mon emménagement, signifiant que Jasper et Paola sont arrivés.


J’abandonne la cellule de crise et sors de la maison, trousseau de clés en mains. D’une légère pression sur le badge, j’actionne l’ouverture automatique de la barrière pour laisser passer la voiture de mon ancien collègue. Je marque un temps d’arrêt en la voyant remonter l’allée effaçant la fine couche de neige sur son passage. Une volée de flocons est tombée presque toute la matinée, laissant quelques traces, surtout sur les branches des arbres. Les températures sont restées trop douces pour que la poudreuse s’accumule et permette la création de bonhomme de neige. Ce qui, de toute manière, n’était pas prévu au programme.


Jasper sort de l’habitacle et rejoint l’intérieur d’un pas rapide, me saluant brièvement au passage alors que Paola suit le même chemin d’un pas beaucoup moins rapide. Mains dans les poches de sa veste en jean, elle ne cesse de faire voyager son regard tout autour d’elle, chewing-gum dans la bouche.


— Alors, c’est ici que tu es venu te planquer, lance-t-elle, en guise de bonjour.

— Je ne suis pas venu me planquer, j’ai juste déménagé.

— A d’autres, Kee, riposte-t-elle, tout sourire en entrant dans la maison.


Tu as aimé ce chapitre ?

5

5 commentaires

Natia Kowalski

-

Il y a 5 jours

Je reprends mon enquête, hâte de voir ce qui va en découler...

mima77

-

Il y a 13 jours

C est intéressant l'enquête reprend et ca lui remet le pied à l'étrier. J aime bien ton début et je suis pressée de voir qui va être le love interest 🙂

Leroux Ophélie

-

Il y a 13 jours

Bientot
Vous êtes hors connexion. Certaines actions sont désactivées.

Cookies

Nous utilisons des cookies d’origine et des cookies tiers. Ces cookies sont destinés à vous offrir une navigation optimisée sur ce site web et de nous donner un aperçu de son utilisation, en vue de l’amélioration des services que nous offrons. En poursuivant votre navigation, nous considérons que vous acceptez l’usage des cookies.