Yléam I deserved better 10 - Caelin.

10 - Caelin.

Un quotidien déroutant.





Je m’empresse de m’habiller de ma tenue la plus chaude, malgré les premiers rayons de soleil qui tapent déjà par la fenêtre de la salle de bain. Me hâtant ensuite de cacher les marques sur mon corps avec mon fond de teint. Celle qui se voit encore, malgré les habits qui dissimulent presque l’entièreté de mon corps.

Je me saupoudre les mains, les avants-bras au cas où je serais amené à retrousser les manches, ou si celle-ci glisse pendant que je lève les bras. Je poudre aussi mon cou, ainsi que mon visage.

Ma peau ne révèle plus aucune imperfection, lissée par les produits de cosmétiques.

Enfin prêtes à ressortir de cette pièce, qui me sépare à mon plus grand bonheur de mon partenaire, je me regarde une dernière fois dans le miroir, espérant avoir tout bien rendu invisible.

Mon reflet me désespère.

Il n’y a plus rien à voir. Plus d’étincelles dans les yeux. Plus de sourire sincère. Plus de rêve. Alors je m’en vais.


Le petit fauteuil du salon attend mon retour avec impatience. Je le vois à la polaire pliée par-dessus, sans aucune compagnie, si ce n’est que moi. Je ne me fais pas prier plus longtemps, attrape le livre posé sur la table basse et m’installe.

Quelques hématomes me sont douloureux, mais j’oublie leur présence et me plonge dans la lecture d’un roman de Colleen Hoover. Toujours un livre d’elle. Elle qui a écrit plusieurs bouquins où les personnages féminins subissent des violences, de la manipulation. Je me sens moins seule, dans cette vie que je n’ai pas choisie.


Du salon, je vois du coin de l’œil les premières lueurs du jour. Apportant un peu de chaleur dans cette maison froide, sans vie. Je serais tenté de m’endormir là. Mes paupières commencent déjà à se faire lourdes sous l’atmosphère pesante de l'habitation, mais aussi bien après la nuit que j’ai passée, sans dormir. Et ce n'était pas par choix. Ni à cause d’une vilaine insomnie. 

Mais la journée commence déjà, caractérisée par le bruit de son réveil qui sonne. 

Allez cocote, c’est parti !


Préparation d’un déjeuner que je n'apprécie pas plus que ça, pour éviter une quelconque tentation de me resservir. J’emmène le cartable de Nael près de la porte et dépose par-dessus son manteau et les chaussures qu’il portera pour la journée. Puis je vais dans la chambre de mon fils. Cette fois, il dort. La rentrée l'exténuait, alors impossible pour lui de se réveiller plus tôt pour s’amuser un peu. Je réveille donc mon petit garçon d’un tendre baiser et de quelques caresses qu’il accueille avec un grand sourire, entendant en fond sonore que la bête s’est elle aussi levée. Cette fois, il travaille, et je compte bien profiter de cette journée solitaire pour me libérer de son énervement constant. Chaque fois qu’il part, c’est un soulagement. Même si j’en viens toujours à angoisser qu’il revienne, encore plus après une mauvaise journée de travail.

Mais ce n’est qu’un détail. Un détail insignifiant parmi tant d'autres.

Comme ces marques sous mes vêtements et le fond de teint. Ce n’est qu’un détail, pensé-je en habillant mon trésor. 






*





Les jours s’écoulaient à une vitesse folle depuis la rentrée, et ma patience disparaissait.

Plus Nael grandit, de plus en plus témoin du vrai visage de son père, et plus le besoin de partir se développe au creux de ma poitrine. Devenant une nécessité, et pas juste un simple souhait.



Mais comment trouver le courage nécessaire de fuir ?


Comment réussir à le faire disparaître de nos vies ?



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