Fyctia

Elsa

C'est le jour du grand départ ! Je rejoue toute la préparation de ma valise dans ma tête pour m'assurer que je n'ai rien oublié. Je suis connue pour être la plus grande tête en l'air qu'il soit, alors il vaut mieux revérifier une bonne centaine de fois pour être sûre ! J'ai également préparé un sac à dos pour les affaires de Karhu ainsi que sa caisse de transport. Cependant, Mademoiselle se fait désirer, elle s'est planquée je ne sais où dans l'appartement et on doit partir dans une demi-heure ! Elle a bien choisi son jour pour se planquer ! Mais j'ai plus d'un tour dans mon sac, ou plutôt des tas de pots de miel ! Elle ne pourra pas y résister bien longtemps, la gourmandise prime toujours. Je sors donc mon meilleur miel de sapin, son favori, et le tape avec une cuillère. Au premier "cling", la voilà qui cours et dérape à toute vitesse, il ne faudrait pas en perdre une seule goutte. Tu es maligne, mais je le suis bien plus ma chère !

Cette fois elle n'échappera pas à sa caisse, et pour m'en assurer je glisse une petite coupelle, fixée aux barreaux à l'aide de solides ficelles, remplie dudit miel pour le voyage. Elle ne restera pleine certainement que trois secondes, mais il faut bien trouver un moyen pour l'appâter ! De la même façon, j'ai accroché un biberon d'eau et une seconde coupelle pour ses croquettes, elle ne doit manquer de rien. J'ai aussi glissé de l'herbe à chat et une petite peluche d'ours à la valériane pour la détendre. Je pose donc la caisse au sol en croisant les doigts pour qu'elle ne fuie pas. Ma féline y pénètre, résignée, et s'installe sur la chaude couverture. Je lui fais une dernière caresse et ferme la porte. Me voilà de nouveau a repenser l’entièreté de mes bagages une énième fois. J'en suis persuadée, je n'ai rien oublié, mais c'est plus fort que moi. Je fais le tour de mon appartement une dernière fois en vérifiant que tout est éteint, évitons d'incendier tout l'immeuble en mon absence, enfile mon manteau et jette un ultime regard avant de sortir et de fermer la porte à clé. À dans un mois !

Je descends très chaotiquement les escaliers, Karhu posée sur le haut de ma valise, et manque de dévaler les trois étages et de m'écraser au sol plus d'une fois. Arrivée en bas, j'ouvre ma boîte aux lettres pour récupérer les éventuels courriers du jour. Rien. Dans ce cas, direction l'arrêt de tram, heureusement que l'aéroport n'est pas très loin. Par malchance, il y a eu un accident sur ma ligne et il sera donc retardé. C'est bien ma journée... Deux possibilités : attendre ou prendre le bus en sachant que je ne sais aucunement lesquels vont à l'aéroport. Je regarde ma montre, je suis partie dix minutes plus tôt que prévu, tant pis j'attends le tram, c'est moins risqué. Karhu commence à miauler de toutes ses cordes vocales et rien n'arrive à la calmer, ni les papouilles à travers les petits trous de la cage, ni les friandises. Je désespère. Je m'assieds sur les bancs de l'arrêt quelques instants pour reprendre mes esprits.

...

Vingt minutes plus tard arrive enfin mon tram, il était temps ! Karhu miaule encore et encore, et ma tête est envahie de "est-ce que tu as pris ceci ? Tu n'as pas oublié cela ?", alors j'essaie de positiver en pensant au voyage fabuleux qui m'attend ! Le trajet se déroule sans encombre et je parviens malgré toutes mes mésaventures à déposer mes bagages et monter dans mon avion. Je m'écroule sur le siège et souffle un bon coup. J'ai eu la chance de trouver une compagnie me permettant de garder Karhu vers moi et elle en est ravie. Elle et moi nous nous endormons dans la seconde. Je suis déjà épuisée alors que l'avion n'a même pas décollé !

Mon réveil se fait avec la magnifique vue enneigée d'Helsinki. C'est magique ! Je n'ai jamais eu un tel sourire, même ma féline se met à ronronner de joie. Je peux déjà voir la magie de Noël et l'esprit des fêtes envahir les rues. Une fois l'atterrissage de l'avion achevé, je me hâte vers la sortie. Je récupère ma valise et balaie l'aéroport du regard à la recherche de mon hôte. Je l'aperçois au loin, l'air totalement perdu, parlant avec une hôtesse. Il doit me chercher. Je suis soudain prise d'une grosse boule au ventre. Je suis aussi surexcitée de le rencontrer que mortifiée de peur. N'importe qui vous le dira, je suis bien trop timide pour aborder qui que ce soit, alors je reste plantée là, en plein milieu de l'aéroport, à attendre qu'il me remarque et vienne me chercher. J'espère qu'il n'est pas pressé.