AnnaShaw I’ll be home for christmas 18.

18.

Comme toujours après une crise d’angoisse de cette ampleur, je me sens totalement vidée de mon énergie. Sur le chemin du retour, Tove n’a absolument rien dit concernant mon malaise et ma dispute avec mes frères. Peut-être n’est-il pas au courant de cette partie de l’histoire. Ou il n’a pas voulu en parler devant Freja. Pourtant, je surprends à plusieurs reprises son regard inquiet dans le rétroviseur. Quand nous descendons de la voiture, je profite que Freja file prévenir ma grand-mère de notre retour pour le retenir un instant.


« Je vais bien, d’accord ? Pas d’inquiétude inutile !

-Tu n’as pas l’air d’aller bien, Willa ! Tu as fait un malaise au beau milieu de la journée, et je sais pertinemment que ce n’était pas une crise d’hypoglycémie. Jamais ta mère ne t’aurait laissé sortir le ventre vide.

-Morfar, écoute...

-Non ! Toi, tu vas m’écouter, ma petite fille. Je t’aime, Willa. Nous t’aimons tous. Et je suis plus que ravi de ton retour, crois-moi. Mais si tu dois rester au détriment de ta santé, il vaudrait peut-être mieux que tu t’en ailles. Je peux supporter d’être loin de toi si je te sais heureuse et en bonne santé. Nous avons besoin de toi, bien sûr, mais Freja a davantage besoin de sa maman. Et nous serions bien égoïstes de te forcer à rester si cela te fait souffrir. »


Les larmes font leur retour, et j’en vois apparaitre également dans les yeux bleus de mon grand-père. Tant de souffrance, tant de douleur, tant de chagrin, et tout ça par ma faute.


« Tu n’es pas obligée de te décider maintenant, min älsking, mais réfléchis-y, d’accord. Réfléchis à ce qui te rend vraiment heureuse, et fais-le ! Maintenant, va t’allonger. Tu es pâle comme un linge. Ta grand-mère viendra sûrement t’apporter de quoi déjeuner bientôt, et nous allons garder Freja avec nous le temps que tu reprennes un peu de forces. »


Mais Freja refuse catégoriquement de me quitter d’une semelle une fois revenue de sa mission de messager. Je l’ai donc ramenée avec moi dans la maison vide de mes parents.


Aucune trace de Baltar ni de Nicholas nulle part. Ils doivent discuter de mon attitude odieuse et des sacrifices qu’ils ont faits en vain pour leur ingrate de sœur. Je suis de nouveau envahie par une lassitude immense. Freja et moi nous calons dans le lit pour un énième visionnage de La Reine des Neiges.


A l’heure du déjeuner, Agda nous apporte de la soupe et des petits-pains maison. Une nouvelle vague de culpabilité m’étreint en voyant l’inquiétude reflétée par les traits ridés de ma grand-mère adorée, et à l’idée du travail supplémentaire que je lui occasionne. Agda balaie mes excuses d’un geste énergique, et pose un instant sa main sur mon front pour vérifier que je n’ai pas de fièvre.


Une fois notre repas englouti, et le second volet des aventures d’Anna et Elsa lancé, il ne faut pas plus de quelques minutes à Freja pour s’endormir. Pour ma part, impossible de fermer l’œil. Trop de questions se bousculent dans ma tête concernant mon avenir. Devrais-je rester ou partir ? Si je pars, est-ce qu’il faudra le considérer comme un échec, un nouvel abandon ? Et aurai-je le courage de revenir, ou laisserai-je Riverlake derrière moi pour toujours ? Quelle est la meilleure solution ?


Je regarde un instant ma fille, cet être extraordinaire que j’ai participé à créer, qui a grandi en moi durant neuf mois, et qui m’aide depuis à me raccrocher à la vie. Je contemple son nez minuscule, ses sourcils clairs, ses belles boucles d’or liquide qui s’étalent sur l’oreiller. Et pour elle, qu’est-ce qui serait le mieux ?


Partir ? Rester ? Tant de questions qui restent sans réponses ! Et ce choix qu’il faudra que je finisse par faire ! Comment savoir ce qui serait le mieux pour moi, pour elle ? Comment être sûre de ne pas commettre une énorme erreur ?


Un bruit me tire de mes pensées, et je découvre Baltar adossé au chambranle de la porte, l’air sombre et les sourcils froncés. Ai-je tout gâché ? Est-il furieux contre moi pour lui avoir hurlé dessus comme une possédée alors qu’il voulait seulement m’aider ?


« Tu étais censée te reposer ! Mais j’entends d’ici les rouages de ton énorme cervelle qui tournent à plein régime ! » me gronde-t-il gentiment à voix basse pour éviter de réveiller Freja.


« Qu’est-ce que tu fais là ?

-Maman m’envoie te surveiller. Elle a peur que tu ne fasses un nouveau malaise en étant seule avec la petite.

-Je vais bien.

-Non, Willa ! Tu ne vas pas bien du tout ! Et je ne parle pas de cette crise d’angoisse tellement énorme que tu as perdu connaissance. Pourquoi tu n’as pas dit que c’était au-delà de la simple peur ! Maman a parlé de stress post traumatique. »


Il est furieux. Mais pas contre moi. Pas vraiment, du moins.


« J’avais tellement envie d’y croire. Quand vous avez affirmé que j’allais y arriver, je voulais croire que vous pouviez tout arranger comme quand j’étais petite. J’ai eu envie me reposer sur vous, de vous faire confiance. Je suis tellement fatiguée de me battre toute seule, ou presque ! »


C’est à ce moment-là que je sens l’envie de rester, le besoin de rester. Mais j’ai appris au fil du temps qu’entre ce qu’on veut et ce qu’on peut faire, il y a bien souvent un monde. Ce qui ne m’empêche pas de profiter des bras grands ouverts que m’offre mon grand frère pour me blottir contre lui.


« Alors ? » demande-t-il, le nez dans mes cheveux.

« Alors quoi ?!

-Brave Sanderson, hein ?! »


Il a cette voix que je connais par cœur, sa voix de grand frère qui s’apprête à me taquiner sans pitié.


« Oh ! La ferme ! C’est juste une connaissance de travail.

-Une connaissance de travail qui te porte à travers toute la ville comme une princesse de conte de fée. C’est si romantique, Willy Wonka !

-Réveille ma fille, et tu es mort ! » grondais-je, me libérant de son étreinte pour attraper mes affaires de travail.


« Tu changes de sujet, Willa ! » chantonne mon frère derrière moi.


« Je te déteste tellement ! » je rétorque en descendant l’escalier.


« Allez, quoi ! Tu étais beaucoup plus rigolote quand tu tirais ton coup régulièrement, tu sais.

-Baltar Lindberg ! Quelle vulgarité ! Attends un peu que maman apprenne ce que tu te permets de dire en présence de sa petite-fille ! Et puis, qui te dit que je ne « tire pas mon coup », hein ?!

-Quoi ?! Avec qui ?! Willa, reviens ! Raconte à ton grand frère, allez ! »


Baltar me poursuit en riant jusqu’à la cuisine, et parce que mes frères sont vraiment chouettes, j’oublie pour un temps mes problèmes et mes angoisses.


Et si j’étais un peu plus honnête avec moi-même, j’avouerais que le sourire de Brave dont le souvenir flotte encore dans un coin de ma tête y contribue également.

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11 commentaires

clecle

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Il y a 2 ans

J'aime mieux le Baltar complice que le Baltar boudeur. Je suis certaine que malgré sa froideur du départ, il est beaucoup plus heureux dans cette relation avec sa soeur.

AnnaShaw

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Il y a 2 ans

Ils ont été blessé par son départ et son silence mais ils l’aiment donc je pense en effet qu’il est content de retrouver sa sœur

John Doe

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Il y a 3 ans

Coup de pouce

MarionH

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Il y a 3 ans

Je n ai qu une chose à dire à la lecture complète de tous tes chapitres : j adore!!! C est terriblement bien mené, c est franchement addictif. La suite!!!

AnnaShaw

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Il y a 3 ans

Olala merci beaucoup ! La suite arrive vite !

Lexa Reverse

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Il y a 3 ans

me voici à jour, bonne suite :)
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