AnnaShaw I’ll be home for christmas 20.

20.

Je ne sais pas d’où me vient ce besoin de faire enrager Brave, mais je suis récompensée par son expression, des plus comiques ! Cependant, en bon professionnel, il se reprend et se racle la gorge.


« Je ne vois pas pourquoi je devrais t’avoir dans les pattes davantage que les quinze minutes qu’aura duré cette conversation. Je te propose de mettre fin à notre trêve, et chacun de nous vaquera à ses occupations de son côté. Après tout, c’est un grand hôtel, on devrait pouvoir éviter de tomber l’un sur l’autre toutes les cinq minutes !

-Impossible.

-Impossible ?!

-Impossible. » je répète, avant d’ajouter devant son air perplexe : « La propriétaire de l’hôtel, Madame Aveline Coulson, s’engage à ce que madame Lindberg ait accès à tout ce qui s’avèrera nécessaire à son travail, et une visite complète de l’hôtel et de ses infrastructures sera planifiée avec le manager. »


Brave semble ne pas comprendre. Je lui tends donc le mail transféré par ma patronne.


« Tu m’excuses une seconde ? »


Avant que j’ai pu répondre, il se saisit du téléphone de la réception.


« Allô, c’est moi ! Qu’est-ce que c’est que cette casquette de guide dont tu m’as affublé ?!

-...

-Elle peut très bien se débrouiller toute seule, il me semble.

-...

-Tu es au courant que j’ai du travail ?!

-...

-Très bien ! »


La conversation n’a duré que quelques minutes, et ne lui a apparemment pas donné satisfaction puisqu’il raccroche violemment, maltraitant ce pauvre téléphone innocent ! Il faut dire que, sous les manches de la chemise impeccablement repassée, je devine des bras musclés, et des biceps saillants... Eh ! Reprends-toi, Willa ! Tu es ici pour le travail, pas pour flirter avec un ancien camarade de classe en constatant qu’il s’est clairement étoffé depuis l’époque du lycée. Le mec coupe des bûches à main nue toute la journée pour avoir des bras pareils, ou quoi ?! A moins qu’il ne prenne des stéroïdes, comment expliquer que ses épaules soient dignes de Captain America ? Je devrais peut-être l’informer que, si les stéroïdes font pousser ses bras, ils risquent de rétrécir ses... Ok ! Du calme, mon cerveau ! Je vais beaucoup trop loin là, beaucoup trop bas surtout !


« Je ne sais pas comment tu as réussi ton coup, mais crois-moi, tu vas regretter d’être coincée avec moi pour les jours à venir ! » grogne Brave, dont la bonne humeur semble s’être envolée.

« C’est peut-être toi qui va le regretter ! » je taquine


Mais ma tentative d’humour tombe à plat. Notre bref instant de complicité appartient au passé, et j’en viens presque à le regretter ! A nouveau, je m’exhorte au professionnalisme. Je ne suis pas venue pour faire ami-ami avec Brave, mais pour racheter un hôtel et en faire un lieu de vacances incontournable, deux choses pour lesquelles je suis douée, et qui me permettent de percevoir un excellent salaire. Sans un mot, Brave quitte le comptoir pour se planter devant moi.


« Puisque je suis au service de Madame, par quoi Madame aimerait-elle commencer ?! »


Le ton sarcastique est de retour...


« Je voudrais voir les suites.

-Si Madame veut bien se donner la peine… » raille-t-il, m’indiquant l’ascenseur d’une courbette qui m’agace bien plus que de raison.


On peut reconnaître ce talent à Brave : il est capable de me faire sortir de mes gonds à une vitesse remarquable. Je fais donc appel à tout mon self-control pour ne pas l’envoyer paître, et je le précède dans la cabine. Les suites occupent le troisième étage, et offrent une vue exceptionnelle sur la vallée. Nous entrons dans la première, et même en ayant vu les photos, je suis époustouflée par le panorama et la chambre décorée avec goût.


Brave reste sur le pas de la porte pendant que je fais le tour des infrastructures, prenant des notes sur les points positifs et négatifs.


« Pourquoi prendre des notes pour des améliorations, alors que vous allez tout raser de toute façon ?! »


Sa voix retentit tout près de mon oreille, et je sursaute, au risque d’envoyer ma tablette par terre. Les tapis, c’est cosy, mais à cause d’eux, je n’ai pas entendu Brave s’approcher !


« De quoi tu parles ?

-Vous allez racheter cet endroit, et le remplacer par un de ces buildings ultra modernes et top tendance tout en verre, béton et acier, non ? Alors, pourquoi prétendre que vous allez apporter des modifications à ce qui n’existera bientôt plus ?!

-Nous ne comptons pas raser l’hôtel.

-Mais bien sûr !!

-Nous n’avons pas pour projet de raser quoi que ce soit ! » Je répète en articulant lentement, comme si je m’adressais à une personne ne maîtrisant pas bien la langue.


Brave ne me croit pas. Il ne le dit pas, mais ce n’est pas nécessaire, je le lis sur son visage.


« Brave, ta grand-mère n’a émis qu’un seul souhait concernant cet hôtel, et c’est à la condition expresse qu’il soit respecté que la vente sera conclue : il est stipulé en toutes lettres dans le contrat que nous nous engageons à conserver le bâtiment principal en l’état. »


Pour étayer mon propos, je m’assieds sur le lit, et l’invite à me rejoindre en tapotant l’édredon à côté de moi. Brave ne bouge pas d’un pouce.


« Je ne mords pas, tu sais ?!

-Dommage, c’est une chose que je pourrais apprécier dans certaines situations ! »


Sa répartie graveleuse me surprend autant qu’elle me fait rougir. Quand il finit par céder et s’assoit à côté de moi, je suis écarlate. Je me racle la gorge pour tenter de reprendre une contenance, et lance la vidéo de présentation réalisée à l’intention d’Aveline pour appuyer notre proposition de rachat. Je passe l’heure suivante à lui exposer notre projet : revoir le pôle écologique pour coller à notre politique d’entreprise, ainsi qu’à notre désir de promouvoir un tourisme plus respectueux de l’environnement dans un des secteurs les plus polluants du monde actuel.


Je lui présente également le projet de chalets de luxe, et notre idée d’offrir une expérience clé en main pour un Noël comme en propose le cinéma hollywoodien.


Brave écoute, pose des questions, émet quelques réserves concernant certains projets. Il demande à recevoir par mail le dossier de présentation envoyé à sa grand-mère. La discussion s’éternise, tant et si bien que l’heure du déjeuner est dépassée depuis longtemps quand nous quittons la première des sept suites que je suis sensée inspecter aujourd’hui. Malgré tout, j’ai l’impression du devoir accompli en rentrant chez moi à la nuit tombée, même si je n’ai abattu que la moitié de mon travail de la journée.


Ma fonction consiste à créer un lien entre l’entreprise qui m’emploie et celle que nous rachetons, et entre les dirigeants du groupe et leurs employés dans les divers hôtels du monde. Et si cette journée passée avec Brave, permet de diminuer son hostilité envers le projet, j’estime avoir utilisé mon temps à bon escient ! Peut-être parviendrais-je à m’en faire un allié, à défaut d’un ami, cela me serait très utile auprès du personnel pour qui je suis une étrangère.


Alors, je pourrais vraiment me pencher sur mon désir de rester à Riverlake ou de repartir.

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5 commentaires

clecle

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Il y a 2 ans

Toujours des échanges savoureux entre ces deux-là. Brave souffle le chaud et le froid, mais j'espère qu'il écoutera les arguments de Willa. Elle essaye de le mettre en confiance. C'est pas gagné !

AnnaShaw

-

Il y a 2 ans

Trop contente que les dialogues te plaisent. Il va clairement falloir que Brave y mette du sien mais il est clair que Willa ne sera pas prête pour ce qu’elle va découvrir le jour où il va devenir charmant 😉

Lexa Reverse

-

Il y a 2 ans

Mise à jour de la pluie de likes :)

John Doe

-

Il y a 2 ans

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