AnnaShaw I’ll be home for christmas 4.

4.

Je savais bien que, tôt ou tard, il me faudrait affronter mes frères, mais je n’avais pas prévu que cela arriverait si vite. Soudain, trois silhouettes massives emplissent la cuisine. Nicholas et Baltar ne sont pas seuls. Klaus est là, lui aussi.


Klaus et moi, en tant que benjamins de la famille, avons toujours été très proches. Il a été mon meilleur ami pendant des années. Mais le regard qu’il m’adresse en cet instant n’a vraiment rien d’amical. Sa mâchoire se contracte en même temps que son regard se durcit.


Je n’ai même pas le courage d’affronter Nic et Balti. Que voient-ils en moi ? Une étrangère ? Leur petite sœur de retour ? Un silence glacial s’abat sur la cuisine, jusqu’à ce qu’une petite voix se fasse entendre.


« Maman ?

-Ici, mon amour ! »


Je m’applique à ne pas détourner les yeux quand les regards interrogateurs de mes frères et de mon cousin me transpercent.


Freja apparait de sa démarche sautillante, et vient tendrement se coller à moi.


« Où étais-tu allé traîner ?! » questionnais-je à la vue de ses cheveux et de ses genoux pleins de neige.


« Morfar Tove m'a emmenée voir la piste de luge» m'explique-t-elle avec le plus grand sérieux, alors que je l’assieds sur le plan de travail et retire ses boots pour vérifier l’état de ses chaussettes.


Je secoue ensuite ses cheveux couverts de minuscules flocons, gagnant du temps pour retarder la grande explication qui ne manquera pas d’arriver. Freja, tout en racontant à ma mère sa première descente en luge, tends les bras vers moi. Elle se blottit contre ma poitrine, et je ne me sens vraiment pas fière de moi de me servir de mon enfant comme rempart contre la tempête qui va s’abattre dans trois, deux, un...


« C'est quoi ce bordel !? » rugit soudain Klaus.


Dans ses yeux, la colère le dispute à la douleur et au chagrin, et imaginer que j’en suis à l’origine me retourne l’estomac.


« Klaus ! Langage ! Ne m’oblige pas à te laver la bouche au savon noir ! » gronde ma mère.


Mais ni Klaus ni mes frères ne semblent très impressionnés par l’autorité maternelle. Freja, en revanche, peu habituée aux hausses de ton, s’agrippe à moi de toutes ses forces.


« Qu’est-ce que tu fais là ?! » fulmine Nicholas.

« Willa est ici chez elle ! Rétorque ma mère, le menton levé.

-Tu plaisantes ?! Elle se pointe après quatre ans, avec une môme sous le bras, alors qu’elle s’est tirée comme une voleuse et n’a jamais donné de ses nouvelles, et on devrait faire comme si tout était normal ? À quoi tu joues, Willelminah ?!"


Mon prénom entier dans la bouche de Baltar sonne comme une insulte.


Son visage est tellement hostile qu’il terrifie ma fille. Elle se met aussitôt à pleurer, réveillant en moi des instincts de guerrière. Je suis prête à demander pardon pour mes erreurs, et à me faire toute petite le temps qu’il faudra, mais pas au détriment de mon enfant.


« Je ne me souvenais pas que tu étais le chef, Baltar, et que c’était à toi qu’il fallait demander l’autorisation de franchir le portail !

-Tu te moques de moi !? » hurle mon frère.

« Ne lève pas la voix devant ma fille » je gronde en retour.


« Visiblement, ce que vous avez à vous dire nécessite que vous soyez seuls ! Willa, donne-moi Freja ! Viens avec mormor, mon cœur. »


Mais Freja, fermement accrochée à moi, refuse d’obtempérer.


« Vas-y, bébé. Je te rejoins dans une minute, d’accord ? »


A regret, je détache les petits bras de mon cou, et la regarde disparaître avec ma mère en direction du salon. Seule contre trois… Allez Willa, courage !


« Je me sers un thé, quelqu’un en veut ? » je questionne, désireuse de m’occuper les mains.


Pas de réponse. J’inspire un coup, attrape la théière à deux mains pour cacher les tremblements.


« Tu nous expliques d’où sort cette enfant ? » demande Nicholas, visiblement calmé.


Mais le ton qu’il emploie pour parle de Freja, comme s’il évoquait une énorme crotte posée dans la neige fraîche, me hérisse.


« Elle s’appelle Freja ! Et à l’âge que tu as, je pensais que tu savais d’où sortent généralement les petites filles ! »


Ma répartie agace visiblement Baltar et Klaus, mais en revanche, Nicholas se mord la joue pour retenir un sourire. Tout n’est peut-être pas totalement foutu ...


« Fais ta maligne ! Tu sais très bien ce que je veux dire !

-Tu veux dire que ce qui t’intéresse le plus, c’est de savoir dans quelles circonstances elle a été conçue ? Oui, j’avais saisi, merci ! C’est tout ce qui vous intéresse, pas vrai ? Plus que tout le reste, voilà ce qui vous torture : est-ce que, non contente d’être une lâcheuse, je serais capable de me faire engrosser par le premier venu ? Et bien, sachez que cela ne vous regarde absolument pas. Même si j’avais couché avec un parfait inconnu et donné naissance à un bébé, il s’agit de mon corps, de ma vie, et j’en dispose comme bon me semble. Mais soyez rassurés, Freja est un pur produit de Riverlake. Elle a été conçue il y a quatre ans, je vous laisse faire le calcul ! »


Ils ont compris, je le lis sur leurs visages qui se voilent de douleur.


« Maintenant, si vous n’avez pas d’autres questions essentielles à me poser, il y a une petite fille qui a besoin d’un câlin de sa maman ! »


Ce que je ne précise évidemment pas, c’est que j’ai probablement davantage besoin de ce câlin que Freja. Je me précipite vers le salon, où ma fille raconte l’intrigue de son film adoré à sa grand-mère avec force détails.


« Maman !

-Je suis là, ma chérie ! »


Elle abandonne aussitôt son histoire pour se réfugier dans mes bras.


« C’est rien que des Hans ! » grommelle-t-elle, la tête enfouie dans mon cou, ce qui a le mérite de me faire rire.


Comme j’aimerais, moi aussi, voir l’univers entier sous le prisme du petit monde imaginaire d’Arendelle. Mais je sens soudain Freja se contracter, et je découvre en me retournant que mes frères et Klaus viennent de faire leur entrée.


« Alors, cette demoiselle s’appelle Freja ?! » demande Nicholas en s’approchant.


Il sourit à ma fille et tente de lui caresser la joue, mais elle esquive sa main en enfouissant son visage dans mon épaule.


« Et bien ! Voilà bien ta fille, Willa ! Le même caractère de cochon que toi ! » s’amuse-t-il.


Un instant, l’envie me vient de lui asséner un petit coup d’épaule joueur comme quand il me taquinait enfant. Mais les regards brûlants de colère de Baltar et Klaus posés sur nous m’en dissuadent. Nous n’en sommes pas encore là. A la place, je reporte mon attention sur Freja, une nouvelle fois.


« Dites-moi, Mademoiselle Lindbergh, il semblerait que ce soit l’heure de votre bain ! »


Juste à ce moment, la porte s’ouvre…

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15 commentaires

SOLANE

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Il y a 2 ans

Voilà... à ce stade, je vais faire une pause, et revenir durant le week-end afin de poursuivre ma lecture. J'espère qu'à ton tour, tu auras le temps de passer sur "L'odeur sucrée de la barbe à papa" 🧁🍨🍭 (oui, oui : moi aussi, j'ai misé sur les odeurs... 🤗😊 !). A bientôt !

SOLANE

-

Il y a 2 ans

Le chapitre est très bien écrit (comme toujours) ; mais j'avoue qu'à ce stade de l'histoire, j'aurais bien voulu en savoir un peu plus quand même... 😅

John Doe

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Il y a 2 ans

Voici donc les ennemis à combattre : les frères. Ils ont pas l'air commode les colosses. L'avantage, c'est qu'ils sont trois, il suffit donc de trouver la faille dans l'un d'entre eux pour briser le mur qu'ils forment. Et je vois que le chapitre se finit sur un cliffhanger : la porte s'ouvre. Qui va apparaître maintenant ? Encore un homme ? (j'ai bien compris que l'ennemi était souvent le mâle :-) ) Ah oui, fallait aussi que je te dise : c'est une très bonne idée de mettre les mots en suédois avec les traductions, j'aime bien l'idée d'apprendre quelques mots (même si je les oublie aussi tôt :-) ) sinon, j'ai détecté une petite faute : "Freja (...) tends" => "Freja (...) tend" (et toujours "et bien" => "eh bien"

Vinie Aberas

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Il y a 2 ans

Tellement de douleurs, de colère et de non dit… la pauvre! Vivement que la glace se brise. Mais les parents ont donc cachés aux autres qu’ils avaient des contacts avec elles ? Le père est donc sûrement décédé et ce serait ça que la neige lui a pris ? Hâte de savoir

clecle

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Il y a 2 ans

La colère du frère fait froid dans le dos. Ce qui me pose un peu question est qu'au final Willa semble avoir parlé de sa fille à sa famille, il est question de Skype aussi au chapitre précédent. Pourquoi le frère serait-il donc à ce point énervé contre sa soeur ? Serait-ce dû à un élément supplémentaire que l'on apprend par la suite ? Je trouve que Willa parvient à garder son calme avec beaucoup de dignité, mais sa culpabilité m'interpelle. Elle a l'air de considérer que c'est effectivement de sa faute, je la trouve assez dure avec elle-même.

Kiria Parker

-

Il y a 3 ans

Moi aussi j'aimerai bien voir le monde sous l'angle de la Reine des Neiges, se serait déjà plus simple... Bon des retrouvailles assez tendus entre les frères et soeurs qui donnent envie de lire le reste pour voir une évolution et les voir de nouveau uni.

AnnaShaw

-

Il y a 3 ans

Tout est tellement plus simple dans les Disney 😉
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